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Transports aériens

Publié le 29 juin 2009 par Didier Vincent
Y a un jeu de mots dans le titre (au cas où vous ne l'auriez pas remarqué (juste au cas...(moi je dis ça...)))



Le transport aérien est un lieu saint rempli de rituels forts. Une messe volante avec prêtres, iconographie, étiquette précise, énénements enchaînés selon un droit canon, vestales, Bible rangée à portée de main (manuels de survie et duty free), exorcisme des objets impies à la douane et j'en passe. Les officiants sont en uniforme, comme il se doit. Vous ne verrez jamais un pilote en jeans/tee shirt/tongs vous souhaitant la bienvenue d'un ton rigolard, un verre à la main (là, j'exagère vraiment) ni une hôtesse de l'air dégingandée, ébouriffée, la clope au bec (j'exagère ?). Une longue préparation du fidèle est exigée avant de pénétrer dans le nirvana cylindrique : deux bonnes heures de piétinements, de pénitence aéroportuaire. On doit se déchausser, exsuder tout objet impie, jurer fidélité, entrer nu comme un ver dans le tabernacle sacré. On y arrive donc en toute humilité, tendant sa petite invitation (si chère payée, si attendue aussi) aux officiants en uniforme. Une fois assis, l'office peut commencer fait de discours, d'abblutions, d'individualisme collectif (c'est soviétique aussi, cette cohabitation forcée dans un territoire restreint) ou de collectivisme individuel. Vous êtes ici vous-mêmes parce qu'on vous tolère, mais votre individualité de se réduire à votre physique, votre apparence, à vos besoins immédiats. C'est une-employons un oxymoron - messe communiste. Ici, vous êtes asservis. ici, vous partagez tout avec vos frères humains, si lointains d'habitude. Plus aucune barbarie n'est permise. La religion d'Icare. Puis, les rituels rassurants s'enchaînent : discours du stewart accompagné de gestes cabalistiques, voire christiques ; distribution de serviettes avec sourires étranges, affectés (c'est une secte ?) ; projection de films de propagande (séries B américaines pour bien anesthésier votre cerveau déjà quelque peu décérébré) ; turbulences apré-apocalyptiques, juste au moment où vous alliez voys délasser d'un sommaire café ; carte du paradis avec cette promesse du but si lointain à atteindre. Vous vivez, assez rapidement dans un bordel de corps exangues, de papiers épars, d'échos musicaux, de bribes. C'est l'enfer et on vous le fait bien comprendre. Bientôt le sentiment d'inconfort va primer sur tout le reste : envie irrépressible de pisser malgré votre encombrant voisin qui roupille comme un damné (!) ; égrenage interminable des secondes alors que vous voyez pour la millième fois un doc archi pontifiant sur les animaux sauvages... Tout est fait pour que votre séjour s'illumine de la promesse du paradis à atteindre : LA destination. Et vous applaudissez à l'atterrissage parce que ce fameux paradis, enfin vous l'avez atteint.

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