Magazine Blog

Des oreilles et des yeux

Par Frédéric Romano
Mon père : Ils m’emmerdent avec leur concours Reine Elisabeth !
Moi : Bah, qu’est-ce qu’ils t’ont fait ? T’as qu’à zapper…
Mon père : Allez, ça doit coûter un fric dingue et qui regarde ça ?!
Moi : Et ta formule 1, le dimanche, tu crois pas que ça coûte ?!

S’installer confortablement et écouter. Surtout pas s’endormir, ça ferait mauvais genre. Quelle heure est-il ? Vingt heures et cinq minutes… ça devrait commencer. Bon, j’ai pas l’habitude des concerts de musique classique, c’est pas pour ça que je peux pas apprécier. Soyons curieux. Mon Dieu, c’est dingue le nombre de vieux au mètre carré. En total contraste, les jeunes eux sont très jeunes, probablement tous des étudiants. On les reconnaît tout de suite les apprentis musiciens, ils ont un peu tous la même tête, c’est étrange. Vingt heures et dix minutes, m’enfin, ils avaient dit que ça commencerait à l’heure pile…

La grande salle du conservatoire est pas mal. J’explique à ma voisine que le gigantesque orgue au fonds me fout les boules, elle en rigole. Un coup d’œil sur le programme, elle craint que le temps ne passe pas vite. Elle m’explique qu’elle n’avait jamais remarqué qu’il y avait une cour intérieur au Conservatoire. Je lui dis que c’est la cour qui donne sur la Rue Royale mais elle n’est pas d’accord. Vingt heures et treize minutes, les musiciens entrent, c’est pas trop tôt. On accorde les instruments, il ne manque plus que le chef d’orchestre. Il ne tarde pas, il entre en scène et hop, c’est parti.

Ce qui est pratique dans un concert de musique classique, c’est que les lumières restent allumées, ça permet d’observer les gens, c’est amusant. La vieille dame à ma gauche semble agitée. Je lève les yeux. Le plafond est vachement classe mais ils pourraient juste un peu nettoyer la verrière. J’aime bien les petites loges VIP de part et d’autre, avec ces rideaux pourpres. Visiblement elles étaient accessibles à tout le monde. C’est dommage, il semble avoir plus de jeunes aux balcons. Ce premier morceau est assez chiant. Ma voisine de gauche est de plus en plus agitée, elle bouge sa tête en rythme avec la musique. J’aime vraiment pas les costumes poussiéreux des gens des premiers rangs. Ca doit être psychologique mais j’ai l’impression qu’ils sentent le vinaigre. Le jeune garçon au balcon, en-haut à droite est pas mal du tout. Ma voisine rigole parce qu’un type avec une drôle de coupe vient de passer. Juste avant le concert, je lui avais dit qu’il ressemblait à Polux dans le Manège Enchanté. Ca avait été notre premier fou rire de la soirée. Trente minutes tout de même cette première prestation. La musique se termine. Ha merde, ma voisine de gauche continue à remuer la tête… parkinson ?!

On apporte un piano pour l’œuvre de Beethoven qui suit. Trente minutes elle aussi, mais le temps passe plus vite. C’est un triomphe. Il faut dire que le pianiste fut l’un des finalistes d’un coucour Reine Elisabeth, ça aide. Je continue à scruter la salle. Les joueurs de violoncelles m’impressionent toujours. Ces instruments sous tellement gigantesques et les hommes et femmes qui en jouent tellement petits. J’admire la calme et la sérénité du percussionniste. À sa place, ça ferait longtemps que je me serais déchaîné sur ces gros tambours. Le type du balcon à droite est décidément vraiment bien. Dommage qu’il parte à l’entre acte. Ma voisine me propose aussi de quitter le concert. Comme on se doute que partir à ce moment nous incitera à aller s’enfiler une pitta chez Plaka, on décide de rester sagement assis.

La deuxième partie passe plus vite. Le dernier morceau intitulé “Le boeuf sur le toit” est à mourir de rire. Le percussionniste frotte deux espèces d’éponges l’une contre les autres à chaque fois que le thème est joué, c’est super drôle. Son “assistant”, qui jure un peu avec sa chemise bleu marine au milieu de tous ces costumes noirs en cols blancs est tout aussi drôle. Quelle concentration pour frapper la gigantesque caisse de son gros bâton molletonné. Il l’aura fait deux fois durant le morceau. Le reste du temps, il avait plutôt l’air de se faire chier.

Après deux heures de musique, on clôture la prestation. Salutations, applaudissements, re-salutations, re-applaudissements. On se lève. J’avais raison, la cours intérieure était bien celle qui donnait sur la Rue Royale. Avec ce monde, ça va pas être simple de chopper un verre de champagne. Mais on va se battre, on en a besoin. C’était un concert plaisant. Une chouette soirée s’annonce…


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Frédéric Romano 2 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Dossiers Paperblog

Magazines