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La chaise musicale

Publié le 29 juin 2009 par Jclauded
Encore une fois, les Montréalais sont témoins des tergiversations des candidats pour la prochaine élection de Montréal.
Un député bloquiste-séparatiste au gouvernement fédéral, du nom de Ménard, talonne depuis des mois le maire de Montréal pour devenir candidat de son parti Union Montréal, dans l’est de Montréal, au poste de maire d’un arrondissement et aussi de membre du prochain conseil municipal de Montréal.
Mais, voilà que soudainement est apparue une nouvelle chef et candidate à la mairie pour le parti de l’opposition, Vision Montréal. C’est l’ex-ministre souverainiste Louise Harel. Les sondages montrent que sa candidature a généré du vent dans les voiles du parti et le place maintenant favori pour gagner la prochaine élection. Oh ! la tournure des évènements embête Ménard ! Il veut bien quitter son siège rémunérateur à Ottawa qui lui assure une belle pension, mais il veut le remplacer par un autre poste payant où s’ajoutera une nouvelle pension. Et comme Mme Harel est très populaire dans son patelin de l’est de Montréal, Ménard lui a proposé ses services, nonobstant qu’il ait donné sa parole au maire.

Si c’était un cas unique, je n’écrirais pas cette chronique. Mais c’est la règle au niveau municipal. D’année en année, nous avons vu des dizaines de conseillers élus changer de camp durant leur mandat et, encore plus, d’éventuels candidats sauter au parti adverse juste avant les élections.
Parmi ces innombrables exemples de vire-capots, je ne veux en citer que deux qui démontrent bien cette situation bizarre. Ce n’est pas pour critiquer que je souligne ces faits, mais simplement pour constater!
Le premier exemple est celui de Sammy Forcillo, que j’apprécie beaucoup comme individu. Il est membre de l’exécutif et conseiller municipal de Montréal depuis plus de 30 ans. Il l’a été élu pour le Parti Civique de Montréal puis pour le parti Vision Montréal et maintenant pour Union Montréal. Au moment propice, il a changé de parti.
L’autre exemple est récent. C’est celui de la vice-présidente du parti Vision Montréal qui a invoqué une question de principe pour changer de parti et joindre Union Montréal. Elle dit être fédéraliste et affirme que ses préoccupations politiques nationales ne sont pas conciliables avec celles de Mme Harel qui a toujours été une fervente séparatiste. De plus, l’ex-vice-présidente souligne que cette dernière est devenue chef du parti simplement par le bon vouloir du chef sortant, Benoît Labonté, sans la consultation préalable des membres de l’exécutif du parti. Tout cela est la réalité, mais dans le fond, la vraie raison de ce positionnement nouveau est que cette personne a peu de chance d’être élue dans son arrondissement de l’Ouest de Montréal, puisqu’il est composé de citoyens de nationalités différentes et généralement fédéralistes. Au lieu de demeurer loyale à son parti et d’y travailler pour s’assurer qu’il puisse regrouper des gens de toutes allégeances et être neutre dans le débat national, l’ex-vice-présidente quitte le bateau afin d’améliorer ses chances d’être élue au conseil municipal de Montréal.
Le problème, c’est que les partis municipaux ne sont pas de vrais partis politiques. Ils sont plutôt des endroits de regroupement d’individus qui, certes, aiment Montréal mais qui font de la politique municipale pour des raisons qui n’ont rien à voir avec l’intérêt supérieur de leurs concitoyens ou l’avancement de la ville. Les débats politiques de fond sont rares à l’interne de ces partis. Peu ou pas d’idées d’envergure sont étudiées ou débattues par les membres en rapport avec la planification à long terme de l'organisation ou de l'aménagement des quartiers et des développements économique, culturel ou social, à long terme, de la ville. Le programme politique est élaboré par le candidat à la mairie et dépend de la conjoncture politique au moment de l’élection. En somme, le citoyen moyen n’est pas incité à participer.
Le seul parti, depuis l’ère Drapeau, qui a fait cet exercice démocratique important fut le Rassemblement des Citoyens de Montréal (RCM) qui présenta Jean Doré à la Mairie en 1986. Durant de nombreuses années, le recrutement fut intense et dépassa même les 25,000 membres. Encore plus important, le parti organisa de très nombreuses assises politiques, dans chaque coin de la ville où furent discutées, en long et en large, l’évolution de la ville future et les politiques nécessaires pour atteindre les objectifs énoncés. Les candidats à l’élection municipale furent choisis démocratiquement par les nombreux membres du parti de chaque district. Jean Doré fut élu maire de Montréal et le parti rafla la presque totalité des sièges. Le malheur, c’est que les élus du RCM, une fois au pouvoir, oublièrent l’importance du parti. Le « membership » de ce dernier diminua rapidement et regroupait moins de 5,000 membres à l’élection qui suivit. Encore une fois, des individus avaient utilisé un parti pour se faire élire. Malheureusement, ce parti qui était l’exemple parfait de ce que devait être un parti municipal à Montréal a disparu dans les années qui ont suivi. Depuis, d’ex-élus du RCM sont des devenus des élus actifs d’Union Montréal parce qu’ils ont jugé, il y a quelques années, que la seule façon pour eux d’être réélus était de virer capot et de s’y joindre.
Tout cela n’est pas très édifiant, mais malheureusement c’est comme cela à Montréal.
On se demande pourquoi les Montréalais et les Montréalaises sont si peu intéressés aux élections municipales ? Je crois que la vraie raison c’est qu’ils jugent que leurs candidats sont fades, sans odeur ni couleur; qu’ils ne sont pas des gens engagés, ni convaincus d’une cause, ni renseignés, ni capables d’apporter l’injection nécessaire pour dynamiser la ville. Les électeurs ressentent que ce n’est que le « Me, Myself and I » qui motivent à servir plusieurs de ces candidats.
Tant que le jeu de la chaise musicale continuera… rien ne changera vraiment !
Claude Dupras

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