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Retraites, vous avez dit Retraites?

Publié le 01 juillet 2009 par Rhubarbare

 Ce billet est une réponse au billet de Thomas Petit sur la retraite à 55 ans , réponse trop longue pour en faire un commentaire. http://www.mediapart.fr/club/blog/thomas-petit/010709/pour-une-retraite-55-ans-suite

Je postule que la retraite à 55 ans n’est que la transposition du chômage en retraite, basée sur l'illusion que taxer les riches suffira pour en compenser le coût. Aujourd'hui, l'impôt sur le revenu correspond à peu près à 20% des recettes de l'Etat, et part à 100% dans le remboursement des intérêts de la dette actuelle. Admettons que la remise à plat du système de calcul de l'impôt sur le revenu puisse, à activité égale, relever d'une dizaine de milliards d'euros (soit 20% du total de l'impôt sur le revenu actuel, ce qui n'est pas mal, et dans la situation économique actuelle hautement optimiste!): ca suffirait juste à compenser le surplus d'intérêt de dettes générées depuis un an.

Admettons ensuite que la fermeture de toutes les niches fiscales (genre TVA réduite sur les travaux, plus-values exonérées, etc...) puisse potentiellement générer une autre dizaine de milliards, mais dans ce cas-ci il faut prendre en compte l'effet sur l'activité, qui sera négatif car il y aura moins d'activité donc une plus faible base taxable. 10 MdE, ça correspond au déficit annuel du régime des retraites. Du régime actuel, et pas d'un régime de retraite à 55 ans qui creuserait encore ce déficit.

Certes, une partie des coûts de chômage (5 MdE en 2008 mais en pleine progression) serait éliminée du fait des départs à la retraite, mais si les quelques 200 000 (pas trouvé de chiffre précis) actifs de 55 ans et plus (410 000 étant déjà au chômage longue durée, non répertoriés statistiquement car sans obligation de recherche d’emploi) partaient soudainement à la retraite, le déficit en prendrait un double coup : pertes des revenus fiscaux liés à leur activité, et augmentation des dépenses.

Et la situation ne va aller qu'en empirant, vu la progression de la part des seniors dans la population d'ici à 2050. A moins d’un boum mondial avec des croissances de plus de 3% annuelles sur les 20 prochaines années, il n'y a pas de solution uniquement budgétaire. Je pense que le pouvoir le sait, mais il n’a pas d’autre piste. Si on reste dans le système actuel la seule solution est de liquider les vieux. Je rigole, mais si la situation en arrivait à un degré de pourrissement suffisant, avec une jeunesse imposée à 90% pour subvenir aux besoins d'une vaste population vieillissante et improductive, je ne suis pas près à parier que cela se passera bien.

Alors que faire ? J’en reviens à mes chevaux de bataille habituels ;

-   Repenser fondamentalement l’idée de développement, j’ai déjà précisé ma propre pensée là-dessus avec mes billets sur les conditions du développement durable (http://www.mediapart.fr/club/blog/vincent-verschoore/080509/quelles-fondations-pour-le-developpement-durable) et la monnaie.

-   Accepter que le plaisir de vieillir n’a pas pour corollaire l’esclavagisme des jeunes, que l’activité des seniors n’a pas à s’arrêter de manière arbitraire mais doit se fondre dans une chaîne de valeur seulement partiellement monétaire.

« Mourir cela n'est rien
Mourir la belle affaire
Mais vieillir... ô vieillir! »

Jacques Brel - Vieillir

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