Albert Asseraf, parie sur une ville 2.0 où le citoyen-consommateur sera sans cesse connecté avec son environnement urbain. De premières expériences interactives ont déjà été menées à Paris. Mais la communication, pour rester efficace, devra toujours être proposée et pas imposée.
Comment imaginez-vous la ville 2.0, où tous les citoyens seront hyperconnectés entre eux et avec leur environnement ?
Toutes
les études menées par des sociologues et des urbanistes montrent que
les nouvelles technologies vont massivement irriguer la ville de
demain. Après la connexion des lieux urbains, nous allons passer à une
connexion des individus, notamment via l'utilisation des smartphones,
qui permettent d'être connecté en permanence. Mais attention, il faudra
que ces nouvelles technologies respectent la confidentialité et
l'anonymat des citoyens. Le citoyen-consommateur devra avoir le choix
de son statut, connecté ou non. Sinon, le risque de le saturer
d'informations et de le rendre hermétique à tout message est grand.
Quelles expériences d'interactivité ville-citoyen avez-vous déjà menées chez JC Decaux ?
Nous
avons très récemment équipés les 19 abribus du quartier numérique de
Paris (2è arrondissement) de flash codes, qui permettent d'accéder à du
contenu culturel, historique, pratique. Le principe : on prend en photo
avec son mobile un code 2D placé sur l'abribus. Ensuite, si vous êtes
devant l'Opéra Garnier, par exemple, vous recevez sur votre mobile des
informations sur ce monument, quelques anecdotes historiques liées au
quartier mais aussi les expositions que vous pouvez voir à proximité,
votre itinéraire bus-métro... Dans quelques semaines, nous allons
tester dans ce même quartier, sous d'autres abribus, l'installation
d'écrans digitaux 42 pouces. Ils donneront là aussi accès à des
contenus de proximité. Ce sont ces services d'aide à la mobilité
qu'attend avant tout l'utilisateur.
Cette interactivité en multicanal peut-elle aussi être utilisée au service des annonceurs ?
Bien-entendu,
et nous l'avons déjà testée. Avec Dior, nous avons proposé une campagne
où il suffisait de composer un numéro apposé sur l'affiche
publicitaire. On recevait alors sur son mobile des conseils de
maquillage en fonction de son profil. Lancôme a aussi mené une
opération interactive sur les Champs-élysées : en vous connectant via
bluetooth au mobilier urbain, vous receviez un SMS vous invitant à vous
présenter chez Sephora pour retirer un mini-parfum offert par Lancôme.
Pour la promotion du film La Cliente, nous proposions de composer un
numéro devant la colonne Morris pour recevoir une bande-annonce du film
et une interview exclusive de Nathalie Baye. Des expériences de marque
en multicanal qui ont bien fonctionnées, mais toujours parce que la
connexion n'est pas imposée, mais proposée, puis acceptée.
Les expériences surfant sur
l'hyperconnexion vont forcément se développer... Comment les marques
pourront-elles alors se démarquer ?
En proposant
des contenus légitimes, qui aient un sens. Il ne s'agit pas d'entrer en
communication avec le consommateur pour le bombarder d'infos dont il
n'a pas besoin. Les marques doivent s'appuyer sur du contenu pertinent,
comme l'a fait Dior avec ses conseils maquillages ciblés selon la
personne. Le web a changé la donne, en créant une relation permanente
et presque immédiate entre le consommateur et le client. Ce dialogue
avec la marque va être essentiel dans le futur du marketing relationnel
urbain et interactif.