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Sarkozy a encore changé, sans blague ?

Publié le 02 juillet 2009 par Juan
Sarkozy a encore changé, sans blague ?Le président français se livre à un bel exercice de communication-confession dans les colonnes du Nouvel Observateur publié jeudi 2 juillet. Dirigé depuis deux ans par le "sarkozyste de gauche" Denis Olivennes, l'hebdomadaire joue l'ouverture et sert la nouvelle stratégie présidentielle: celle qui cherche à reconstruire la popularité défaillante du Monarque "Bling Bling". Et devinez quoi ? Sarkozy a encore changé !


"J'ai commis des erreurs"
L'exercice nous rappelle un certain jour de janvier 2007. Nicolas Sarkozy adoubé par les militants UMP pour sa candidature à la Présidence de la République, avait livré un discours sur le thème du changement: "J'ai changé". La France et les médias découvraient incrédule un Sarkozy faussement calme. Cette fois-ci, Nicolas Sarkoy exprime ses regrets, pour tous ses coups de colère publics ... contre des journalistes (contre Laurent Joffrin lors de la conférence de presse du 8  janvier 2008; contre le journaliste de l'AFP en juin dernier au sujet de l'affaire Karachi). Nicolas Sarkozy regrette ses emportements, tout comme ses excès Bling Bling ("Ces critiques avaient commencé bien avant le Fouquet’s. Cela correspondait à une époque de ma vie personnelle qui n’était pas facile et où j’avais à me battre sur plusieurs fronts"), comme sa soirée au Fouquet's ("Je n’avais pas attaché à cette soirée une importance considérable") qu'il compare à la première conférence de presse du Général de Gaulle une fois revenu au pouvoir en 1958 à l'hôtel La Pérouse. Un curieux parallèle entre l'homme du 18 juin 1940 qui convie la presse et une soirée entre amis patrons et hommes d'affaires un soir de l'élection ! Autre "regret", certains délits d'outrages, comme la condamnation du témoin d'une arrestation qui s'était moqué des policiers en déclarant "Sarkozy je te vois". Le président se dédouane ("Je suis désolé de cette affaire que j’ai apprise par la presse. C’est ridicule. J’en ai été choqué. Je n’ai porté plainte en aucune manière. Je ne comprends pas pourquoi cet homme a été poursuivi devant un tribunal de police. D’autres choses ont pu me blesser – et je n’ai pas réagi pour autant.").
Ce sont donc les seules erreurs qu'il s'accorde à reconnaître. Interrogé sur ses propos à l'égard de Stéphane Guillon, le Monarque dérape, comparant l'humoriste à ... Jean-Marie Le Pen ! Finalement, il n'avait pas tellement changé que cela, n'est-ce pas ?

N. O. – Lorsque vous vous attaquez à un humoriste comme Stéphane Guillon sur France-Inter parce qu’il prend pour cible DSK, Martine Aubry ou vous-même d’ailleurs, vous sortez de votre rôle.


N. Sarkozy. – Je ne m’attaque à personne même si je considère que traiter sur le service public Mme Aubry de "pot à tabac" n’est pas respectueux de la dignité des personnes.


N. O. – Mais c’est un humoriste qui dit cela.


N. Sarkozy. – Si M. Le Pen disait cela, je suis sûr que vous le dénonceriez.
Pour finir, le président français conclut tout en modestie et détermination: "Je ne me regarde pas agir. J’agis. Je ne suis pas narcissique, je ne vais pas commenter ma propre action. C’est vous qui direz, librement, de manière critique, ce qu’il y a lieu d’en penser. J’ai un travail à faire. C’est mon devoir. J’ai pour moi-même et ceux qui travaillent à mes côtés une immense exigence, autour d’une obsession: moderniser notre pays. Faire en sorte que la France sorte plus grande et plus forte de la crise qu’elle n’y est entrée. Et je veux aussi que, quand je partirai, nous ne laissions rien à nos successeurs que nous n’aurions pu accomplir nous-mêmes."
"Polir son image"
Avec cette interview exclusive, le Nouvel Obs sert la stratégie présidentielle du moment : Franck Louvrier, le conseiller en colmmunication du Monarque, travaille à polir l'image de son chef. A l'issue du Congrès de Versailles, quelques dirigeants d'entreprise et patrons de presse ont reçu un petit fascicule en papier glacé reprenant le "Discours du Président de la République" au Congrès de Versailles le 22 juin dernier; la semaine dernière, l'Express avait fait sa couverture sur "la métamorphose du président Sarkozy". On pouvait y lire, comme en janvier 2007, que le Monarque "s'efforce de gommer certains aspects de sa personalité", qu'il "découvre des horizons culturels inattendus." Suivrait-il la voie de Jacques Chirac, féru d'Asie et des arts premiers ? L'Express n'hésite pas écrire: "La culture est un registre qui permet à un président de s'inscrire dans l'Histoire. Nicolas Sarkozy l'a compris." Tout un programme !
La stratégie est claire : Sarkozy veut être populaire, à l'approche de nouvelles secousses sociales et d'une crise dont la sortie n'est pas prévue avant 2010. La nouvelle séquence électorale a un horizon  :les élections réginales du printemps prochain. Sarkozy veut prendre de la hauteur, s'affiche plus discret, plus rare dans les médias, plus convivial sur Facebook. Echaudé par les couacs gouvernementaux de la précédente équipe Fillon, il hésite à se confier ("On se voit à sept-huit ministres et, le lendemain, tout se retrouve dans la presse. Non merci !"). Sarkozy veut s'afficher zen, solitaire et modeste. Au fait, il vient de se faire (enfin) livrer l'un de ses deux Falcons 7X  gouvernementaux, entièrement réaménagés (coût 50 millions d'euros pièce). On attend encore son Airbus.
Dans une dizaine de jours, France 5 diffusera un portrait à la gloire du Monarque: le 13 juillet, un épisode spécial de la série "A visage découvert", dirigée par Christian Malar.
Certains médias accueillent, avec peu de recul, cette nouvelle communication offensive.
Mais la plupart s'en fichent.
Les vacances débutent.&alt;=rss

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