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Peindre au noir / Russell James

Par Bibliomanu
Peindre au noir / Russell JamesSuite au décès de l'un de ses plus proches amis, Sidonie Keene, 85 ans, une femme au panache avéré et à la personnalité bien trempée, se fait un devoir de se rendre aux funérailles. C'est l'occasion rêvée pour Hugo Gottfliesh, un marchand d'art sans scrupules. Il envoie l'un de ses sbires , Ticky, fouiller la maison de la la vieille femme afin de confirmer ses soupçons. Il est en effet persuadé que Sidonie possède encore des tableaux de sa défunte sœur, Naomie Keene, dont l'apparition régulière de toiles sur le marché n'a eu de cesse de faire grimper sa cote. Cette intrusion marquera le début des confessions de la vieille femme, de ce que fut sa vie mondaine dand les années trente en Angleterre et de ses voyages fréquents en Allemagne.
Une nouvelle fois, le Mal incarné par le régime nazi s'invite dans le polar. Du déjà vu apparemment, d'autant qu'il est ici question d'art et de ténébreux secrets que d'aucuns auraient tout intérêt à laisser enfouis. Seulement Russell James aborde sa plongée dans l'Histoire d'une manière tout à fait surprenante, voire dérangeante au premier abord. Il apporte un éclairage nouveau sur certains aspects historiques de l'entre-deux guerres, méconnus, en ce qui me concernait : l'adhésion aux thèses fascistes par toute une partie d'européens encore ébranlés par les ravages de la crise de 29, et admiratifs en quelque sorte de la renaissance de l'Allemagne dans un contexte encore plus ardu.
En donnant la parole à une vieille femme partageant les thèses fascistes, Russell James cherche à ébranler le lecteur (cela fonctionne à merveille) mais en dehors de toute adhésion à l'ensemble des propos de Sidonie, il tend à montrer que le Mal n'était en aucun cas perpétré ni partagé par des monstres, des êtres assoiffés de sang et de revanche coûte que coûte, mais bel et bien par des êtres humains ancrés dans une époque bouleversée, ce qui lui a conféré un poids d'autant plus redoutable.
Néanmoins, c'est à travers ces focus récurrents et cette mise en garde implicite - personne n'est à l'abri - que l'histoire a sombré en cours de route. Elle n'est plus parvenue ensuite à se remettre à flot, pas même avec ses personnages pourtant délicieux et une fin trop vite prévisible.
"Il nous offre un roman noir d'une exceptionnelle tenue, un portrait dense et documenté de la figure du Mal dans toutes ses ambiguïtés.", mentionne la quatrième de couverture. "Documenté". C'est exactement cela. A un point tel que j'ai vraiment eu l'impression que partie documentée et partie fictionnelle ont évolué en parrallèle sans jamais parvenir à se confondre tout à fait, ne permettant pas à ce polar d'accéder au rang de "roman noir exceptionnel".
Intéressant et instructif, certes, mais souvent redondant, Peindre au noir, ne sera jamais parvenu à faire baisser mon désintérêt grandissant.
Peindre au noir, Russell James, traduit de l'anglais par Corinne Julve, Fayard (Fayard noir), 458 p.

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