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Expatriation: Comprendre pour Aimer ! (Ep. 7)

Publié le 02 juillet 2009 par Caryl
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Merci pour vos témoignages d’amitié et d’encouragement, ils pénètrent dans le silence de mon cœur…Je crois que c’est de l’ampleur du désastre que naissent les solutions.


C’est ce que je me suis dit en allant voir le Caïd munie de photos des parties communes. Il me demande si le squatteur vit dans une pièce fermée sous l’escalier, ayant répondu par l’affirmative (Le gars s’est bricolé un truc avec un cadenas) il me dit que l’on n’a pas le droit de forcer la dite porte.
 Cela peut durer des années…c’est amoral mais c’est comme ça…


Mais j’ai décidé de faire péter en plein vol cette organisation maffieuse dans mon immeuble qui a dépassé les limites de l’inacceptable.


Je lui demande alors l’autorisation d’installer une Société de surveillance assermentée et en tenue 24 h sur 24, à mes frais, pour filtrer tout ce qui rentre et tout ce qui sort de cet immeuble. 
Il faut remettre de l’ordre, de la loi et de l’autorité de manière visible. 
Tout le monde sait que ces bars peuvent continuer à emmerder le voisinage, fermer à point d’heure, avoir des sonos qui gueulent à tue tête, et étouffer les bagarres et les rixes que parce que leurs gérants bénéficient de protection.

Ok, j’ai compris, il me faut ma propre police. J’imagine que j’ai un loyer de 4000dh à payer pendant 3 mois pour décourager tous ces malfrats, c’est ce que va me coûter la dite société…
Le Caïd est d’accord. Ouf, merci Monsieur le Caïd…
Les agents auront pour mission de noter scrupuleusement toutes les allées et venues de l’immeuble! La prostitution étant interdite, la nuit, ne pourront pénétrer dans l’immeuble qui sera fermé et gardé que les habitants. (2 appartements dont le mien sur une vingtaine partagée entre bureaux, appartements vides et appartements dédiés à la prostitution).


Tête du squatteur, il n’en revient pas du coup de force.


Impossible d’exercer son commerce lucratif alors que jusqu’à présent il était le maître incontesté de la rue la nuit. Dés 19 h, il était sollicité au portable comme un ministre par non seulement le bar à côté, mais tous les bars du Guéliz (hélas Dieu sait que ce quartier n’en manque pas), et aussi les Casablancais en dégagement, ils se refilaient tous le N° de H…pour se débrouiller une piaule où s’ébattre avec une fille si nécessaire…

Mon immeuble était célèbre et je ne le savais pas !

De plus, la présence des agents l’oblige à rester de longues heures dans cet antre pourri de 1m sur 2 sans eau ni toilettes…
La semaine se passe dans un calme incroyable. Tout l’immeuble respire. Le compte rendu des agents de sécurité traduit les tentatives heure par heure, de jour comme de nuit, de pénétrer dans l’immeuble de tout un monde interlope et patibulaire… Personne ne passe… Si, un couple se présente, il lui est demandé de produire son certificat de mariage.

On rappelle le règlement de Copropriété qui indique n’accepter dans la résidence que des personnes de bonne vie et mœurs…
L’air dans l’escalier, les murs eux mêmes semblent oxygénés…
Plus de mégots de cigarettes à terre.
 Sachez que dans un immeuble, si vous trouvez des mégots, c’est que ce sont des visiteurs étrangers et qu’ils sont mal intentionnés !


Le squatteur tient toujours. De brun foncé, car il marinait dans l’alcool, il est devenu jaune citron. 
Ma manœuvre lui a filé la jaunisse et les quantités d’alcool au bar, aussi… Malade, il quitte son antre et c’est sa femme, une énorme mégère qui va venir s’installer là, suant et soufflant, de peur que leur honteux commerce leur échappe…
Il revient 10 jours plus tard…
Toute la rue suit l’actualité de ce bras de fer contre ce juteux trafic qui durait depuis des années dans l’indifférence générale. Le squatteur a juré haut et fort qu’il ne partirait jamais d’ici.

Passé le premier mois, il se dit que je ne vais pas tenir financièrement un mois de plus…
 Qui est assez bête dans ce pays pour balancer 4000 dhs pour l’intérêt général? Pour des parties communes dont tout le monde se fout ?
 Mais je tiens, comme je l’ai dit, tout dépend, pour dépenser son argent, du point de vue que l’on adopte. Moi je me mentalise pour penser que je paie un loyer, (bien que copropriétaire)…

C’est le prix à payer pour que la vertu triomphe du vice…


Le squatteur va tenir un mois de plus. 
Les videurs du bar à prostituées, qui ne peuvent plus exercer leur trafic, menacent alors les agents de sécurité.
 Ma réponse est immédiate : dépôt d’une main courante, rendez vous avec le préfet de police, copie au procureur !


Désormais plus personne, je dis bien plus personne, n’essaiera d’intimider quiconque sans qu’il soit immédiatement dénoncé.
 Dans la foulée, plainte est déposée contre le copropriétaire qui donnait ses clefs au squatteur pour faire tourner ses appartements et qui, pour me compliquer la tâche et forcer le barrage, les a donné aux videurs du bar. Ceux-ci font monter leurs clients saouls chez lui pour continuer à boire après les horaires de fermeture. Mais cette fois ci sans les filles, c’est déjà moins rigolo…
Les agents notent tout !

A quoi ressemble un copropriétaire avec si peu de morale et qui n’a comme ligne de mire que la rentabilité ? A un jeune MRE plein de suffisance, retors et malin…
Ce type sait cependant maintenant, malgré son fric et ses appuis, qu’il joue un jeu dangereux.

Il a compris que personne au monde ne m’intimiderait.

Ce qui me donne cette force, c’est la sérénité douce, malgré sa crasse et son délabrement, qui recommence à s’installer dans l’immeuble.
 Je paie une bonne qui nettoie la cage d’escalier. Courageuse et dure, elle va décrasser pour des sommes modiques, peu à peu le sol immonde à la Javelle.
 Ah Fatéma, derrière ton courage, tu ne peux mesurer combien chaque progrès me fait chaud au cœur.
 Je vais te faire beaucoup de bien, Fatéma, la vertu doit avoir un bon salaire!

Deux copropriétaires étrangers reviennent, qui constatant ce changement incroyable, me proposent le 3éme mois de m’aider à supporter les frais de Sécurité. Je ne suis plus seule…


Au bout de 35 jours, Hourra!

Le squatteur parfaitement dégouté se tire définitivement. 
Il emporte ses hardes mais aussi en représailles, la clef du cadenas de son local. Je cherche à faire désinfecter l’endroit mais l’on me dit que la loi m’interdit de l’ouvrir, ce dernier pourrait revendiquer d’y avoir caché un trésor…


Ce réduit est le symbole de tout ce qui a été pourri dans le passé dans l’histoire de l’immeuble ! Et les victoires se doivent d’être éclatantes…de toutes façons, toute la rue, du gardien de voiture au pizzaiolo, suit l’histoire du cadenas… Je ne me laisse pas démonter, je prends 5 témoins et nous forçons cette maudite porte, nous jetons un matelas pouilleux et appelons une société pour nous débarrasser des milliers de cafards qui pullulent…

J’ai gagné la première manche! Une victoire éclatante.

Pour remercier le ciel, je fais préparer un grand couscous qui sera distribué aux pauvres de la Mosquée le Vendredi.


Ce grand corps malade qu’est mon immeuble est à nouveau oxygéné.


Demain, il faudra lui panser les plaies avant de l’embellir…
 Mais demain est un autre jour et sous votre lecture bienveillante, je vous raconterai la suite…


A tous, humaine tendresse.


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