Ca ne change pas un homme, ça vieillit. C’est Nicolas Sarkozy qui le dit. Le président assure et assure être devenu “avec l’âge plus tolérant, plus ouvert et plus serein”. Par le biais d’une campagne de com soigneusement préparée, l’Elysée s’efforce de faire croire que la vilaine chrysalide s’est transformée en joli papillon.
“J’ai commis des erreurs. Est-ce que tout ce qui m’est reproché l’est injustement ? Non. Il faut un temps (…) pour se hisser à la hauteur d’une charge qui est, croyez-moi, proprement inhumaine” affirme Nicolas Sarkozy dans un Nouvel Obs trop heureux d’enterrer la hache de guerre avec le Président.
Deux ans après son élection Nicolas Sarkozy aurait été touché par la grâce élyséenne, transformé par la fonction. Une révolution culturelle. Une métarmophose permise par la bonne fée Carla qui aurait ainsi transformé le vilain crapaud en prince charmant.
Il y a pourtant belle lurette que les Français ne croient plus aux contes de fées. Nicolas Sarkozy est avant tout un pragmatique qui a l’issue du scrutin des européennes a pleinement mesuré les limites d’un exécutif partisan qui confond meeting présidentiel et meeting de l’UMP. Contraint d’élargir sa base électorale ou de sombrer, il a choisi la première option. Un simple ravalement de façade, un quasi-changement d’enseigne mais, le fonds de commerce reste le même.
Nicolas Sarkozy admet des erreurs dans son style présidentiel, et promet de jeter le “bling bling” aux orties. Dans le même temps, le chef de l’UMP rassure ses troupes. Pas de changement de cap . Pas question de revenir sur le bouclier fiscal, de revenir sur les réformes. Ces dernières seront menées à leur terme mais, “en cherchant une adhésion large, en développant la discussion”.
“J’écoute , j’apprends, peut-être même je progresse” avance le président. Dommage que les premiers travaux pratiques démontrent le contraire. Les syndicats venus lui demander de nouvelles mesures d’urgence, en particulier pour l’emploi se sont déclarés à la sortie déçus . “On n’a pas l’impression d’être mieux compris, entendus sur la gravité de la situation”, a déploré le secrétaire général de la CGT, Bernard Thibault. François Chérèque (CFDT), moins sentimental, s’est contenté de regretter l’absence “d’avancées nouvelles”.
Fils spirituel monstrueux de François Mitterrand et de Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy comme un buvard, s’est imprégné du côté Machiavel du premier et de la mauvaise foi du second. “Je ne pourrai plus nommer aujourd’hui, comme l’avait fait François Mitterrand, mon directeur de cabinet à la tête d’EDF. C’est la fin du fait du prince“, assure celui qui il ya quelques mois nommait le secrétaire général adjoint de l’Elysée (François Pérol) à la tête de l’ensemble Caisse d’Epargne-Banque populaire. Après tout, comme disait Jacques Chirac, les promesses n’engagent que ceux qui les reçoivent.
Selon un dernier sondage BVA la côte de popularité de Nicolas Sarkozy serait remontée de deux points en juin. Une légère embellie pour un président majoritairement impopulaire (51% de mauvaises opinions contre 45% de bonnes). Tel un flirt d’été le pouvoir de séduction du locataire de l’Elysée risque de ne pas durer plus d’un été.