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Banderille n°310 : Sanaa porte quoi…

Publié le 02 juillet 2009 par Toreador

Yemen rencont’ qu’l'avion est plou très france

Pauvre i-télé. Il se trouve que c’est ma chaîne d’information préférée et donc c’est sur elle que tombent la plupart de mes banderilles médiatiques. Aujourd’hui, c’est un reportage diffusé au journal du matin et du soir qui est en cause. Un « envoyé spécial » a emprunté un vol de Yemena Airways et décrit, puis montré, les « preuves » du mauvais entretien de l’avion.

Suspense et galipettes.

Le matin, sans les images, on a eu droit au reportage oral du journaliste casse-cou qui n’a pas hésité à prendre la ligne Yemen-Comorres (au péril de sa vie !) et qui, ô surprise, a découvert qu’un A310 qui décolle d’un aéroport de pays en voie de développement (PIB per capita : 653 dollars/an) n’est pas aussi contrôlé qu’un avion de la British Airways. Incroyable non ? Les pauvres n’ont pas d’argent et ils sont vraiment très très très pauvres. I-télé découvre le monde.

Zorro et Don Quichotte, prenez Aeroflot, et on en reparle. Je vais même faire « en live » une prédiction : un jour, un avion russe s’écrasera. Si, si !

Le soir, les images – insoutenables – sont livrées en pâture au téléspectateur : un fil mal isolé, un accoudoir cassé, une tablette mal fixée. Que de preuves irréfutables nos Sherlock Holmes occidentaux ont-ils rassemblés ! Il y a aussi madame michu qui déclare « Alàlàlà, ben vi, ça devait arriver« . Ca, c’est du grand journalisme et on comprend pourquoi il faut faire des études. 

Vous comprenez, c’est comme le bon chasseur et le mauvais chasseur. Le blogueur, il voit une tablette cassée, il podcaste. Tandis que le journaliste, lui, il voit la tablette cassée, il filme. Mais bon, c’est quand même un bon chasseur. Il a le diplôme.

Leçons de journalisme et vol de nuit

Ont-ils enquêté sur les affirmations des passagers qui ont dit avoir saisi les autorités du problème ? Qui a fait preuve d’inertie ? S’agit-il d’un lamentable fiasco bureaucratique ou juste d’un buzz de cour d’immeubles qui ne s’est jamais traduit par une plainte officielle ?

On ne le saura pas. Mais l’accoudoir du siège 37B, lui, était cassé.

Alors bien sûr, un Tintin tenace aurait pu orienter son J.T sur le vide juridique qui empêche les autorités de l’aéroport de départ de vérifier la salubrité des avions de correspondance, à partir du moment où il s’agit de la même compagnie.

Il ne l’a pas fait. Car la tablette près des toilettes fermait mal. 

Un Rouletabille prudent aurait peut-être évité de donner des leçons à Yemena Airlines alors qu’on ne sait même pas pourquoi les avions d’Air France tombent dans l’océan comme des fruits trop mûrs.

Pourquoi tant de prudence ? Saviez vous que la chasse d’eau refluait ? Un doute nous étreint : et si le bouchage des chiottes était à l’origine des deux crashs ? i-télé a peut-être résolu l’énigme !

Quant à un journaliste normal, il aurait évité de présenter triomphalement un reportage filmé caméra à l’épaule comme un grand scoop planétaire… Merde, c’est quoi cette odeur ? ça reflue…

crashi-téléreportageYemena Airlines

Sujets: Banderille, Toréador critique littéraire et médiatique | 9 Comments »


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