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Internationales Autorenfestival (2) - OVER THERE osculte la réunification avec des gros sabots et du ketchup

Publié le 27 mars 2009 par Steffi
Internationales Autorenfestival (2) - OVER THERE osculte la réunification avec des gros sabots et du ketchupOver There est une double production du Royal Court Theatre et de la Schaubühne. Marc Ravenhill, auteur de théâtre anglais très joué à Berlin (Der Schnitt, Der Stadt, Shoppen & Ficken), y décrit le destin de deux frères jumeaux, l'un élevé par une mère ayant fui à l'Ouest, l'autre par son père, fidèle à la République démocratique. Over there est l'histoire de leurs retrouvailles, avant et après la chute du mur. Au delà d'une symbolique déjà lourde - deux jumeaux comme allégorie des deux Allemagnes divisées et semblables - , Marc Ravenhill s'embourbe dans un ramassis de clichés sur l'Est et l'Ouest, lui qui pensait jouer les justiciers en faveur d'une RDA bafouée et vaincue, pour un passé assassiné. A Londres, la pièce jouée en début de mois avait laissé la critique divisée, à Berlin elle s'est fait descendre. Hier soir le public de la Schaubühne n'a applaudi que du bout du doigt. Moi aussi. Que Ravenhill se risque en cette année anniversaire (cette pièce est une commande dans le cadre des 20 ans de la chute du mur) à parler d'un sujet sensible, était en soit assez courageux. Mais présenter au public berlinois sa propre histoire à coups de traits grossiers, c'est presque de l'indécence. "On se demande si l'auteur de cette pièce est jamais venu ici, et si c'est le cas, ça a du être une visite éclair au milieu des années 90", s'agace Anne Peter sur le site de Nach Kritik.
"Si on coupe les gens de leur propre histoire, la nostalgie émergera, encore plus sentimental et crue qu'elle ne l'aurait été autrement. Pour le salut de nous tous, pour notre santé mentale et sociale, nous devrions vraiment laisser faire une période de deuil pour la mort de l'utopie communiste, même si la réalité était loin d'être idéale". Voici ce que Ravenhill explique de ses intentions, plutôt intéressantes. Mais son duo fraternel, allégorie des deux Allemagne, tourne à la caricature. Franzl, le Wessi, parle anglais, a pour religion les règles de management, se nourrit en abondance et porte en bannière le capitalisme. Karl, le Ossi, parle russe, consomme à tout va à la chute du mur avant de vomir ce monde trop coloré et regretter sa RDA "en noir et blanc". Puisque Franz n'arrive pas à se plier aux nouvelles règles, il faudra donc le convaincre ou le faire disparaitre. La réunification n'a pas été un mariage, plutôt du cannibalisme. L'ouest a fait disparaitre le monde de l'Est, disparues les idélogies, balayées l'histoire d'un peuple. Franz trouve un dernier refuge dans une forêt berlinoise, se réinventant un campement de Pionniers et balançant des slogans communistes. Sur scène la gemellité des deux acteurs se révèle intéressante, presque fascinante. Mais les pauvres ne pouvaient pas faire grand chose sur ce plateau blanc lumineux sans issue où rien ne vient alimenter l'histoire si ce n'est quelques rasades de ketchup et de nutella sur leurs corps nus. Ramin Gray, voulait ainsi faire "plus berlinois", moins anglais coincé. Tout cela tourne à vide. Sur ce thème préférer lire l'excellent ouvrage de Régine Robin "Berlin en chantiers", paru chez Stock en 2001.
© Heiko Schäfer

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