Momo est une petite fille, vivant dans un amphithéâtre en ruines. Elle est arrivée un jour, comme ça. Comme elle ne souhaitait pas aller en foyer, les habitants des environs ont décidé de la laisser tranquille, tout en l’aidant de leur mieux.
C’est ainsi que Momo est restée. Elle s’est rapidement fait des amis : Gigi le raconteur d’histoires, Beppo, le balayeur silencieux, tous les enfants et même certains adultes.
Il faut dire que Momo a un don : celui d’écouter. La personne qui vient la voir se met à dire des choses plus intelligents, à avoir des idées. Les personnes fâchées se réconcilient. Tout cela parce que Momo est là et qu’elle les écoute sans rien dire.
La vie d’écoule donc paisiblement, jusqu’au jour où apparaissent les messieurs en gris. Ceux-ci se présentent comme les représentants de la Caisse d’Epargne du Temps. Ils convainquent les adultes d’économiser leur temps, en leur permettant une vie meilleure. Ce n’est pas le cas, les gens devenant tristes, colériques et aigris car ils ne font plus que ce qu’ils jugent utile, c’est à dire gagner du temps. Ils en oublient d’être solidaires et gentils.
Les messieurs gris sont donc très contents. Sauf que Momo, avec son don d’écoute, constitue un danger pour eux. Ils vont donc s’attaquer à elle et à ses amis.
Il faudra beaucoup de courage à la petite fille pour surmonter les épreuves qui l’attendent…
*****
Michael Ende est un écrivain allemand, décédé en 1995. Il est notamment connu pour être l’auteur de L’Histoire sans fin.
Mais il a écrit de nombreux autre titres. Momo a été écrit en 1973 et réédité plus fois. Cette fois, c’est Bayard qui a eu cette bonne idée.
Il est difficile de rentrer dans ce roman, car les premiers chapitres mettent en place les éléments de l’histoire. Le rythme est donc assez lent, ce qui risque de décourager les lecteurs visés (à partir de 9 ans).
Si l’on passe le cap, on est alors captivé par une histoire mêlant aventure, fantastique et poésie.
Michael Ende joue beaucoup avec les mots. “Gagner/perdre son temps”, '”Economiser du temps”… ces expressions prennent une toute autre signification dans ce livre. Ils sont à prendre au sens propre, ce qui crée une drôle d’impression. Comment en effet rendre réel ce qui est abstrait ?
L’auteur s’en sort très bien, en décrivant les fleurs du temps. Il le fait de manière remarquable, avec douceur et poésie. C’est un des plus beaux textes que j’ai pu lire.
Au-delà du style et de l’histoire, Michael Ende cherche à dénoncer un mal qui existait dans les années 1970 et qui est toujours présent : la course au temps qui nous fait perdre de vue l’essentiel.
Pour gagner du temps, les messieurs en gris conseillent de supprimer les choses “superflues” : passer du temps avec sa famille, être avec ceux que l’on aime, s’arrêter pour admirer le monde tourner.
Résultat, les gens agissent comme on agit aujourd’hui dans certains endroits : toujours pressé, on confie ses enfants à d’autres, on agresse ceux qui n’ont pas le même rythme, voyant en eux d’affreux parasites.
Qui ne se reconnaît pas dans certains aspects de cette description ?
Momo n’a donc pas pris une ride et devrait séduire encore les lecteurs d’aujourd'hui, grands et petits.
L’avis du blog Musarder.
Momo / Michael Ende ; traduit de l’allemand par Corinna Gepner. – Bayard, 2009. – Collection Estampille.