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Seul contre tous par Yero Amel N'Diaye (rediffusion)

Publié le 05 juillet 2009 par Bababe

    "Seul contre tous par Yero Amel N'Diaye (rediffusion)Ton malheur te viendra d'une femme" dit une mère à son fils unique... "Je veux un repas à base du monstre sacré. Celui qui tue cette bête meurt, je veux que tu lui livres combat." dira une femme à ce fils unique.  C’était au temps où on ne badinait pas avec l’honneur….

L’histoire relate le destin de Ségou Bali dit Samba, brave et talentueux pêcheur, détesté par ses pairs, qui vit avec sa maman jusqu’à l’âge adulte sans se marier. (Evidemment la charge dramatique émanant du majestueux Guélaye manquera indégnablement au texte, mais..)

Un jour comme à l’accoutumée, le chef de village sollicite une journée de corvées pour l’assainissement du village. Chacun envoya son enfant, Ségou Bali n’en ayant pas, il partit seul. Constatant avec regret et amertume que les enfants sont ceux de sa génération, Ségou Bali rentra chez lui bouleversé. Il s’en est pris à sa maman alors que celle-ci étant une grande voyante, elle a su auparavant dans ses consultations antérieures que le malheur de son fils viendrait d’une femme. Ségou Bali refusa de manger et de boire. « Tu es malade mon fils ? Pourquoi tu ne manges pas ? » dit la mère :« Je n’ai rien maman, mais tu m’as trompé en m’empêchant de me marier. Aujourd’hui je suis allé en corvée avec les enfants de ma classe d’âge et ceci est ma perte » dit – il. « Mon fils, quel choix ferais – tu entre avoir des enfants et mourir ? » Renchérit – elle. « Tant pis maman, que je trouve des enfants ou non, je mourai un jour ».

« Dans ce cas, va chez ton oncle et demande la main de sa fille ». Ségou Bali se rendit sans tarder chez son oncle où il lui fut donné la main de sa cousine Coumba Mbourel. Le mariage fut célébré.

Or il se trouva que Samba n'avait pas agi comme l'aurait exigé son rang. Les camarades d'âge de Comba se plaignirent : « Nous n'avons pas notre "soupe" Nous n'avons pas nos droits,ton mari est très riche, mais il n'a rien fait. Nous jurons que tu nous feras "une soupe" jamais connue jusqu'à nos jours..

Coumba exigea de son mari, un « Gossi » - un repas exceptionnel que la mariée offre à sa classe d’âge - de taille que nul n’ait jamais fait sous prétexte qu’il est le pêcheur le plus brave du village attirant la convoitise des filles. Coumba se refusa à son mari tant qu’elle n’est pas satisfaite et dit à Samba : "Tu m'as déshonorée. On disait que tu étais l'homme fort des pêcheurs peul. Toute femme de pêcheur aurait souhaité t'épouser. Mais tu es venu me prendre faisant de notre mariage, un mariage raccommodé. Je suis la risée du public. J'exige de toi une soupe jamais faite pour une femme de pêcheur. »

Ségou Bali lui proposa cent bœufs, puis dix chameaux puis un couple d’hippopotames. Des présents qui montrent le degré de son amour pour sa femme qu’elle rejeta à tour de rôle. Pour tout « Gossi », elle exigea que son mari livre combat et tue Ngari Gawlé, un redoutable caïman que quiconque réussit à tuer, ne survivra pas. Dans son sommeil, Ségou Bali fut réveillé par Ngari Gawlé transformé en un vieillard tout de blanc vêtu. « Ségou Bali ! Ségou Bali ! C’est moi qui t’appelle mon fils. J’ai entendu ton épouse t’ordonner de tuer Ngari Gawlé, c’est moi. N’écoute pas la parole d’une femme, je t’en supplie ». La nuit suivante, Coumba reformula avec plus d’acuité sa demande. Le lendemain N’gari Gawlé s’est transformé en une vieille dame de blanc vêtue portant un récipient plein de poissons. Il réveille de nouveau Ségou Bali et lui demanda de nouveau de ne pas répondre au souhait de sa femme.

Seul contre tous par Yero Amel N'Diaye (rediffusion)

Au lever du jour, Coumba n’étant pas satisfaite, abandonna le domicile conjugal en se rendant chez ses parents. La nouvelle de la fugue se répandit comme une traînée de poudre. Ségou Bali qui a beaucoup d’ennemis fut taxé de poltron. Touchée dans son amour propre, il se résigna à combattre le mystérieux caïman. La décision a tellement ravi la femme qu’elle regagna le domicile conjugal sans même dire au revoir à ses parents. Après avoir défié le génie ( Ngari Gawlé), Ségou Bali invita les filles de la génération de Coumba pour leur offrir le « Gossi » de leur vie.

Le jour tant attendu arriva. Ségou Bali se prépare à affronter Ngari Gawlé. Il jauge ses armes et engage un curieux dialogue avec elles. L’une d’elle donna au brave homme les consignes à suivre pour qu’elle puisse briser la colonne vertébrale de l’animal. Tous les villageois et ceux des villages voisins convergent vers le fleuve pour assister au spectacle. Un duel de la mort. Ségou Bali dont la pirogue est ramée par son très jeune neveu, scrute la surface de l’eau quand soudainement N’gari Gawlé fut un plongeon dans le fleuve provoquant un bruit assourdissant. Ségoubali, sans tergiverser envoya sa lance sur le saurien selon les instructions de l’arme. Après être anéantie, Ngari Gawlé, grâce à ses pouvoirs maléfiques, jeta un mauvais sort à Ségou Bali qui s’est écroulé dans la pirogue et s’est évanoui. Ses pairs l’ont acheminé d’urgence à la maison. Les pêcheurs n’ayant pas pu remonter l’animal, ils coupèrent sa queue et la transportèrent à la maison pour confirmer la victoire.

Segou Bali signala à sa mère qu’il ne fallait pas introduire la dépouille de N’Gaari dans leur concession. La mère courut pour avertir les pêcheurs, mais ils étaient déjà au milieu de la maison. La mère retourna sur ses pas, et trouva que son fils avait rendu l’âme.

Lire le Génie de Guélaye et la littérature comparée par Kassoum Ba

Yéro Amel N’diaye


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