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Le dieu des animaux ~ Aryn Kyle

Publié le 08 juillet 2009 par Clarabel

le_dieu_des_animauxJ'ai craint l'ennui en parcourant les premières pages de ce roman, perdue dans l'univers des chevaux, au coeur d'un ranch en plein désert du Colorado, où une vie rude et proche de la misère est racontée en des termes simples mais captivants. Il faut dire que l'histoire d'Alice Winston, treize ans, devient vite attachante. La jeune fille est coincée avec son père depuis la fugue de sa soeur aînée, qui s'est mariée avec un cowboy. C'était elle, Nona, le bras droit, la cavalière émérite, la star locale. Leur mère aussi a connu son heure de gloire, mais elle a sombré dans un état léthargique qui la cloue au lit du matin au soir. Et Alice n'est pas tendre avec la maladie de sa mère, avec l'odeur que son corps dégage, ni envers sa mollesse, ses idées folles. Tout ennuie Alice, même de travailler comme une acharnée dans les écuries. Elle rêverait d'une vie d'ado ordinaire, elle envierait presque Sheila Altman, une fille à maman qui vient prendre des leçons d'équitation, et qui mène une vie précieuse et confortable. Très loin de ce que connaît Alice.
Un jour, la disparition d'une camarade de classe, Polly Cain, et la découverte de son corps dans le canal voisin par le propre père d'Alice, vont l'amener à se créer une autre vie. Elle va rencontrer son professeur d'anglais, prétendre être la meilleure amie de Polly, inconsolable et terriblement seule, lui téléphoner très régulièrement en lui racontant mensonges sur mensonges. A partir de là, Alice va s'enfermer dans un univers qui l'éloignera de sa réalité, alors même qu'elle aspirait déjà fortement à partir, dans sa tête ou pour de vrai. Tout, plutôt que croupir dans ce ranch qui la rend folle. Folle d'ennui et de désespoir.
C'est un roman troublant, qui n'est pas tendre, et où l'espoir n'a pas droit de cité, et pourtant quel roman envoûtant ! On y ressent toute l'âpreté des personnages et des décors. Car c'est un roman violent, terrassant, captivant et suffocant. D'une beauté sombre et poignante. Un peu lourd avec ses passages sur le monde des chevaux, il n'en demeure pas moins habile à dévoiler une peinture du tragique sur l'adolescence et la difficulté de se tailler une part dans un monde où on ne trouve pas sa place.
Brillant, et singulièrement fascinant !

Gallimard, 2009 - 415 pages - 25€

traduit de l'anglais (USA) par Anne-Laure Tissut

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