Magazine France

Travail dominical sur fond de moonwalk social

Publié le 08 juillet 2009 par Hmoreigne

 Avancer en reculant c’est somme toute ce que veut laisser croire le gouvernement en élargissant le champ du travail dominical. La manœuvre n’a pas échappé au talentueux et caustique journaliste du Monde, Hervé le Tellier, qui évoqueun discret hommage gouvernemental au moonwalk de Michael Jackson“.

La période estivale est toujours propice à l’adoption des textes polémiques. Après s’être fait oublier, le débat autour du travail dominical ressurgit. Une nouvelle mouture du texte censée accorder de nouvelles dérogations au principe du repos dominical, la quatrième en moins d’un an, est débattue depuis mardi à l’Assemblée. 

Peu importe que cette réforme soit celle de la discorde, allant jusqu’à susciter le trouble au sein de l’UMP, Nicolas Sarkozy, la veut. Il l’aura. Un sentiment parfaitement traduit par le député UMP Denis Jacquat qui mardi ne cachait pas ses craintes : “Il va y avoir une désorganisation totale du lien social, du lien familial, du lien sportif dans notre pays“.

Le gouvernement s’emploie donc à la faire passer par la petite porte en multipliant les mesures techniques qualifiées de garde-fous, ça ne s’invente pas, censées prévenir d’une généralisation du travail dominical.

Officiellement, le nouveau texte est présenté comme destiné à régler les situations particulières des zones touristiques et thermales et des agglomérations de plus d’un million d’habitants (Paris, Lille, Marseille) où des “usages de consommation de fin de semaine” existent. Mais, la ficelle est un peu grosse. Le risque d’une extension est dans toutes les têtes.

Les Français ne s’y sont pas trompés. Selon un sondage Viavoice pour Libération, pour 86% des personnes interrogées, “le dimanche est un jour fondamental pour la vie de famille, sportive, culturelle ou spirituelle” et pour 85% “le dimanche doit rester un jour de repos pour le plus grand nombre“.  Il y a certes une part d’ambiguïté dans ces réponses selon que le sondé se positionne en salarié ou en consommateur. Mais, cette schizophrénie est partagée par le gouvernement qui met en avant une révolution écologique avec le Grenelle et souhaite dans le même temps ouvrir encore plus grand les portes des temples de la consommation. Or, la crise environnementale actuelle est avant tout liée certes à de l’ultra-libéralisme économique mais aussi à son pendant, l’ultra-consumérisme.

Avec un rare cynisme Xavier Darcos, ministre du Travail, a défendu un texte qui “protège les salariés“, “soutient les entreprises” et “répond aux attentes de la très grande majorité des Français“. Ce faisant, l’ancien ministre de l’éducation reprend une vision darwinienne de l’économie. S’adapter, du fait de la mondialisation, au niveau social le plus bas ou disparaître. Dans cette logique de l’adaptation, le grand détricotage des avancées sociales des deux siècles précédents apparaît comme inévitable.

C’est sur le terrain de son efficacité économique qu’il doit être combattu. Derrière l’agitation des socialistes, on retiendra les propos de François Bayrou selon lesquels le texte “ne peut en aucun cas relancer la consommation ou dynamiser l’emploi et l’économie“. Des arguments partagés par la CGT: “il aura une incidence nulle sur l’emploi, sur les salariés et la consommation.”

Je n’imagine pas une ville telle que Paris (…) où un Brésilien ne pourrait pas faire ses achats le dimanche (…) Ca permet de créer des emplois“, a déclaré le président Lula de passage à l’Elysée. Ce soutien inattendu n’a rien de rassurant. Il confirme à l’inverse une tiers-mondialisation rampante de notre société.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Hmoreigne 111 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte