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Tour de France : de passion à déchéance

Publié le 09 juillet 2009 par Julien Holtz

Le cyclisme et son épreuve reine, le Tour de France, sont le théâtre des plus hauts sommets de gloire et de performance comme des plus profonds drames des corps abimés et des esprits meurtris.
Comment peut-on passer si vite de la passion à la déraison, de la vocation à révocation ?
On arrive au vélo parfois un peu par hasard, pour des raisons médicales (un médecin avait recommandé à mon père alors âgé d’une quarantaine d’années de se mettre au vélo pour muscler sa cuisse afin de tenir un genou dont il avait rompu le ligament croisé antérieur) mais la plupart du temps il y a une réelle filiation. Cette passion se transmet de père en fils. Stephen Roche et son fils, les frères Simon, les frère Schleck, les Duclos Lassalle, Jean François Guiborel et son fils Julien.
C’est comme cela que j’ai attrapé le virus de la petite reine. Entre 10 et 20 ans, à force de voir mon père, Gérard (Gégé pour les intimes) partir de la maison un jour sur deux, un jour sur trois, embarquant son amoureuse (sa bicyclette) pour des noces interminables ; je me suis demandé ce qu’il lui trouvait, à cette femelle féroce et froide. Alors pour le voir un peu plus souvent, je me suis dit que j’allais venir sur son territoire et j’ai commencé par goûter au VTT avec lui et Antoine, mon petit frère, au parc de Saint Cloud puis à la montagne, aux Arcs avec Armandine pour des sorties magnifiques vers Bourg Saint Maurice. La nature, la verdure, le soleil, les premières sensations de bien-être après l’effort …
En 2003, Gégé se lance un défi, il part en solitaire quelques semaines avant le Tour du Centenaire pour parcourir à bicyclette (une série spéciale de Look) les étapes du premier Tour de France de 1903. Il en revient affûté comme jamais, des étoiles plein les yeux, fier de s’être prouvé à 57 ans qu’il était capable de ça. Et moi j’attaquais ma première année de boulot en cdi chez karcher. Je n’avais pu donc que goûter par procuration à cette aventure.
La petite graine inséminée à ce moment-là a germé en moi quelques mois plus tard lorsque j’ai décidé de quitter mes fonctions pour me reconstruire. Et le vélo a été mon exutoire. Je me suis jeté alors à corps perdu dans la découverte de mon corps et la pratique d’un tout nouveau sport pour moi. D’abord sur un Bianchi (cadre alu, fourche carbone) puis sur un Look (tout carbone), j’ai écumé les kilomètres, 4000 la première année, 6500 la seconde; notant mes sorties et mes sensations sur un carnet de route et un tableur, mesurant et comparant mes performances, mon amincissement aussi. Une vraie spirale positive.
Une spirale positive que l’on peut soit entretenir sainement, soit accélérer en tentant de s’affranchir des règles du sport, au risque d’atomiser le fruit de tant d’efforts. C’est là que rode l’ombre du dopage et le cas de conscience auquel font face les coureurs professionnels (Faut-il ? Dois-je ? Est-ce nocif pour ma santé ? Quel risque de me faire prendre ?). La quête de la performance, la compétition à tous les étages, la pression du résultat et de la gloire sous la contrainte des sponsors, l’appât du gain, … Nombreuses sont les motivations pour franchir le pas et de perdre dès lors ses illusions de « béni oui oui ».


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