Critique en avant-première : Harry Potter et le Prince de sang mêlé (par Jango)

Par Jango



Synopsis :

L'étau démoniaque de Voldemort se resserre sur l'univers des Moldus et le monde de la sorcellerie. Poudlard a cessé d'être un havre de paix, le danger rode au coeur du château... Mais Dumbledore est plus décidé que jamais à préparer Harry à son combat final, désormais imminent. Ensemble, le vieux maître et le jeune sorcier vont tenter de percer à jour les défenses de Voldemort. Pour les aider dans cette délicate entreprise, Dumbledore va relancer et manipuler son ancien collègue, le Professeur Horace Slughorn, qu'il croit en possession d'informations vitales sur le jeune Voldemort. Mais un autre "mal" hante cette année les étudiants : le démon de l'adolescence ! Harry est de plus en plus attiré par Ginny, qui ne laisse pas indifférent son rival, Dean Thomas ; Lavande Brown a jeté son dévolu sur Ron, mais oublié le pouvoir "magique" des chocolats de Romilda Vane ; Hermione, rongée par la jalousie, a décidé de cacher ses sentiments, vaille que vaille. L'amour est dans tous les coeurs - sauf un. Car un étudiant reste étrangement sourd à son appel. Dans l'ombre, il poursuit avec acharnement un but aussi mystérieux qu'inquiétant... jusqu'à l'inévitable tragédie qui bouleversera à jamais Poudlard...

Critique :
Après avoir couvert l'inauguration du train en présence de 4 des acteurs de la saga en juin dernier, me voilà parti ce matin à l'unique projection presse de l'autre très grosse sortie de l'été, le nouveau Harry Potter.
Le nouveau Harry Potter était à n’en pas douter le blockbuster le plus attendu de l’été avec Transformers 2. Sixième et non pas avant-dernière adaptation des aventures du sorcier anglais, le Prince de sang mêlé est pour bon nombre de fans considéré comme le livre le plus dense, en tout cas le plus intéressant de la saga. C’est donc avec beaucoup d’enthousiasme qu’il était attendu, d’autant que sa sortie fut décalée de près de 6 mois.
A la barre de ces nouvelles aventures, un David Yates bien plus inspiré que dans l’Ordre du Phoenix qui à sa décharge ne bénéficiait alors pas d’une histoire à très fort potentiel. Ici, c’est à peu près exactement l’inverse et le bonhomme, très habile à la caméra, va s’en donner à coeur joie.
Si à chaque nouveau film, Warner lors de la promotion insiste sur le fait que qu’il s’agira « du plus noir de la saga », force est ici de constater que cette fois-ci, ils ne mentait pas. Le temps de « l’école des sorciers » paraît désormais bien loin si ce n’est révolu, l’heure est à la magie noire, aux tragédies et à la désolation.
Beaucoup plus impressionnant que son prédécesseur (mais non sans défaut), le Prince de sang mêlé arrive à jongler habillement entre les deux registres imposés par l’histoire de JK Rowling, à savoir d’un côté les amourettes plus que naissances entre plusieurs personnages principaux, et l’aspect très sombre du film. Tantôt drôle sans jamais être niais, tantôt spectaculaire voire stressant lors des passages finaux, le film reste en équilibre pendant deux heures trente et trouve ainsi l’harmonie quasi parfaite, permettant aux spectateurs de rester dans un état d’attention constante.

Ceci étant, la tâche de compresser un roman de 700 pages en deux heures trente (ce qui est déjà fort long) n’était pas simple, surtout lorsque l’on connait la densité de l’histoire. Plusieurs concessions ont donc dû être faites, à commencer par la réduction très importante des personnages secondaires que l’on avait l’habitude de côtoyer. Ils font ici office de simples figurants, ce qui aide en partie à se concentrer sur le véritable coeur de l’histoire avec notamment Harry Potter, Dumbledore et le nouveau et très réussi (du point de vue du personnage et du jeu d’acteur) Professeur Slughorn.
Néanmoins la réduction forcée se fait sentir par la présence de séquences sympathiques mais très courtes, uniquement présentes pour les fans car n’apportant pas grand chose au déroulé de l’histoire : les jumeaux Weasley dans leur magasin, la scène d’introduction dans le monde réel ...
Cet opus, bien que ne présentant jamais d’affrontement avec Voldemort, décrit sa jeunesse à Poudlard par le biais de souvenirs conservés par Dumbledore. Traitement intéressant mais qui au final laissera un arrière gout d’inachevé car l’envie d’en savoir bien plus sur le méga méchant de l’histoire se fait cruellement sentir. La dernière partie du film, où la tension atteint un niveau très élevé, ne trouve malheureusement pas le moyen d’exploser, ni visuellement ni scénaristiquement, et l’on restera évidemment un peu sur notre faim (pas de grosse séquence finale, une explication sur le Prince de sang mêlé absente), bien qu’il faille reconnaitre l’excellent niveau général du film.

Les différents acteurs ont tous mûri, leur jeu s’améliore de film en film, et l’on sera ravis que des personnages que l’on avait jusqu’alors peu vu (Ginny, Drago ou Belatrix Lestrange) occupent à présent des rôles plus importants.
Ce nouveau film brille par son esthétisme général, très bien soutenu par la partition de Nicolas Hooper (bien qu’évidemment moins prenante que les musiques de John Williams). David Yates a appris des erreurs du 5e volet, c’est indéniable, et prend désormais davantage ses aises, mais l’histoire trop dense ne lui permettra pas une nouvelle fois de réaliser le film parfait. Partant de là, on ne pourra que saluer (bien que l’initiative soit avant tout financière) le fait de faire l’utime volet en deux films au lieu d’un. L’attente atteint désormais son point culminant et l’impatience de retrouver Harry Potter et ses amis dans une évidente grande guerre n’aura jamais été aussi forte.
Sans nécessairement être le meilleur Harry Potter (un peu de recul sera nécessaire pour juger), le Prince de sang mêlé est sans nul doute l’un des plus réussis malgré quelques regrets par ci par là.