Réflexion deux
Le réquisitoire du procès Fofana
Le verdict du procès Fofana devrait normalement être prononcé en audience public demain samedi 11 juillet en fin d'après-midi. On saura alors les peines qui seront prononcées à l'encontre de Youssouf Fofana et des autres membres du gang des barbares. Pour suivre ou retrouver le déroulement de ce procès, il est possible de lire le blog d'une journaliste du Nouvel Obs ... Elsa Vigoureux ...
http://elsa-vigoureux.blogs.nouvelobs.com/
Il m'a semblé intéressant de reprendre ici le requisitoire de l'avocat général à ce procès (Philippe Bilger), tel que le retrace Elsa Vigoureux. En effet, ce procès se déroule à huis-clos en raison de la minorité de certains des accusés, et ne se base donc que sur des informations recueillies auprès de personnes assistant au procès.
http://elsa-vigoureux.blogs.nouvelobs.com/archive/2009/07/01/proces-fofana-le-requisitoire.html
« Philippe Bilger a décrit les destins, les vies, les désœuvrements et solitudes d'une bande de jeunes qui avaient sûrement envie d'un chef, d'être dominés : Une bande, un groupe de fraternités qui a œuvré pour le pire. Et qui a trouvé le chef qu'elle méritait. Des jeunes motivés par l'argent, et à n'importe quel prix. Une bande soumise attirée par le goût du lucre plus que par l'antisémitisme.
Sur eux tous, Youssouf Fofana a su exercer une sorte de fascination, a expliqué l'avocat général. Et c'est leur grégarisme qui les a conduits à cette dépendance, cette adhésion qui ressemble à une dépendance affective, comme un substitut aux éclatements des familles de ces jeunes gens. Comme si pour ces êtres là, le groupe avait à un moment représenté une sorte de famille.
Philippe Bilger s'attarde sur certains accusés. Jean-Christophe S., qui a participé à l'enlèvement d'Ilan Halimi, « un bureaucrate du crime, un mercenaire de l'enlèvement ». Jean-Christophe G., mineur à l'époque des faits, petite frappe qui violente Ilan Halimi, « animé d'un sadisme certain ». Et Yalda, l'appât, cette fille « à la personnalité complexe, qui a des états de conscience, des doutes, une mineure pas perdue, c'est une tempête dans un cœur, une jeune femme qui choisit toujours le pire ». Pour elle, Philippe Bilger requiert 10 à 12 ans de prison.
Et puis Philippe Bilger plonge la cour dans la nuit du 12 au 13 février 2006. Il raconte le départ de Youssouf Fofana à cinq heures du matin, et Ilan Halimi recroquevillé dans le coffre. Il imagine la manière dont Fofana s'en est pris à Ilan Halimi, l'a brûlé vif. Philippe Bilger évoque toutes ces forces qu'Ilan Halimi a mises pour se traîner sur 160 mètres, jusqu'au pied d'un grillage. Philippe Bilger requiert la réclusion criminelle à perpétuité avec une peine de sûreté de 22 ans pour Youssouf Fofana .
Pour les autres, l'avocat général a requis la bienveillance de la cour pour Muriel I. et Leïla A., suggérant ainsi qu'elles soient acquittées (suivi en cela par leurs avocats).
http://elsa-vigoureux.blogs.nouvelobs.com/archive/2009/07/02/les-avocats-de-leila-et-audrey-demandent-l-acquittement.html
Pour Audrey L., il a demandé qu'elle soit condamnée à trois ans de prison dont 28 mois avec sursis. Pour Alcino R., le père de Jérôme R., Philippe Bilger a demandé une peine ferme symbolique, parce que c'est le seul adulte qui avait une autorité, qui savait, mais qui n'a rien dit. Pour sa femme, Christine G., l'avocat général a requis une peine avec sursis.
Pour Jean-Christophe S. et Samir A.A, le magistrat demande 20 ans. Quinze ans pour le jeune Jean-Christophe G. avec rejet de l'excuse de minorité, 13 ans pour Nabil M., 12 ans pour Yahia K., Cédric B.S.Y, Fabrice P. Dix à douze ans de réclusion pour Jérôme R. Pour Gilles S., le gardien d'immeuble qui a fourni les clefs de l'appartement, et la « rabatteuse » Tifenn G, l'avocat général a demandé dix ans de prison. Pour les sept accusés restant, les peines requises s'échelonnent entre cinq et dix ans. »
Verdict demain.