Si le monde porte un masque, quelle importance peut-on lui accorder ?
Est-on coupable lorsqu'on lui échappe par quelque autre prisme déformant ?
Trop de lucidité peut conduire à une absence de lucidité compléte.
Souvent, le monde se mord la queue.
Les désirs inassouvis prennent toujours des proportions excessives...sauf dans le cas où on les canalise, où l'on en extirpe de la "sublimation".
L'intériorisation ? Antichambre d'une certaine rupture avec le réel ?
Le monde est si pourri qu'il n'arrive plus à concevoir l'innocence.
Les toutes premières formes du sacré ont été, vraisemblablement, liées au sexe, tant à l'acte sexuel qu'à l'enfantement.
Il s'agissait sans doute d'un "intinct de survie" transmué en culture.
Il n'y a rien de pire, parfois, que qui se sent coupable d'avoir mal fait.
Le monde nous ment...pourquoi ne lui mentirions-nous pas, à notre tour ?
Pourquoi ne lui échapperions-nous pas, par le biais de quelque transe, qui le distord ?
Qui a raison...et qui a tort ?
Qui est le "méchant"...et qui est le gentil ?
Ce sont là de fausses questions.
Les jugements humains sont trop entachés de subjectivité.
Les versions du même fait sont à ce point déformées, assujetties à l'un ou à l'autre "son de cloche" qu'il est toujours - toujours ! - difficile de se faire une idée.
Le génie s'accompagne, apparemment, si souvent, de perturbations mentales ou de bizarreries de caractère que l'on ne peut que se demander s'il n'est pas lui-même une maladie.
Est jugé "beau" un être que l'on a plaisir à regarder.
Le génie, sans conteste, fait parie des "trop", des démesures.
En lui siège aussi une démesure de fragilité.
Analogue en cela à la folie qui est souvent sa compagne, il voit au-delà, autre chose, autrement et ça le "déconnecte".
D'abord, exister, puis, ensuite, se sentir, se regarder exister.
Telle est l'évolution que la vie a dessiné, de l'être à la conscience d'être.
Alors, la prochaine étape ?
Observer celui qui observe sa propre existence ?
Que c'est triste, un monde où il n'y a pas de place pour l'autre dans nos coeurs !
Jeunes et vieux sont aussi complémentaires que l'un et l'autre sexe.
Le jeune a le dynamisme, l'allan, l'imagination, la fantaisie qui souvent bousculent les choses et leur insufflent un nouveau souffle, mais il lui manque - et il lui manquera toujours - le fait
d'avoir vécu et ce que ce dernier implique de leçons à tirer, donc d'enrichissement, de garde-fous à l'encontre d'une certaine forme d'excès.
L'ancien, quant à lui, a beaucoup plus d'expérience et de patience (du moins en principe), mais n'a plus à son actif la vigueur, l'endurance physique, la vitalité, le goût du risque. Il est
volontiers conservateur, en bonne partie par fatigue et par attachement exagéré à ses habitudes.
C'est ainsi qu'à chaque âge, le sort, toujours "malin", compense ce qu'il vous donne par ce qu'il vous retire.
La plénitude de l'être n'existe-t-elle pas dans la nature ?
Ne serait-elle qu'un rêve de poète (ou de philosophe) trop frustré, trop imaginatif ?
Réalité intense et irréalité : deux états que ne sépare, au fond, pas grand chose.
P.Laranco