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Mieux comprendre l’enfant autiste

Publié le 10 juillet 2009 par Raymond Viger

(Agence Science-Presse) – Les enfants autistes observent le monde différemment. Plutôt que d’être fascinés par le mouvement, ils vont consacrer toute leur attention aux mouvements qui sont synchronisés avec un son. Cette découverte, aussi étrange qu’elle semble, pourrait ouvrir une porte à de meilleures interventions, mais surtout à une meilleure compréhension de ce qui se passe dans leur tête.

Autisme et signaux sociaux

Synchronisation du mouvement et du son: c’est ce qui explique que les enfants autistes vont fixer la bouche d’une personne qui parle, plutôt que ses yeux, a constaté le psychologue Ami Klin.

La découverte a été faite par son équipe de l’École de médecine de l’Université Yale, et publiée le 29 mars dans l’édition en ligne de la revue Nature

Ami Klin et ses collègues ont constaté que ce trait de caractère était apparent dès l’âge de deux ans. Cela explique aussi, du même coup, que le cerveau des autistes se développe différemment: il devient progressivement incapable de percevoir les «signaux sociaux», c’est-à-dire tout ce langage non verbal qui forme la base de la vie en société — avec des conséquences désastreuses lorsque les autistes arrivent à l’adolescence puis à l’âge adulte.

Un autre regard sur le monde

Cette incapacité à fixer son attention sur le mouvement est encore plus étrange quand on se rappelle que c’est une capacité innée à bien des animaux sociaux, des oiseaux jusqu’aux chimpanzés. «C’est un mécanisme de survie de base», explique encore Ami Klin au New Scientist: ça aide les jeunes à se sauver d’un prédateur. Et chez les humains, s’est ajoutée à cela la capacité à décoder des expressions faciales. D’où la question posée par Klin: cette incapacité à décoder les intentions des autres est-elle exacerbée par l’autisme ou est-elle une conséquence de l’autisme?

Pour en savoir plus, son équipe a créé des animations de figures humaines récitant des rimes; les figures étaient composées de points de lumière. D’un côté de l’écran, les animations étaient du bon côté, mais de l’autre, elles étaient à l’envers, donc pas immédiatement reconnaissables comme des figures humaines. Les enfants non autistes de deux ans préféraient la première image; les autistes n’avaient aucune préférence… sauf lorsqu’il y avait une synchronicité entre le son et l’image, qu’elle soit à l’endroit ou à l’envers (lorsque le personnage tapait des mains, par exemple).

«La question n’est pas que les enfants autistes n’ont pas de relations avec le monde, ou avec leurs parents ou avec d’autres proches. C’est la façon dont ils semblent appréhender le monde qui est différente.»



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