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La bar-mitsva de Samuel - David Fitoussi

Publié le 15 mai 2009 par Venise19 @VeniseLandry
La bar-mitsva de Samuel - David FitoussiAprès plusieurs hésitations, j'ai intitulé mon billet du 15, jour de La Recrue "Aimez-vous le citron ?" - Ne manquez pas les 6 autres billets.
Pauvre Samuel ! Je le plains. J’enfile sa vision de la vie plus que quelques jours et personnellement je supplie un médecin qu’il me prescrive des antidépresseurs. Cet enfant est déprimé, et étant donné que je suis un adulte, je lis entre ses lignes ; il est en révolte contre sa mère qui, sans lui demander son avis, surtout pas, le retire et pas seulement de son école, le change de continent et l’arrache à son père. Il y a de quoi ne pas être de bonne humeur, vous avouerez.
Alors il colore sa mère rouge colère, le chum de sa mère, leurs amis, les jeunes de son âge, sa sœur, son frère, la copine, les grands-parents, bref cette large fresque d’individus dont l’arrière-plan serait un fond épais de dénigrement barré à grand coups de traits noirs.
Il faut du souffle pour soutenir cette unité de ton pendant trois cent pages, et l’auteur l’a, c’est un point. Le ton ressort d’autant plus que l’action est réduite à sa plus simple expression : un ado qui s’emmerde au Québec attendant sa Bar-mitsva comme une fatalité nécessaire. Avec une action aussi mince, une vision noire charbon, le danger est grand qu’il y ait des longueurs. Il y en a eues, particulièrement pour moi qui ne se bidonnais pas. Des coups de mitraillette de mépris, c’est drôle un moment, un malotru qui fustige tout un chacun avec grossièreté, ça peut être drôle mais quand la sauce s’étire, ça ne goûte plus rien.
À intervalles réguliers, je décrochais. Comment suis-je arrivé à m’arrimer de nouveau à l’histoire, je me le demande encore et me réponds, pour l’aberration tiens. Un simple bon sens me soufflant que lorsque l’on enfile un tunnel aussi sombre, on voit toujours à un moment inattendu scintiller une lueur. Pour Samuel, c’est l’envie d’explorer sa sexualité. On a droit à des vertes et des pas mûres, c’est plutôt distrayant. Lui, c’est ce qu’il le raccroche à l’envie d’être en vie. Il ne veut pas décevoir son Rabin non plus. La culpabilité le maintient en mode survie, ne pas avoir l’air d’un cave à sa Bar-mitsva, le rite symbolique du passage de l’enfance au monde des adultes.
Ce roman, je ne l’ai pas vécu de la même manière pendant qu’après la lecture. Pendant, j’étais tellement excédée, cette émotion n’aide pas à apprécier le « comment », l’habileté de l’écrivain à raconter par exemple. Une fois le livre déposé, j’ai développé de l’indulgence, me disant que ce n’était pas si mal.
En dernière instance, je rajouterais en toute honnêteté que son appréciation dépend essentiellement de ce qui nous fait rire ou non dans la vie. Et l’humour, c’est comme le goût du citron, on aime ou on aime pas, mais ça ne se discute pas. Alors ceux qui ne se lassent jamais de la raillerie caustique, qui en mangent sans restriction jusqu’à s’aciduler l’esprit, eh bien moi, je vous conseille de faire la connaissance de Samuel.
N.B. : Personnellement, je suis charmée par la couverture de ce roman. Irrésistible !

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