venez
embourbés dans ces destins qui descellent les nuits
venez
empêtrés dans la mémoire des pestilences et du verbe avorté
venez
quand le songe assigne le déclin des envoûtements
venez
quand la terre opale fomente un peuple de soleil orné d’un trop grand obscur
venez
quand les monstres foulent les creux ( ou est-ce les crevasses ) de vos gangrènes
venez
quand la blessure entrouvre tout cœur qui n’a pas encore osé la mort
venez
quand les mots vagabondent à l’entre-jouissance des os et de la mer
venez
engoncés dans les vestiges d’un minuit qui assermente la vengeance et déflagre l’amour
venez
enroués dans les aléas de ces corps qui éconduisent les transparences de la pierre mortuaire
venez
encensés par les rythmes d’une parole énoncée par des larmes qui pourissent
venez
il n’y aura en ce lieu que la contrainte du vertige
il n’y aura en ce lieu que les soumissions de la vacuité
il n’y aura en ce lieu que l’insolence brutale des affamés
il n’y aura en ce lieu que le bleu des racines et le rouge de vos veines blessées
il n’y aura en ce lieu ni langage ni ébauche de langage seulement le serment de l’absence
venez
quand les abîmes décrètent la panoplie des vers
venez
quand les boursouflures des fleurs fanent des épis de syllabes
venez
quand le sang pluriel macule ces murs qui érigent une trop grande haine
venez
il n’y aura en ce lieu que les éboulis du silence
on ne vous réclamera
que la sentence du dévoiement
venez
poings déliés
mains mêlées aux tumescences de la folie
venez
poings déliés
mains mêlées aux ouvrages de la pénitence
venez
poings déliés
mains mêlées aux constellations qui archivent nos misères
venez
impunis
car vous semez dans sa chevelure encore vaine les semences des écarlates
venez
car il n’y aura en ce lieu que le fragment d’un bleu qu’un innocent convoite
et qu’il a oublié
VENEZ
umar