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C est nul ! C est neuf ? Non ! Reecrit par des cons !

Publié le 12 juillet 2009 par Zelast

SUR ARTICLE 11

Pour un blogueur, cool d’être repris ? Ça dépend… Quand c’est un site d’extrême-droite qui fait main basse sur votre prose, le truc paraît tout de suite moins sympathique. Surtout quand le mec se permet de remanier le billet tout en conservant votre signature… Qu’importe : c’est l’occasion d’une petite plongée dans la nouvelle extrême-droite, galaxie très disparate qu’un même antisémitisme camouflé en antisionisme réunit.
Quand l’extrême-droite mue : petite plongée dans la galaxie des fachos "antisionistes et anti-impéralistes"

vendredi 10 juillet 2009, par JBB

Ne pas se fier à son intitulé : le site Tout Sauf Sarko [1] n’a rien de sympathique. Il appartient à une étrange nébuleuse, celles de blogs et sites clairement d’extrême-droite mais surfant - pour avancer à couvert - sur un antisémitisme déguisé en antisionisme et sur la reprise de quelques-uns des combats de la gauche. Sans doute pour ça qu’Article11 a l’insigne déshonneur de s’y trouver placé en lien, avec cette présentation biaisée : « Site non conformiste de qualité, plutôt de gauche… » [2] À nos côtés, voisinage fantastiquement déplaisant, des liens vers Égalité&R;éconciliation, « le site des amis d’Alain Soral », vers La Banlieue s’exprime, « le site de l’association du même nom », vers le site du Mouvement des damnés de l’impérialisme ou vers VoxNR, présenté comme « le site de la résistance européenne ». En haut de cette liste de liens, tous d’extrême-droite, ce petit message : « De gauche ou de droite, peu importe, ce sont des sites qui vont dans un bon sens, celui de la résistance : des faits, des analyses, des argumentaires, du matériel à télécharger etc… »

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Alors ? Pour être franc, qu’un site facho place A.11 en lien nous en touche une sans bouger l’autre… Logique : on sait pourquoi on se bat et on connaît nos ennemis. L’extrême-droite, qu’elle se présente sous un jour classique ou sous une forme remaniée - façon combat contre la mondialisation et le sionisme -, reste pour nous une bête à abattre. Purement et simplement.
Bien plus désagréable par contre - parce que cela revient à brouiller les cartes et à dénaturer l’identité numérique - est la fâcheuse habitude du webmaster du site Tout Sauf Sarko de copier-coller sur son site certains des billets publiés sur Article11 : en date du 9 juillet, il en est deux à figurer sur sa page d’accueil : "De l’art de bourrer les urnes par la bande : l’enfumage électoral pour les nuls", par Lémi, et "Il mérite un maroquin ! Ode à Eric Raoult…", de moi. Le bougre se permet aussi d’en modifier des passages, transformant par exemple le titre de mon billet sur Eric Raoult en : "Il mérite un maroquin ! Ode à Éric Raoult… Ancien d’Ordre Nouveau devenu, comme d’autres, pourceau de l’UMP."

Pis : le webmaster rajoute aussi des phrases et des notes de son cru. Tout en gardant la signature de l’auteur d’origine… Ainsi le billet sur Raoult, signé JBB en ouverture et linké Article11 en fin de texte, se voit crédité d’une note renvoyant à une vidéo du Parti antisioniste et présentée comme faisant partie intégrante de mon billet. Très déplaisant.

Bien évidemment, le webmaster de Tout Sauf Sarko sait ce que je pense de ses pratiques et de ses idées. Mais il n’en a cure. Pourquoi s’embêter ? Enregistré aux États-Unis, ainsi que le confirme WhoIs, il sait qu’il peut faire ce qu’il veut sans risquer grand chose.

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C’est désagréable, donc. Mais soyons francs : ça ne nous empêchera pas de dormir.
Par contre - et c’est là beaucoup plus intéressant - la pratique de Tout Sauf Sarko est emblématique. Parfait symbole du hold-up sur les valeurs de la gauche qu’un certain nombre d’activistes d’extrême-droite tentent de réaliser, histoire de brouiller les pistes et de ratisser large. Incarnation de ce remue-ménage qui s’opère dans la sphère facho, où de nouveaux-venus se réunissent sous la bannière de l’antisionisme et de la lutte contre ce qu’ils appellent "mondialisme". Et illustration idéale de l’étrange marigot idéologique - à base d’antisémitisme et d’anti-impérialisme - que concoctent jour après jour les sorciers-plus-du-tout-apprentis de La Banlieue s’exprime, du Centre Zahra, du mouvement de Kemi Séba ou - versus institutionnel à destination des urnes - de la liste antisioniste menée par Dieudonné aux dernières élections européennes. L’occasion, donc, d’un bref passage en revue de ces nouveaux et étranges soldats de l’extrême-droite.

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Activisme sur internet
Qu’est-ce qui peut bien réunir l’agitateur antisémiste Dieudonné, les communautaristes extrémistes de La Banlieue s’exprime, les intégristes chiites du Centre Zahra, les nationalistes rouges-bruns d’Egalité & Réconciliation menés par Alain Soral, les "ethnodifférencialistes" banlieusards des Damnés de l’Impérialisme (anciennement Tribu Ka de Kémi Séba) et même le journaliste dévoyé et complotiste Thierry Meyssan (Réseau Voltaire) [3] ? Tous partagent un même antisémitisme, camouflé en antisionisme. Un combat commun qui leur permet de marcher main dans la main, en dépit de leurs profondes différences et contradictions. Et qui constitue un point de rupture évident avec une partie de l’extrême-droite dite traditionnelle, chez qui la peur du musulman restera toujours plus forte que celle du juif. On imagine mal, par exemple, les bas-du-front classiques, qui cultivent depuis vingt ans la haine des immigrés et de l’Islam, reprendre à leur compte cette phrase du nationaliste Alain Soral : « La culture musulmane, elle, ne produit pas des délinquants drogués et suicidaires, mais des hommes élevés dans des valeurs. Des valeurs de dignité et de respect qui ressemblent beaucoup, finalement, à celles qu’on inculquait aux hommes de France, et à moi-même, avant la déferlante du néo-matriarcat à l’américaine importé par mai 68. »

Illustration de l’alliance de fait de ces groupuscules, le débarquement d’une partie de leurs militants à la manifestation de soutien à Gaza organisée le 24 janvier dernier, à Paris. Quelques dizaines de membres d’Égalité & Réconciliation, du Centre Zahra et des Damnés de l’Impérialisme ont tenté de se joindre au cortège. Nationalistes crétins, chiites intégristes et gros bras du MDI, ils ont heureusement été virés de la manif à grands coups de pied au cul par le service d’ordre et les antifas.

Affiche de campagne de la liste Dieudonné aux dernières Européennes.
Cette cohorte de groupuscules s’est récemment trouvée une façade institutionnelle, grâce la liste antisioniste lancée par Dieudonné aux Européennes. Financée par l’ancien imprimeur du FN, Fernand Le Rachinel, désormais en rupture de ban avec le parti de Jean-Marie Le Pen après une histoire de gros sous, celle-ci réunissait notamment, outre Alain Soral et Yahia Gouasmi (directeur du Centre Zahra), quelques personnalités déviantes, façon Emmanuelle Grilli (militante du Renouveau français, organisation catholique nationaliste), Schepens Charles Alban (président de l’association Fraternité francro-serbe et habitué du Kop de Boulogne), Ginette Hess-Skrandani (exclue des Verts en 2005 pour sa proximité avec des négationnistes) ou encore Ahmed Moualek, président de La Banlieue s’exprime [4]. Tous faisant front commun pour dénoncer les « esclavagistes » du « système sioniste » et fustiger un lobby qui, affirme Yahia Gouasmi, « exerce une pression permanente sur les médias, l’enseignement, la classe politique … ».
Finalement, la liste - c’est la seule bonne surprise des Européennes - n’aura que peu séduite ces électeurs déclassés et exclus auxquels elle prétendait s’adresser : présente uniquement en Île-de-France, la Liste antisioniste n’y a obtenu que 1,30 % des suffrages, avec une pointe à 2,83 % en Seine Saint-Denis. Son meilleur score a été réalisé à Gennevilliers, avec 6,35 % des voix.

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Une (omni)présence sur le net
Habituée à travailler ensemble, présente aux élections, cette mouvance est logiquement présente sur le net, où elle se retrouve et s’informe en des lieux très ciblés, ni sites d’extrême-droite "classiques" (c’est à dire d’abord axés sur l’identité nationale et la dénonciation de l’islam, à l’image de FdSouche ou de Novopress), ni membres de la réacosphère (dont le blog collectif CulturalGangBang - qui cite en liens aussi bien CQFD, Actu Chômage, Le Plan B, Article11, l’Observatoire du Communautarisme que toute une galaxie de blogs très très marqués à droite - est un parfait exemple).
Non. Eux fréquentent une galaxie de sites plus ou moins amateurs qui, pour une bonne part, accordent une large couverture au conflit israélo-arabe, à l’actualité iranienne, à tout ce qui peut rentrer dans la case "actualités juives", aux thèses complotistes, ainsi qu’à tous les mouvements de libération et gouvernements non-alignés sur lesquels ils pensent pouvoir faire main-basse. Une orientation parfaitement incarnée par la page d’accueil de la liste antisioniste, laquelle met en exergue des citations de Mahmoud Ahmadinejad, de Soral, de Dieudonné, de Meyssan [5] et… d’Hugo Chavez et d’Evo Morales [6].

Comme tête de ponts de cette galaxie, des sites comme Alter Info, VoxNr, qui se veut « le site quotidien de référence des nationalistes-révolutionnaires et solidaristes européens » et est animé notamment par Christian Bouchet (ancien du MNR se définissant en « référence au nationalisme révolutionnaire, au courant rouge-brun, au national-bolchévisme ») et par Philippe Randa (ancien du Parti des forces nouvelles et confodateur du bimensuel d’extrême-droite Flash infos Magazine), ainsi que le site GéoStratégie [7], le site Mecanopolis et toute une palanquée de blogs louches et plus ou moins élaborés. On y retrouve aussi tous les sites des groupuscules politiques cités plus haut, ainsi que celui du Réseau Voltaire.

Soral [8] et Dieudonné.
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Le prétendu combat contre la mondialisation
Ce n’est pas nouveau : une partie de l’extrême-droite a toujours teinté ses discours d’un pseudo-altermondialisme. Une lutte prétendue contre le capital qui, hier comme aujourd’hui, est d’abord marquée de l’obsession antisioniste : puisque les lobbys juifs sont partout et contrôlent la finance, les médias, les institutions internationales, la "résistance" (terme utilisé à toutes les sauces au sein de cette mouvance) se teinte forcément de références plus ou moins avouées à la lutte des classes et à l’anti-impérialisme. La crise n’a fait qu’encourager cette tendance à la récupération d’une partie des thèmes traditionnels de la gauche, autant parce que les groupusculaires d’extrême-droite ont senti qu’il y avait là une opportunité de rallier de nouveaux adhérents que parce que l’écroulement partiel du système financier s’intègre parfaitement dans leur schéma d’explication du monde.

Cette récupération du combat anticapitaliste est chose d’autant plus facile qu’une partie des meneurs des groupuscules de la nouvelle extrême-droite sont passés par la gauche. Ainsi de Dieudonné qui, jusqu’à la fin des années 1990, se disait partisan de la régularisation des sans-papiers, du droit de vote des immigrés et du droit au logement, ainsi qu’artiste engagé contre le Front national qu’il considérait comme un « cancer ». Ainsi - encore bien davantage - d’un Alain Soral, qui se prétend très marqué par la lecture des œuvres marxistes et fut membre du PCF de la moitié des années 1980 à 1993 : candidat de la liste antisioniste, il affirmait il y a quelques mois défendre « les travailleurs français (…) face à l’entreprise de destruction par le capitalisme mondialisé ». Ainsi - enfin - d’une Ginette Hess-Skrandani, longtemps membre des Verts avant d’en être exclue.

Quant au Centre Zahra, à La Banlieue s’exprime et aux Damnés de l’Impérialisme, c’est la lecture communautariste de la société, la prétendue défense des exclus - banlieusards et immigrés - et la revendication d’une sensibilité tiers-mondiste, le tout combiné à une vision complotiste faisant du « lobby juif » le responsable de tous les malheurs du monde, qui explique leur flirt occasionnel avec le vocable ou les valeurs de la gauche. Révélateur à cet égard est un communiqué (en date du 8 juillet) du bureau politique des Damnés de l’Impérialisme faisant part de la nomination d’un certain Thomas Demada à la tête de « sa branche francophile » :

Un “job” taillé sur pièce pour Thomas Demada, ancien responsable Grand Est d’E&R; et actuellement éducateur social dont les origines (de mère catholique-française de souche- et de père musulman d’origine bosniaque) illustrent à merveille le néo-humanisme du XXIe siècle tant prôné par le MDI, écrivent les membres du bureau politique.
Passionné des grands mouvements de libérations tiers-mondistes d’Afrique, d’Amérique-Latine ou encore du monde arabe, Demada incarne cette nouvelle génération de responsables politiques férocement attachés à l’idéal de justice et de fraternité entre les peuples.
A son image, la branche francophile s’efforcera de faire en sorte qu’amour du pays et de ses traditions ne riment plus avec détestation et sentiment de suprématie envers les autres peuples. Une éthique de l’engagement politique qui permettra désormais aux noirs, arabes et français d’ avancer à l’unisson contre l’impérialisme et le néo-colonialisme.

On s’y tromperait, n’est-ce pas ?

Oui. Et c’est bien l’intention des amis de Kémi Séba, eux qui ne souhaitent rien tant qu’entretenir la confusion. Un point que soulignent, à juste titre, les rédacteurs du dossier sur les nouveaux antisémites paru dans Barricata :

En se positionnant comme les seuls rebelles face au « système », ces mouvements renouent avec un discours teinté d’anticapitalisme et d’antisionisme qui cultive une ambiguïté malsaine. En désignant les « Juifs » comme responsables de la crise, ces associations entendent souffler sur les braises encore vivaces d’un antisémitisme historique qui ne demande qu’à reprendre corps dans la société française et sur fond de conflit israélo-palestinien parmi les populations issues de l’immigration. Le délitement des solidarités de classe remplacées dans certains quartiers par un repli communautaire ou individualiste dans un contexte de destruction des droits sociaux est un terreau propice au développement de telles idéologies.


Notes
[1] Tous les sites cités en ce billet sont linkés. Je n’ignore pas la réaction de bon nombre d’entre vous, convaincus que rien ne sert de leur faire de la publicité - même minime - en renvoyant sur leur page d’accueil. Mais il me semble indispensable de renvoyer aux sites quand on souhaite informer.

[2] « Plutôt de gauche » ? Et mon cul, c’est du poulet ?

[3] Un dossier fort complet sur ces groupuscules et sur les nouveaux antisémites a été publié dans Barricata et est consultable sur le blog antifasciste RLF-MLV : pour en lire les différentes parties, naviguez dans la liste d’articles, en bas à gauche.

[4] Ici encore, j’ai pioché dans les informations disponibles sur le site RLF-MLV. Merci à eux.

[5] Rappelons que Thierry Meyssan a notamment participé à un fort curieux voyage d’étude au Liban en 2006, organisé par Frédéric Chatillon, ancien militant du GUD, joyeuse excursion qui a vu l’animateur du Réseau voltaire arpenter les rues de Beyrouth avec Dieudonné, un conseiller régional FN et un journalisme de Minute. Oui : le complotisme mène à tout…

[6] Sacrilège des sacrilèges… Lémi, si tu lis ces lignes, tente de contenir ta fureur.

[7] Lequel propose notamment une interview du terroriste Carlos, avec cette précision en introduction : « Pour certains, c’est un terroriste condamné par la justice française à la réclusion criminelle à perpétuité, pour d’autres, il incarne la plus pure figure du soldat politique et du résistant antisioniste. »

[8] Et non Meyssan, comme indiqué précédemment par erreur.


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