Magazine Humeur

Absence

Publié le 12 juillet 2009 par Feuilly

Le stylo est soigneusement refermé afin que l'encre ne sèche point.

Dans le tiroir du bureau, je l'ai bien rangé, entre un crayon taillé avec soin et une gomme désuète.

Ensuite, j'ai fermé tous les programmes de l'ordinateur, un à un, puis j'ai tout éteint. J'ai même débranché la prise, car les orages de juillet peuvent être terribles, parfois, quand les vents venus de grand Sud viennent affronter ceux du Nord. Mille zébrures meurtrières raient alors la nuit noire, éclairant un instant nos songes et semblant nous montrer le sens caché des choses.

J'ai regardé les livres, soigneusement rangés sur leurs rayonnages, les poètes avec les poètes, les romanciers avec les romanciers. Puis la couverture jaune de Rimbaud, dans son édition des Classiques Garnier, qui tranche sur tous les autres. Je n'ai point besoin de me lever et de le prendre pour savoir que les pages en sont usées d'avoir si souvent été lues et que la reliure en est un peu fatiguée, d'avoir si souvent été ouverte. Ensuite il y a ceux qui n'arrêtent pas de nous habiter depuis qu'on les a lus, les Malcolm Lowry, les Dostoïevski, les Styron, les Garcia Marquez. Et puis Montaigne, bien sûr et Baudelaire et tous les autres. Ils sont tous là, bien présents au cœur de la nuit. Je souris en les regardant, car leur présence est rassurante. Lentement, je me lève et m'achemine vers la porte, puis j'actionne l'interrupteur. La grande nuit reprend aussitôt ses droits. Pourtant, en me retournant, il me semble encore sentir la présence des livres, comme s'ils avaient une âme qui eût flotté dans la pièce. Il suffirait d'allumer de nouveau la lampe pour qu'ils réapparaissent. Mais non. Il est tard, il faut partir. Je referme la porte sans faire de bruit et m'éloigne à pas feutrés.

A l'adresse de mon site, j'ai laissé un message pour les lecteurs et les lectrices qui viendraient flâner par ici. Ils et elles le  découvriront demain :

« Blogue en pause estivale ».

Alors eux aussi s'en iront, n'ayant plus à revenir en ce lieu maintenant désert. Mais on ne peut pas toujours écrire. Il faut vivre aussi, s'imprégner de nouvelles impressions, les intégrer, les faire siennes. Plus tard, alors, on pourra écrire sur ce que l'on a vécu, le transformer, le modifier, l'amplifier, lui donner un sens. Plus tard.

Mais si toi, lectrice, tu ne pars pas ou si toi lecteur, tu restes dans tes foyers, cela n'empêche pas le voyage intérieur. Recherche ta vérité au plus profond de toi-même et tu n'auras pas perdu ton temps. 

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