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Karachigate : l'élection présidentielle de 1995 ne connaît aucune frontière ?

Publié le 11 juillet 2009 par Omelette Seizeoeufs

Les exemples s'empilent. Ce matin je pense surtout à cet épisode où Nicolas Sarkozy a frôlé l'incident diplomatique avec le Royaume-Uni lorsqu'il s'est moqué à la télé française du plan de relance de Gordon Brown. Dans un geste typique de Berlusconi, finalement, Nicolas Sarkozy semble oublier que ses paroles puissent franchir la frontières, et même La Manche... ou encore la Méditerrannée.

Peuples s'intérrogait sur l'instrumentalisation de l'affaire des moines de Tibéhirine pour au moins brouiller les pistes sur Karachigate. Et il n'est pas le seul, car si Peuples dit « contrefeu », le Quotidien d'Oran dit « coupe feu » :

En somme, la relance de l'affaire des moines de Tibehirine a cet avantage pour Sarkozy qu'elle met en accusation ses adversaires, tout en faisant oublier celle de l'attentat de Karachi. Et peu importe qu'au passage les relations algéro-françaises en subissent l'effet destructeur.

Saura-t-on un jour si, dans ces affaires, Sarkozy et les siens oublient réellement l'existence des pays étrangers, le temps d'un coup médiatique, ou s'ils s'en foutent tout simplement, ou encore si tout cela fait partie d'une « stratégie secondaire » hyper bien conçue.

Les commentaires du Très Grand Homme (TGH) sur la question nous font pencher dans le sens de l'improvisation télévisuelle :

Nicolas Sarkozy a affirmé que ses rapports avec son homologue Abdelaziz Bouteflika n'en étaient pas affectés. "Pourquoi voudriez-vous qu'avec le président algérien mes relations s'en trouvent bouleversées? La justice est saisie, que la justice dise la vérité", s'est-il exclamé. "Moi, je m'en tiens quand même au communiqué, je crois numéro 44, du GIA en 1996 revendiquant l'assassinat des moines", a-t-il dit.

Quelle bourde diplomatique ? Moi ? (Sans commenter le fait que le TGH parle de « La Justice » sans même mentionner qu'il pense à la justice française, un détail qui en général a une certaine importance dans les relations internationales, et à plus forte raison dans les relations d'un pays avec ses anciennes colonies...) Pour le coup, l'effet de la vérité pourrait être intéressant, tant à l'époque le doute planait sur chaque massacre commis en principe par le GIA. L'hypothèse de l'implication du pouvoir avait à l'époque de sérieux arguments, et on comprend très bien que certains ne souhaitent pas rouvrir le dossier. (J'ajoute que l'on va jusqu'à supposer que Boutéflika tirer profite de la situation : Libération se demande si finalement cette histoire n'arrange pas Boutéflika qui chercherait à déstabiliser légèrement sa propre armée.)

Remarquons, au passage, cette thématique essentielle, à Karachi comme en Algérie : la possibilité, à chaque fois, que tel attentat « terroriste » soit en réalité organisé par des militaires. Je comprends mieux que Bigard ait des doutes sur 11 septembre, à force de fréquenter les couloirs du pouvoir. [Edit: phrase modifiée pour indiquer que je ne me suis pas converti au bigardisme.]

Du simple "contrefeu" médiatique, nous sommes à nouveau au bord de l'incident diplomatique, voire avec la déstabilisation d'un régime voisin. Nicolas Sarkozy n'est plus seulement Ministre du Budget ou directeur de campagne d'un candidat malheureux ; soudain (si c'est bien le cas) les manoeuvres dans la guerre des clans opposant chiraquiens et balladuriens s'emballent avec des conséquences qui dépassent largement l'investiture à l'élection présidentielle de... 1995.

Il est difficile dans ces circonstance, et en cherchant à comprendre un peu, de ne pas se laisser aller dans le sens des complots et des contre-complots, aussi « grotesque » que cela puisse paraître. L'épisode Tibéhrine de Karachigate semble confirmer le fait que, pour règler les comptes aux uns et aux autres, les « chiraquiens » et les « balladuriens » restent, encore aujourd'hui, prêts à aller très loin, aussi bien dans la torsion des coups, mais loin, géographiquement, se servant des pays du sud pour règler leurs petites affaires parisiennes.


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