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Etude de cas : Hisselande

Publié le 14 juillet 2009 par Dangelsteph

Etude de cas : Hisselande L’Islande avait une histoire qu’elle croyait être bonne : celle de la meilleure élève de la « narrative » libérale.

Agricole au Moyen-Age, terre de pêche aux 19ème et 20ème siècles, l’île avait troqué ses poissons contre des banquiers dans les années 90. La magie des crédits et des placements faciles avait remplacé celle des elfes et de la mythologie scandinave. Des illusions auxquelles le pays a cru parce qu’il en avait envie (trop facile d’incriminer uniquement les illusionnistes, qui ne seraient rien s’il n’y avait pas un public pour croire à leurs trucs).

Sauf que la narrative en question était une fiction.

Aujourd’hui, le système bancaire du pays s’est effondré. Les principales banques ont dû être nationalisées pour leur éviter la faillite. La couronne islandaise a perdu la moitié de sa valeur en moins d’1 an ½.

La Bourse : -94 % de sa valeur en 2008. Les achats de voitures : -92 % sur les premiers mois de l’année 2009. Du plein emploi au chômage à 10 %. L’électricité, dont le prix est indexé sur l’aluminium ((en chute) est vendue à perte.

Même le cours du poisson est bancal.

Et la dette du pays représente 10 fois son PIB.


Les Islandais ont voulu rattraper ce qu’ils considèrent comme un retard de leur île par rapport au développement de leurs voisins, eux dont les grands-parents vivaient encore dans des maisons en tourbe, et ils ont raté leur coup.

Ils auraient réussi que l’île serait devenue une icône des pays en voie de développement. L’Islande aurait été dans la lignée de ce que pouvait dire il y a 25 ans un Jean-Jacques Servan-Schreiber. Il conseillait en effet à l’époque aux pays en question de sauter l’ère industrielle pour entrer directement dans l’ère tertiaire.

Et bien ça a raté.

Les Islandais en sont les premiers conscients, eux qui ont manifesté leur révolte au son des casseroles devant le bâtiment du Parlement pendant 17 semaines consécutives, alors que le mot grève était ici pratiquement une insulte. Jusque là.


Aujourd’hui, c’est d’une nouvelle histoire dont l’île a besoin. L’argent du FMI n’est qu’un placébo. Les problèmes de fond subsisteront.

De quelle histoire pourrait-il s’agir ?

Une chose est sûre, elle ne pourra venir que directement du cœur des Islandais.

 
Quelques caractéristiques spécifiques de la société islandaise :
- en Islande, on ne se plaint pas, c’est un péché mortel
- les Islandais se considèrent comme de grands ados -le pays est jeune, indépendant depuis seulement 1944-, avec une immaturité assumée.

A partir de là, les Islandais ont déjà commencé à explorer plusieurs pistes pour vivre une nouvelle histoire :

- la piste des racines : on a d’abord pensé (pas longtemps) à la filière de la pêche à la baleine puis au folklore islandais (avec elfes et volcans), mais l’idée d’une espèce de zoo n’avait rien de très emballant.

- Mettre les artistes dans le coup ? Leur créativité pourrait-elle reconstruire une histoire ? Les artistes islandais y croient. Les mécènes de l’art islandais, eux, sont en plein dans la crise.

Plus convaincant, deux initiatives :
- Celle de Gudjon Gudjohnson, un jeune entrepreneur : il a créé le Ministère des Idées, qui appelle les Islandais à imaginer un nouveau modèle de société.
- Celle de la célèbre chanteuse Björk : elle a créé un fonds pour investir dans des activités qui introduisent des valeurs féminines dans le monde de la finance.

Et si la piste était celle-ci ? Celle d’un laboratoire d’idées expérimentées pour de vrai, testées sur cet échantillon d’Europe qu’est l’Islande. Cela pourrait fonctionner pour peu que ce soient les Islandais qui maîtrisent le processus et ne soient pas que des cobayes.
Ce serait un saut dans le vide à la Carlos Castaneda, c'est-à-dire que pour éviter de s’écraser au sol, il faut au cours de la chute accéder à une nouvelle forme de réalité.
Un geste désespéré ? Que risquent les Islandais ? D’après les observateurs, aucun de leurs hommes politiques n’ose leur avouer que les choses vont aller en empirant.

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