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Quand la bio fait du saut à l’élastique

Publié le 14 juillet 2009 par Ecosapiens

Actimincyl

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Précisions liminaires:

Je respecte l’agriculture biologique et la défendrai évidemment parce que c’est le bon sens même, face à ce qu’est devenu l’agriculture industrialisée d’aujourd’hui.

Je trouve le logo AB pertinent, fiable et le fait qu’il ait été malmené ces temps-ci par la législation européenne ne doit pas nous faire oublier que ce sont tous les autres produits qui plutôt devraient être étiquetés « issus de l’agriculture industrielle" .

Je suis conscient de la difficulté qu’il y a à s’ouvrir sans se réduire

Souvent quand on me dit que la bio c’est cher, j’aime à répondre que oui c’est cher… en supermarché.

Malines, les grandes surfaces. Mais grossières aussi quand on voit leurs étals de fruits et légumes bio bourrés de plastique. Chaque pamplemousse est coincé dans son blister. Le concombre attendra la délivrance par un coup de cutter robuste. Le volume de votre pomme concurrence celui de sa boite en plastique rigide.

On nage en plein délire. Et bien sûr, vous aurez le kiwi bio de Nouvelle-Zélande, par 4, suffoquant dans leur sachet de polyéthylène. Mais le kiwi bio, on en a déjà parlé. Evidemment, ce suremballage est assumé au nom de la sacro-sainte hygiène.

« C’est pour que les fruits et légumes bio de supermarché ne soient pas en contact avec leurs cousins tâchés de pesticides» . m-a-t’on expliqué une fois du tac au tac.

Parce que quand je tripote tel raisin ou telle pomme pas bio, je me mets du captane et du phosalone plein les mains ?
Drôle d’aveu tout de même…

Quant aux magasins bio spécialisés, il y a une règle empirique qui dit que plus on trouve d’arguments diététiques, plus c’est cher. Le riz en vrac de Biocoop, c’est bio, sain et abordable. Mais la barre nutritionnelle au jus d’herbe et de bouleau enrichi aux extraits de pamplemousse, c’est un peu plus au kilo. A vous de choisir.

La perle rare de cette dérive a été photographiée par mon cousin à qui je dédie ce billet. Lui aussi soutient l’agriculture biologique, biodynamique, la permaculture, les semences traditionnelles. Lui aussi reste perplexe devant ces produits bio qui ressemblent à des guirlandes de Noël.

Zoomez la photo et vous verrez cet argument marketing digne d’une massue néanderthalienne: « OFFERT: une corde à sauter électronique" .

Ladite corde trône grassouillettement dans un généreux enroulement de cellophane .

On lit aussi « A la caféïne qui favorise l’action»  (ça ne mange pas de pain… et au moins, on avait remarqué que ca ne favorisait pas la reflexion !)

« Brûle graisse» . Belle image. On se demande tout de même où il va falloir évacuer ces huiles usagées.

« Délicieux goût Cacao» . C’est-y pas génial de pouvoir brûler ses graisses avec un délicieux goût cacao dans la bouche ?

Et, poncif des poncifs pour le marketing: « Nouveau»  en rouge et en haut à gauche. Obligatoire selon les cours de marketing des années 70.

Une seule chose à dire: avec ce tissu d’arguments captieux, est-on encore dans l’esprit de la bio ? Manger bio, c’est prendre soin de soi et du sol. C’est le rappel que homme vient de humus. Et humilité aussi d’ailleurs.

Amis de la bio, si vous avez vraiment besoin d’une corde à sauter, plutôt que de vous laisser séduire par ce nouveau packaging, empruntez celle de votre petite cousine.


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