Ils se sont massés nombreux sur les trottoirs des Champs-Élysées ce matin pour regarder passer la troupe. Ils ont applaudi au passage des armées au pas cadencé, ils ont agité des drapeaux quand les blindés ont grondé sur le pavé de l'avenue, ils ont levé des yeux admiratifs quand les avions ont sifflé dans le ciel parisien.
Tassés contre les barrières, agglutinés aux mâts des éclairages publics, grimpés sur des tabourets amenés par eux tout exprès, ils se sont réjouis du défilé militaire, ils ont tenté de scruter la tribune officielle pour au-delà des gradés à la parade repérer untel ou unetelle, ministres et président.
Gavés et heureux ils sont rentrés chez eux, branché la télévision et honni le présentateur du JT qui leur présentait un nouveau reportage sur la guerre en Irak ou en Afghanistan, la répression musclée contre une minorité ethnique en Chine.
Badauds aux yeux brillants, au visage béat,
Qui acclamez quand passent de jeunes soldats,
Filez et priez de ne jamais voir l'horreur
De l'Enfer où leur jeunesse et leur rire meurent.
Siegfried Sassoon Poèmes de guerre
Jeu de briques
Snake
Pacman
Bubble