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LES MODES LITURGIQUES
Chacun est ainsi livré à soi-même, et l'attitude des prêtres découle tout naturellement, mais ce qui étrange c'est que cela est général, de ce qui précède. Alors, on suit la « mode ».
L'amict a disparu comme par enchantement, et les jeunes ne savent pas ce que c'est. Pour célébrer la Sainte Messe, il faut donc une aube au col montant qui cache le col de la
chemise, une aube « monacale ». Les aubes traditionnelles ne peuvent plus servir. De plus leurs supérieurs, leurs formateurs, les prêtres plus âgés qu'eux, ont choisi cette forme d'aube,
ample, ce que j'appelle « l'aube Prénatal », sans le cordon.
Sans le cordon ! Et pourtant, là aussi il y avait une prière qui servait de rappel des engagements sacerdotaux : « Praecínge me, Dómine, cingulo puritátis, et extíngue
in lumbis meis humórem libídinis; ut máneat in me virtus continéntiae et castitátis ».
(Ceignez-moi, ô Seigneur, du cordon de la pureté, et éteignez dans mes reins l'ardeur de la concupiscence, pour que demeure en moi la vertu de la continence et de la chasteté)
Comment s'étonner des « erreurs de parcours » ?
Et il en est ainsi pour beaucoup de choses : on suit la mode, par crainte d'être jugé par les autres, par ignorance de ce qui se faisait auparavant, pour ne pas être considéré
comme rétrograde, préconciliaire. Qui utilise encorE le voile dont on recouvrait le calice ? Et pourtant il n'a pas été supprimé ! Il est « ad libitum ». Mais personne ne s'en sert, comme s'il
gênait.
La lettre du jeune prêtre danois à son Supérieur de séminaire, que j'évoquais précédemment, laisse perplexe et fait réfléchir. Ne pas avoir appris à célébrer la sainte Messe !
Chacun, alors, exprime sa foi comme il le sent, avec sa propre sensibilité, ou fait comme font les autres prêtres qui ont quelques années de plus d'ordination.
Réciter la Prière Eucharistique en regardant l'assistance, de mémoire : « Père infiniment bon, Toi vers qui montent nos louanges, nous Te supplions... ». « Toi qui es
vraiment Saint... ». « Tu es vraiment Saint Dieu de l'univers... » : C'est à Dieu en personne que le prêtre parle, et pas à la foule !
De même, à la Consécration, quand le prêtre prononce les paroles sacrées : « Ceci est Mon Corps, Ceci est mon Sang », pourquoi élever l'Hostie et le calice en disant ces
paroles « in persona Christi » et les présenter aux fidèles ? Le Mystère de la Foi est là : le prêtre s'incline, il « disparaît », et c'est le Christ qui prend sa place et prononce, par
son intermédiaire ces Paroles Sacrées. Tout se passe sur l'autel, je dirais, entre le prêtre et Jésus-Christ, tout est accompli par Jésus-Christ, par l'intermédiaire du prêtre qui est son
instrument, qui lui prête ses lèvres, sa voix, toute sa personne, pour Le rendre présent au moment de Son Sacrifice.
Le risque est grand, pour les prêtres, pour les jeunes prêtres, et même pour les prêtres plus âgés, que, avec le temps, ils ne se rendent plus compte de ce qui se passe sur l'autel,
de ce qu'ils font, de ce qu'ils disent, de Celui auquel ils s'adressent, de Celui qui intervient, qui se rend présent ! [A SUIVRE]
MGR J. MASSON