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Le système éducatif doit-il être uniformisé ?

Publié le 17 juillet 2009 par Careagit
Cela fait un moment que l'idée de ce billet me taquine. Il y a plusieurs semaines, déjà, Le Privilégié et mon compète libéral footeux, Rubin, avaient couché sur le papier leurs critiques et leurs idées à propos du système éducatif français et du bien fondé de cet objectif, "amener 50% d'une classe d'âge à la lience". J'avais alors exprimé mon souhait de rédiger une note sur le sujet pour participer au débat, les diverses occupations et un agenda pas mal rempli ont retardé l'échéance.
Ce débat de la démocratisation du système éducatif nous renvoie en arrière, à l'époque où Chevénement avait exprimé le souhait de mener 80% d'une classe d'âge au baccalauréat. Disons le tout de suite, ces objectifs chiffrés d'attribution du diplôme ne me sont pas sympathiques, car ils ne servent à rien d'autres qu'à fonder les discours d'auto-congratulations des politiques et des membres du système éducatif lui même. Tout un chacun sait que derrière ces chiffres officiels, se cachent en fait des disparités de traitement, profondes et parfois irrémédiables.
C'est un avis personnel, je ne porte pas dans mon coeur, non plus, le concept de démocratisation du système scolaire ou d'un niveau de diplôme, simplement car le marché du travail demeure, comme son nom l'indique, un marché, sur lequel sont récompensés les profils rares et duquel sont expulsés des vagues de diplômés "démocratisés". Derrière le mot "démocratisation" se cache en fait le concept de "généralisation" dont découle celui "d'uniformisation". Or il s'avère qu'une uniformisation à outrance entraîne bien souvent la perte de qualité et de reconnaissance. Ce qui est rare est cher, le bon vieil adage semble donc ici, fonctionner à plein. Prenez donc l'Histoire de notre pays, contemplez dont les CV de nos parents et grands parents. Tout choses égales par ailleurs (santé du marché du travail notamment), lorsqu'il fallait hier le baccalauréat pour décrocher un job, il faut aujourd'hui présenter un Bac+2 minimum pour le même poste, la différence ne se creusant qu'avec un Bac+3 (et encore, fortement teinté par l'expérience en apprentissage par exemple) puis un Bac+5, 8 etc... Si la "généralité" devient demain le niveau "Licence", comme le bac est aujourd'hui la "généralité", le système progressera par le haut, comme toujours. Il faudra donc toujours plus de diplômes pour se démarquer de "la généralité démocratisée".
Trop souvent, l'on s'efforce d'oublier que la réussite, ou non, d'un parcours scolaire se mesure à la rapidité et à la qualité des postes trouvés à la sortie. Oui, disons le haut et fort, le meilleur indicateur qui puisse exister pour mesurer l'efficacité de notre système éducatif est le niveau du chômage des jeunes. Forcément là, on est beaucoup moins fier. Une filière qui formera aujourd'hui des plombiers est à mon sens, bien plus pertinente et intéressante à financer et à soutenir qu'un Master en je ne sais-quelles-sciences-de-l'art-moderne. Nicolas Sarkozy a exprimé il y a deux jours un avis similaire, je ne peux que m'en réjouir. Il faut profondément modifier les manières de penser la compétence en France en glissant peu à peu d'une reconnaissance du bout de papier qu'est le diplôme à la reconnaissance de l'expérience accumulée. De ce point de vue, le type de formation "par apprentissage" demeure un concept encore largement sous exploité.
Ces points abordés, demeure ensuite la question du niveau de formation moyen que l'on souhaite attribuer à une classe d'âge. En d'autres termes, où doit on placer les premières barrières sélectives qui feront la qualité des diplômes attribués tout en n'abandonnant pas les recalés ? A mon sens, le système actuel n'est pas si mauvais que cela puisqu'il instaure dès l'adolescence, différentes options qui permettent à l'individu quel qu'il soit, de suivre une formation a sa convenance (alternance, professionalisation...). Regrettons simplement qu'il n'existe pas plus de passerelles permettant le retour en tronc commun à différentes étapes du processus de formation.
Au final, et pour répondre au Privilégié, je ne crois pas qu'il soit très censé de mener l'essentiel d'une classe d'âge à la licence pour les raisons exprimées ci-dessus. A vrai dire je ne suis pas un spécialiste de l'éducation mais en tant que citoyen, il me semble que plusieurs orientations devraient être prises afin d'améliorer quelque peu la valeur de notre système éducatif et l'employabilité des jeunes diplômés dans les entreprises.
Ne pas hésiter à mettre le paquet sur l'apprentissage, concept profondément formateur pour les étudiants et ce, à différents niveaux de cursus (Bac, Lience, Master). Ouvrir les champs de compétences de filières en favorisant les profils pluriels et variés. Demain, la compétence transversale sera reine. Ne jamais décoller les statistiques éducatives (réussite, diplômés...) de celles du marché du travail (salaires d'embauche, type de contrat, secteur d'activité) de sorte à établir des objectifs clairs et visibles par les étudiants qui s'engagent dans les filières. Grâce aux historiques, a la conjoncture et aux avis de spécialistes, il ne faut plus hésiter à jouer de concours pour réduire la taille de filières qui débouchent majoritairement sur l'échec ou le chômage (Comment se fait-il que des milliers d'étudiants puissent encore entrer aussi facilement dans les filières STAPS ou Psycho ?). Il faut rapidement faire cesser cette hérésie qui, au nom de la démocratisation du savoir et du fort rejet du concept de sélection, fait perdre tant de temps à des vagues entières d'étudiants.
Il y a encore beaucoup à dire sur ce sujet. Ces questions ne sont, en réalité, jamais pleinement résolues. Le débat continue donc, si vous le souhaitez, en commentaires.

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LES COMMENTAIRES (2)

Par thormich
posté le 31 janvier à 22:38
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bonjour un simple commentaire au sujet de la dernière partie de l'article à propos de la phrase suivante :il ne faut plus hésiter à jouer de concours pour réduire la taille de filières qui débouchent majoritairement sur l'échec ou le chômage Comment se fait-il que des milliers d'étudiants puissent encore entrer aussi facilement dans les filières STAPS ou Psycho ?) Enseignant en STAPS, je voudrai simplement vous renoyer à une nouvelle étude du Centre d’Etudes et de Recherche sur les Qualifications (parue en novembre 2008) qui souligne une professionnalisation à 97% des étudiants se trouvant en licence STAPS. C’est la seconde voie universitaire française en terme de débouchés professionnels ! Le salaire médian des travailleurs STAPS est de 1 500€. Il ne faut pas véhiculer des informations erronées souvent basées sur de vieilles croyances qui nous font beaucoup de tords ; la filière n'est plus bouchée, il faut le dire !!!!!!

Par thormich
posté le 31 janvier à 22:38
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bonjour un simple commentaire au sujet de la dernière partie de l'article à propos de la phrase suivante :il ne faut plus hésiter à jouer de concours pour réduire la taille de filières qui débouchent majoritairement sur l'échec ou le chômage Comment se fait-il que des milliers d'étudiants puissent encore entrer aussi facilement dans les filières STAPS ou Psycho ?) Enseignant en STAPS, je voudrai simplement vous renoyer à une nouvelle étude du Centre d’Etudes et de Recherche sur les Qualifications (parue en novembre 2008) qui souligne une professionnalisation à 97% des étudiants se trouvant en licence STAPS. C’est la seconde voie universitaire française en terme de débouchés professionnels ! Le salaire médian des travailleurs STAPS est de 1 500€. Il ne faut pas véhiculer des informations erronées souvent basées sur de vieilles croyances qui nous font beaucoup de tords ; la filière n'est plus bouchée, il faut le dire !!!!!!

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