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L’éducation civique au collège

Publié le 17 juillet 2009 par Soseducation

On dit souvent que l’Éducation nationale n’enseigne aux enfants que leurs droits et pas assez leurs devoirs. En fait, cela dépend beaucoup des professeurs. Mais quand on lit les manuels d’éducation civique, le déséquilibre saute aux yeux.

Le manuel le plus caricatural en la matière est probablement le manuel Magnard de Quatrième, Histoire, Géographie et Éducation civique. La partie éducation civique est subdivisée en cinq sous-parties.

La première enseigne aux élèves toutes les libertés dont ils disposent, en insistant sur la « liberté syndicale », la « liberté de manifestation », le « droit de grève » et surtout, la « liberté d’expression », qui donne lieu à une propagande à peine voilée pour la Ligue des droits de l’homme (LDH) et Amnesty International.

La deuxième partie leur parle de leurs « droits de nature différente ». Elle s’ouvre sur une double page panoramique d’une grève de cheminots, sans qu’on comprenne bien pourquoi. En dehors du droit de vote, il est essentiellement question des « droits sociaux », du « droit au travail » (à ne pas confondre avec le droit du travail), du droit à la « protection sociale », du droit de grève et des syndicats.

La troisième partie, curieusement, s’intitule « les enjeux de l’information ». Mais la question des médias est, elle aussi, traitée sous l’angle des « droits » : le droit d’être informé, le « droit à la liberté d’opinion et d’expression », et… « le droit de surfer tranquille sur Internet ». La propagande politique n’est pas absente non plus de ce chapitre puisque, p.372, l’élève stupéfait peut lire une grande affiche de publicité qui commence par : « Bien sûr, il faut lire Le Monde, mais pourquoi ne pas s’abonner aussi à Marianne ? Non, il ne faut pas boycotter France Inter, mais pourquoi ne pas équilibrer en s’abonnant à Marianne », etc.

La quatrième partie traite de la « Justice ». Mais le contenu est toujours le même : les droits de l’homme, les droits de l’enfant, le droit de contester une décision de justice… Une double page de « débats » est consacrée à la question « Les mineurs doivent-ils être envoyés en prison ? ». Pour ceux qui auraient des doutes, la réponse est évidemment non, d’autant plus que le titre ne parle pas de « mineurs délinquants » mais de mineurs tout court, dont on ne voit pas pourquoi ils devraient être incarcérés… Y est exposé le cas particulièrement édifiant de « Guillaume », un garçon de 14 ans, coupable de tentative d’homicide. Le dialogue entre le procureur et l’éducateur de Guillaume, qui est retranscrit, est surréaliste. D’emblée, le procureur prend la défense de Guillaume : « Le cas de Guillaume est complexe : d’une part, il n’a peut-être pas voulu délibérément tuer cet homme ; d’autre part, nous connaissons les risques liés aux peines de prison prononcées en pareil cas. » Autrement dit, le procureur chargé d’accuser, défend, et souligne, non les risques que Guillaume fait courir à la société mais « les risques liés aux peines de prison ». La réponse de l’éducateur est à l’avenant. Il demande à Guillaume « d’imaginer des solutions pour réparer sa faute ». Celui-ci propose de « passer son brevet de secourisme pour pouvoir, à l’avenir, porter secours à d’éventuelles victimes. » S’il ne s’agissait pas d’un sordide fait divers, le dialogue serait du plus haut comique. Quelle image les élèves peuvent-ils conserver de la Justice, après avoir lu ça ?

La cinquième, et dernière partie, traite des « Droits de l’homme et l’Europe ». Le manuel repasse une énième fois en revue les droits de l’homme, et les droits de l’enfant pour s’arrêter ensuite longuement sur le « droit d’asile et de régularisation des clandestins ». Le chapitre est illustré par une manifestation : « Sans papiers, sans logis, sans emploi, tous ensemble pour les mêmes droits ! » organisée par l’association Droits devant.

On l’aura compris, l’éducation civique n’a donc aucun rapport, même lointain, avec l’enseignement du civisme. Le terme a pourtant été choisi pour entretenir la confusion dans la tête des parents et des grands-parents, qui s’imaginent encore que leurs enfants apprennent, en cours d’éducation civique, le respect des lois et, osons le mot, les vertus civiques.

Vincent Laarman, délégué général de SOS Éducation


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