La Chambre Syndicale des Organismes de Formation en Alternance (CSOFA) a été créée à l’initiative de centres de formation et a pour vocation principale la promotion de l’alternance et la mise en œuvre des contrats de professionnalisation. Entretien avec son président, M. Xavier Baux.
La crise économique va-t-elle rendre les entreprises plus frileuses vis-à-vis des jeunes en contrat de professionnalisation ?
X.B. : Si l’on en croit l’actualité immédiate, comme les annonces prospectives qui nous sont faites, c’est tout l’emploi qui souffre de la crise, et l’on sait que, quand l’emploi recule, les jeunes peinent plus encore que les autres catégories de population. On peut donc craindre effectivement une frilosité. Toutefois, on sait aussi, par expérience, que les périodes difficiles n’impactent pas les contrats en alternance d’une manière simple, prévisible et directe. En période difficile, le recours à la formation d’un jeune dans le cadre de l’alternance peut être une solution intéressante pour nombre d’employeurs. Les mesures annoncées et les mouvements en cours peuvent aussi donner un caractère attractif à l’alternance. En général, l’alternance a presque toujours montré, ce qui est normal pour une arme anti chômage, qu’elle résistait plutôt bien.
Des secteurs divers et variés s’ouvrent désormais à l’alternance. Quels sont ceux qui embauchent le plus d’étudiants en contrat de professionnalisation ?
X. B. : Le tertiaire en général, ce qui procède d’une certaine logique, mais les choses peuvent varier d’une année à l’autre en fonction de l’actualité économique, sociale ou politique. C’est aussi la raison pour laquelle nous sommes d’ardents défenseurs des contrats diplômants et des formations interprofessionnelles. L’alternance a formé des commerciaux, des comptables, des informaticiens, des assistants, des administratifs, des communicants, des gestionnaires, etc. qui peuvent passer d’un secteur à l’autre. La période que nous vivons montre à quel point cette mobilité est importante.
Quelles devraient être les priorités pour augmenter le nombre de contrats de professionnalisation ?
X.B. : Les priorités sont simples :
- faire en sorte qu’il n’y ait plus de contrats non financés parce qu’une politique de branche s’y oppose. Nous souhaitons, à la CSOFA, qu’il n’y ait plus de « contrats orphelins ». Nous avons plaidé pour cela à l’Elysée, au Sénat, auprès de M. Hirsch. Le fonds de sécurisation des parcours ou les OPCA interprofessionnels peuvent financer ce que les Opca de branches ne veulent pas financer.
- Rendre, si possible par un texte de loi, les possibilités de contrats diplômants pérennes en ne les faisant plus dépendre de dérogations.
- Remettre au moins un peu d’incitation économique pour les employeurs dans un dispositif plus que jamais indispensable ...
A l’avenir, comment envisagez-vous l’évolution du contrat de professionnalisation ?
X.B. : Un sondage national CSOFA-TNS Sofres l’indique de façon éclatante : les jeunes veulent pouvoir passer des diplômes par le biais du contrat de professionnalisation et souhaitent que le système soit ouvert et dynamisé par l’Etat. La CSOFA, mais aussi les employeurs que nous rencontrons tous les jours désirent que le contrat de professionnalisation soit simplifié, ouvert à tous ceux qui veulent s’y engager, qualifiant ET diplômant, pérennisé, lisible pour les jeunes et les employeurs. C’est au fond une vision de bon sens. Est-ce, pour autant, ce que nous lisons dans la boule de cristal ? Je ne sais pas...comme les adhérents de la CSOFA, nous défendons un mode de formation peu coûteux, efficace, qui a satisfait ceux qui l’ont utilisé dans nos centres. Nous savons donc ce que veulent les acteurs de l’alternance, employeurs, jeunes, organismes... en revanche nous ne lisons pas dans l’avenir !