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À bord du New Camelia

Publié le 17 juillet 2009 par Jean-Michel Frappier

Les poches dépouillées de tous nos derniers yens pour payer de justesse les frais de douane, on monte enfin à bord du ferry, le New Camelia, qui nous mènera vers la Corée du Sud.

Les billets les moins chers nous donnent quand même accès à une cabine avec couchette, ou plutôt un tatami que l'on peut installer où bon nous semble dans la pièce. On y dépose nos sacs puis on part explorer les alentours. Sur les 522 passagers à bord, plus des trois quarts ont moins de 13 ans, portent des suits de jogging fluos identiques et courent, surexcités, dans tous les sens en criant à tue-tête. Le seul moment où ils se calment un peu, c'est quand ils nous aperçoivent. Confus, ils arrêtent subitement leur course folle, nous pointent du doigt et rigolent entre eux. Il faut dire que parmi les 522 passagers asiatiques, 2 occidentaux ça détonne un peu!

On sort sur le pont pour prendre l'air, mais il y a un vent terrible qui secoue dangereusement l'imposant navire de vingt mille tonnes. Comme on ne veut pas s'envoler ou être retrouvés noyés dans la mer de l'est, on retourne rapidement à l'intérieur, un peu inquiets malgré l'allure sécuritaire du bateau. En passant, qu'est-il arrivé au Old Camelia?

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Le chemin du retour vers la cabine se fait en zigzaguant au rythme des vagues d'un bord à l'autre du corridor. Notre compartiment est toujours vide excepté quelques valises laissées là par les autres occupants. On étend notre tatami sur le sol. Bercés par la mer, on s'endort rapidement.

À notre réveil, on n'est plus seul dans la cabine. On devait dormir profondément, parce que toute une famille mange juste à nos côtés et on ne s'en est même pas aperçu.

Konnichiwa petite famille discrète.

La plus jeune de la famille nous répond dans un anglais impeccable et toute la famille semble très impressionnée. Surtout le père, qui fortement ému, tente de retenir une larme. Les études au Canada ont porté fruit, tout cet argent n'a pas été dépensé en vain. On voit toute la fierté dans ses yeux, c'est la première fois qu'il entend parler sa fille en anglais.

Comme la plupart des asiatiques qui étudient l'anglais, elle s'est choisie un nom anglophone pour faciliter les choses. Ça fait toujours drôle de rencontrer un Jack, un Bob, une Anne ou dans le cas présent, une Sarah qui n'a vraiment pas l'air d'une Sarah! Elle traduit notre conversation avec toute sa famille pour le reste du trajet qui aura duré près de 13 heures au total. Elle a adoré le froid du Canada, la nourriture, l'ouverture d'esprit et les magasins Aldo! Comme nous, elle a la piqure du voyage et reviens du Pérou. Elle a justement un souvenir parfait à nous offrir en cadeau, une tuque péruvienne. Ça tombe bien, il fait froid en Corée! Sa mère a des sachets chauffants pour nos souliers et son père, des pastilles pour notre gorge. Sa tante, elle, nous donne encore plus de sachets chauffants parce qu’il fait très très froid en Corée! On commence à être nerveux, on n’avait pas prévu ça, le froid, en faisant nos bagages.

Un peu mal à l'aise d'avoir reçu tant de cadeaux sans avoir rien à partager avec eux, on fait la promesse que l'on fait toujours dans ces moments-là. Si vous venez au Québec, passez par chez nous! Le problème, c'est qu'on n'est jamais là. On va rire le jour où nos parents vont nous écrire en panique : eh, vous deux, pourquoi y' a un bus de Japonais devant notre maison?

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