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fictions de Nelli David

Publié le 18 juillet 2009 par Lironjeremy
fictions de Nelli David

Des fictions plastiques se tissent dans l’espace et nous regardons faire.Au sol une concrétion de plâtre à l’allure de mollusque s’équilibre sur quelque chose qui ressemble de loin à une éponge Spontex mais pourrait être aussi bien un bout de bois peint partiellement. Une bande approximative de papier mauve fixée sans précaution au sol avec de mauvais bouts de scotch évoque en travers de la pièce un déplacement à la manière de la bave des escargots racontant leurs laborieuses échappées. On croit surprendre des désirs ambitieux, une volonté délicate au sein des objets même. Ailleurs d’autres choses s’équilibrent un peu pareillement. Des fragments, des morceaux, des amas tenus dans des situations négligées et exactes. Tout « est » sommairement, fragilement. On ne sait pas bien si on assiste à un monde qui se délite et termine (un peu comme une fonte des glaces) ou au contraire à un monde qui s’agrège progressivement et confusément, à un théâtre primordial. On se demande si, comme Michelet évoquant la mer, à rester immobile un moment on ne verrait pas finalement la salle grouiller de milles vies discrètes, les choses se faire ou se défaire. Les assemblages sont si bien tenus entre ces deux extrêmes de l’écroulement ou de la genèse qu’il en reste une impression de trouble, de suspend, de confusion. Encore une fois, une torpeur animale. On attend en quelque sorte que quelque chose joue, à moins que quelque chose se soit déjà joué, ou bien encore la chose se joue déjà sous nos yeux sans que nous puissions en repérer l’intrigue. Nelli David présentait il y a quelques année une installation : « il y a un théâtre que plusieurs metteurs en scène investissent à la fois. Leurs intentions sont vagues. On dirait qu’ils jouent avec nos attentes. » ça me fait penser à Brecht. Sont-ils déjà entrain de représenter quelque chose ou font-ils toujours « semblant de jouer » ? Je pense à une phrase de Goethe que je voudrais retrouver : un buisson tapis, la myrte se dresse, immobile…Situation indécise, tendue vers le mystère d’une présence nue et fragile.


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