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La connerie du système épinglée à partir d’un seul titre : économies d’énergie… persona non grata à EDF

Publié le 20 juillet 2009 par Kamizole

facture-edf-voltalis.1248055115.jpgQuand j’ai aperçu le titre de Libé EDF va être indemnisé pour les économies d’énergie de ses clients j’ai lancé un «quoi !»… j’ai beau savoir que le monde ultralibéralisé ne tourne pas rond, il devient chaque jour plus qu’évident qu’il tourne plus qu’à l’envers. Nonobstant la crise et/ou à cause d’elle, va savoir…

J’appartiens à une génération, née juste après la guerre, où il était – encore - de bon ton d’être économe. Les salaires restaient modestes dans la plupart des couches sociales. Mes parents avaient beau être tous les deux cadres moyens j’ai le souvenir que dans mon enfance les notes de chauffage – livraisons de bois et charbon – constituaient une dépense importante qui leur causait beaucoup de soucis.

De même, quand nous eûmes – tardivement – le télé-phone. Pas question de notes faramineuses. C’était un outil de communication fort utile mais sûrement pas de bavardage. Encore qu’à l’époque les communications locales, quelque fût leur durée, ne coûtaient qu’une unité.

Le nucléaire aidant, EDF se lança dans une politique de débauche de la consommation, avec des tarifs incitatifs à la clé : plus vous consommiez, moins vous payiez. Juste freinée dans les années 73-85 par les «chocs pétroliers» : à défaut de pétrole, il fallait avoir des idées pour éviter le «gaspi»

Les politiques d’économie d’énergie ont subi des fluctuations complètement aberrantes. A certaines époques, les travaux d’isolation furent déductibles en partie des impôts, ensuite cela fut abandonné : le pétrole était redevenu très peu cher. Déductions fiscales ou pas, nous n’en poursuivîmes pas moins les travaux pour abaisser les frais de chauffage.

Ce fut long – Paris ne s’est pas construit en un jour ! – dispendieux et laborieux – beaucoup «d’huile de coude» ! – mais je ne regrette rien. L’isolation est presque achevée… Quand je me suis installée ici en 1983, les fenêtres étaient quasi «virtuelles», ironisais-je – pensant à Rimbaud et ses poches virtuelles - et la soupente des toits était si mince que je disais avec non moins d’ironie que «je chauffais l’air de Montmorency»… Quant au chauffage, j’ai essayé beaucoup de solutions plus dispendieuses les unes que les autres, des convecteurs radiants au vieux bon «Butagaz», jusqu’à ce que j’opte pour des radiateurs à bain d’huile. Très économes.

De la même manière que chaque fois que c’est possible, j’achète des lampes à «économie d’énergie» et que quitte à payer plus cher, quand j’ai dû remplacer la machine à laver ou le frigo-congélateur, j’ai choisi des appareils peu gourmands en eau et en électricité. Cela ne s’inscrit pas seulement dans une démarche écolo qui est la mienne depuis 40 ans mais répond aussi à l’idée d’économie bien comprise : diminuer le montant des factures.

Or, il semble bien qu’EDF veuille avoir «le beurre, l’argent du beurre et le sourire de la crémière» selon le titre du blog de Jean-Marcel Bouguereau dans Libération concernant la prétention d’EDF à augmenter ses tarifs de 20 % en 3 ans. J’en reparlerais quand j’aurais un peu plus de temps car le sujet mérite amplement que l’on s’y attardât : un vrai scandale de l’ultralibéralisme déjanté.

Lire l’article de Libé me conforte dans l’idée qui m’était venue à la seule lecture du titre : bientôt nous serons taxés si nous ne consommons pas assez d’électricité… Cela peut ressembler à une boutade mais j’ai aussitôt pensé que l’on nous ferait payer une sorte «d’éco-taxe» aussi farfelue que tout ce qui sort de l’imagination débordante de Jean-Louis Borloo – «Monsieur taxes» du gouvernement et de l’UMP.

Ben, oui quoi ! Une taxe sur les lampes à économie d’énergie, une autre chaque fois que nous achèterons un appareil de «classe A», etc… Faut bien renflouer les caisses d’EDF !

Je n’invente rien : «L’opérateur Voltalis, qui commercia-lise des boîtiers permettant de réduire la consommation d’électricité, va devoir verser une indemnisation à EDF pour compenser le manque à gagner»… Décision sortie tout droit d’une délibération de la Commission de régulation de l’énergie (CRE) datée du 9 juillet et qui vient d’être publiée : «la loi impose que Voltalis rému-nère les fournisseurs «pour l’énergie injectée mais non consommée par ses clients»… Pure connerie en branche !

Si la loi est aussi aberrante, il faut la modifier. Que veut bien dire «l’énergie injectée mais non consommée par les clients» ? Sinon qu’EDF produit et que le client DOIT consommer… La liberté des uns est dictature pour les autres.

Serais-je «punie» si je n’ouvre pas toutes grandes les vannes à consommer de l’électricité ? Si je suis absente pendant longtemps, si je veille à ne pas laisser inconsidérément des lampes allumées – fussent-elles précisément à économie d’énergie – dans une pièce où je ne suis pas, si je contrôle la température des radiateurs en fonction du froid, si je ne tire pas trop sur le ballon d’eau chaude, etc… ?

Selon Voltalis, «Les fournisseurs alternatifs d’électricité (Direct Energie, GDF Suez, Poweo…) se sont joints à la requête d’EDF, mais les clients concernés sont majori-tairement chez EDF» et «Le niveau de cette «taxe», qui «devrait entrer en vigueur d’ici un an au plus tard» n’a pas encore été fixé». L’opérateur qui se réserve «la possibilité de recourir à toutes les voies de droit pour contester cette décision» observe «qu’elle est contraire à l’intérêt du consommateur et constitue une entrave à la concurrence».

Quelle concurrence ? EDF vend de l’électricité à ses concurrents qui la facturent à leurs clients selon leur seul intérêt. Pour appâter les clients, ils en modèrent le montant, quitte à les assommer plus tard. Aucune transparence quant aux tarifs facturés par EDF à ces fournisseurs. Certainement pas au même coût que celui facturé pour le Kw/h à ses clients.

Quant à EDF, l’opérateur national se défausse totale-ment en ne souhaitant pas «commenter une décision de la CRE qui est une autorité souveraine et indépendante» en rappelant – la langue dans la joue ? – «que l’entre-prise est résolument engagée en faveur de la maîtrise d’énergie auprès de ses clients»… On voit comme !

Je donnerais plus sûrement raison au réseau écologiste «Sortir du nucléaire» qui exprime sa «plus grande colère» face à cette «décision sidérante de la Commission de régulation de l’énergie (CRE) qui entend imposer une véritable taxe sur les économies d’énergie»

«A ce compte, il va bientôt être obligatoire en France de consommer beaucoup d’électricité, sous peine de taxes ou d’amendes, et pourquoi pas d’emprisonnement», a jugé le collectif, qui demande «la dissolution de la Commission de régulation de l’énergie et son rempla-cement par une structure citoyenne indépendante».

Pour comprendre l’aberration du système, je vous invite à lire un article du Nouvel Observateur Indemnisation d’EDF par Voltalis : la Cre explique sa décision.

Voltalis prétend «réguler» ingénieusement la consom-mation d’électricité car «En plus de permettre une économie substantielle au client, cette modulation permettrait d’équilibrer la consommation globale du réseau électrique. En effet, pour que le réseau électrique fonctionne parfaitement, il doit y avoir une égalité instantanée entre la production et la consommation d’électricité». Contre Voltalis qui propose de «réguler le réseau par la consommation des particuliers» la CRE répond «que les fournisseurs sont obligés de produire» !

Quand bien même la consommation baisserait-elle ponctuellement et cela - prétendument - pour «mainte-nir l’équilibre du système» !… et qu’en conséquence, «les fournisseurs doivent être payés pour l’énergie qu’ils produisent, même si celle-ci n’est pas consommée» et que «la rémunération de Voltalis doit donc prendre en compte ce système» : “Voltalis veut être payée plus que le fournisseur, alors que son service n’est possible si le producteur maintient sa production”.

Quand un «système» se mord la queue à ce point, ce n’est sûrement pas la rémunération de tel ou tel opérateur qu’il faut changer mais tout le système…

Dans mes jeunes années je lisais des pamphlets contre «l’anarchie capitaliste», source de gaspillages… Portée aujourd’hui à un tel niveau par l’utralibéralisme triom-phant, une telle gabegie qui entretient la surproduction sans débouchés réellement utiles - pour le seul profit des multinationales et de leurs actionnaires – en serait presque risible si ce n’était si grave pour l’économie, les consommateurs et l’environnement.

Con…sommateurs : n’espérez surtout pas payer votre électricité moins chère quand bien même la condam-nation de l’autorité de régulation serait confirmée. EDF mettra l’argent dans sa poche pour le plus grand bénéfice de ses actionnaires… dont l’Etat !

«Le profit de l’un est dommage de l’autre» écrivait fort à propos Montaigne, il y a presque 500 ans… Nous le constatons chaque jour et tout dernièrement avec la TVA à 5,5 % pour la restauration : ils seraient la moitié voire un tiers selon les sources à ne pas l’avoir répercutée sur la note des clients ! Malgré moult promesses.

Les vacanciers et les touristes étrangers vont certainement apprécier. Et encore auront-ils beaucoup de chance s’ils échappent à toutes les arnaques habituelles qui ont lieu sur les lieux de villégiatures ainsi qu’aux intoxications alimentaires dues à des conditions d’hygiène déplorables si souventes fois épinglées par les services d’hygiène ou de la répression des fraudes.

Il restera également que l’on peut se demander pourquoi aujourd’hui tout ou presque est devenu objet et sujet de polémiques et de scandales. Sauf à penser qu’avec Nicolas Sarkozy - petit VRP des multinationales - au sommet de l’Etat nous avons le «scandale permanent».


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