22 juillet, 13:59, Lyon
Gare de Part-Dieu, TGV première classe, je quitte Lyon sous une grosse pluie d’été, ici tempête de vent du sud. Dans mes oreilles, « La ritournelle » de Séb Tellier, heureux hasard de mon iPod, car j’ai le cœur un peu lourd. Je viens de laisser la Demoiselle, elle va passer presque trois semaines sans nous, loin de moi, seule, enfin non puisqu’elle sera avec ses grands parents, tante, cousines etc… Mais voilà, moi je serai seule ce soir à Paris, et ça risque d’être un peu étrange.
Part Dieu, étrange gare qui ne me rappelle que de lourds souvenirs. Je ne l’ai pas toujours fréquentée dans les meilleures conditions. Tiens, on longe le campus de la Doua, mes années Fac, la salle de concert du Transbordeur, mes années ‘zic.
Part Dieu donc, souvenir très fort de la fois où j’ai laissé M. reprendre son train, dernière étreinte, dernier baiser, mais je ne le savais pas. C’était probablement mieux comme ça. Aimerait-on savoir quand c’est la dernière fois ? La dernière fois où l’on fait l’amour avec quelqu’un avant la fin de l’histoire ? La dernière fois où l’on partage de l’intimité avec un proche avant qu’il ne s’éteigne ? La dernière page d’un livre ? La dernière fois où l’on contemple une forêt avant la tempête de Noël 1999 ? Non, je n’aime pas savoir à l’avance que ce sera la dernière fois. D’ailleurs, a posteriori, il y a des dernières fois dont je ne me souviens même pas ! Et pourtant, j’aimerais bien.
Une drôle d’humeur là, en ce moment même. Je pense à ceux qui ont le cœur lourd en cet étrange été. Je pense à ceux qui sont loin, physiquement, et intellectuellement. Pourra t’on un jour réduire la distance, la souffrance ?
Tout à l’heure, dans le train qui nous conduisait de Paris à Lyon, alors que la Demoiselle se reposait collée-serrée contre moi, j’ai terminé mon livre, « La fenêtre panoramique » de Richard Yates, alors que je ne m’attendais pas à ce que la fin arrive si tôt. Je n’arrive toujours pas à savoir si c’est un chef d’œuvre ou un livre à côté duquel je suis passé. L’ennui qui y règne est-il volontaire ? Un effet de style subtile ou une erreur de l’auteur ? N’empêche que la fin est sanglante, ça déchire le ventre surtout. L’histoire est racontée avec le point de vue du mari, en aurait-il été autrement si April avait été la narratrice ? Certainement. J’aurai bien aimé lire son histoire à elle… peut-être si j’ai le temps, je tâcherai de voir le film, « Les noces rebelles ».
PS: 22 juillet toujours, 20:08, Paris.
Au moment même où je mets en ligne ce post, s’abat sur Paris une très grosse pluie, c’est un bel orage d’été. Décidement, il était écrit qu’aujourd’hui serait une journée sombre et humide pour moi…