Pour un observateur étranger, la situation française pourrait paraître lunaire. Sur le site elyséen, on peut écouter une formidable interview de Nicolas Sarkozy par Gérard Holtz (France 2). Un moment de gloire
Sarkozy file en avion sur le Tour de France
Tout hyperprésident qu'il est, Nicolas Sarkozy a trouvé le temps de faire un aller et retour en jet présidentiel dans les Alpes, entre Bourg-Saint-Maurice et le Grand-Bornand, pour assister à un étape du Tour de France. Le président français a salué le retour de Lance Amstrong : "Il revient à la fois pour faire une place, prendre du plaisir et défendre sa fondation et Dieu sait si on a besoin de lutter contre cette maladie qu'est le cancer. Cela donne espoir à tous les gens qui sont malades". Il fallait un mot, une compassion, pour la Nation, le voici: "Ca me fait plaisir de voir le monde au bord des routes. En période de crise où il y a beaucoup de souffrance, un spectacle populaire, gratuit, ça compte aussi pour la cohésion nationale".
Sa (gaffeuse) ministre de l'Economie s'est félicité du regain de consommation des ménages en juin. Le simple examen de la courbe de cette consommation est pourtant terrifiant: les ménages n'achètent plus que pendant les soldes, de quoi inquiéter les commerçants. Et la loi sur le travail le dimanche n'est pas faite pour rassurer les commerçants indépendants.
Le Travail dominical à la peine au Sénat
L'inutile mais symbolique texte de loi sur le travail dominical est à l'étude au Sénat. Le camp majoritaire a peur des défections, paraît-il. Surtout, la gauche bataille pour faire adopter l'un au moins de ses 140 amendements. Texte non conforme au Sénat par rapport à l'Assemblée NationalE, et la procédure d'examen parlementaire trainera encore. Certains sénateurs centristes et UMP ne sont pas convaincus par l'entêtement sarkozyen sur le sujet. André Lardeux, sénateur UMP, a expliqué :"La discipline de groupe, c’est bien gentil. Mais ça ne doit pas conduire à voter contre sa conscience". Fabienne Keller est également « très réservée à cause de la symbolique que porte ».
Des auto-entrepreneurs ... ou des chômeurs ?
Hervé Novelli est heureux. Déjà 182 000 Français sont devenus auto-entrepreneurs depuis la mise en place du dispositif en janvier dernier. Grâce à ce statut, on bénéficie d'une forfaitisation des impôts et cotisations sociales sur la base du chiffre d'affaires effectivement réalisé. On ne connaît pas aujourd'hui quel est l'impact économique de ces micro-créations. Mais on se réjouit.
Cette "bonne" nouvelle masque l'engorgement du pôle emploi, qui vient d'annoncer devoir sous-traiter la gestion de quelques 320 000 nouveaux chômeurs à des prestataires privés. Parmi les entreprises retenues, on retrouve Adecco, mais aussi ... Altédia, l'entreprise du conseiller social de Nicolas Sarkozy... Raymond Soubie.
Il en coûtera 100 millions d'euros en 2009, puis 200 millions d'euros par an ensuite. Ces cabinets privés auront une obligation de résultat. "Chasseurs d'emploi", ils seront rémunéré quelques 3500 euros par emploi retrouvé. Faut-il s'en réjouir ? l'objectif est de leur confier 150.000 licenciés économiques, bénéficiant essentiellement d'une convention de reclassement personnalisé. Premier problème: moins de 10 000 licenciés bénéficient d'un tel soutien depuis janvier. Le solde, soit 170 000 chômeurs, seront de "longue durée".
Comment s'appliqueront les contraintes de l'offre raisonnable d'emploi ? Les chômeurs ainsi confiés au privé seront-ils également sanctionnés après deux refus "déraisonnables" ?
Fillon et son cabinet d'étude privé
Nicolas Sarkozy paye un ami, Patrick Buisson, sans appel d'offre et pour une belle somme (1,5 millions d'euros annuels), pour faire publier des sondages à sa gloire chez des médias dociles. François Fillon ne pouvait pas être en reste. Le premier ministre est plus modeste, et ses dépenses plus inutiles : Rue89 croit savoir que les services du Premier ministre rémunère un nouveau cabinet, fondé par un ancien d'IPSOS mais proche de Sarkozy, Pierre Giacometti, quelques 358 000 euros pour réaliser une mission de communication par ailleurs déjà assurée par le Service d'Information... du Premier Ministre (SIDG). Ce dernier dispose déjà d'un peu moins de 6 millions d'euros pour "analyser l'évolution de l'opinion publique et le contenu des médias." En Sarkofrance, les puissants ne s'épargnent aucune dépense personnelle... En mai 2008, l'appel d'offre est clair... et totalement redondant avec la mission du SDIG:« La mission sera constituée continûment et simultanément de deux unités d'oeuvre » :
Sur ces bases, Pierre Giacometti a donc obtenu le marché, pour 358 000 euros. Au moins y-a-t-il eu apppel d'offres. Le pauvre Thierry Saussez, qui dirige le SIDG, "ignorait l'existence du marché". Pour la conseillère médias de Fillon, par ailleurs ancienne journaliste au Figaro (sic!), le contrat pourrait être renouvelé en août prochain. En Sarkofrance, rien n'est trop bon pour "communiquer".
- « La première consistera en l'élaboration et la présentation de diagnostics hebdomadaires synthétiques basés sur les différents matériaux d'information relatifs au Gouvernement, et sur la veille média. »
- « La seconde consistera notamment en l'accompagnement des investissements du Cabinet du Premier ministre en matière d'achat d'études.»
PS: merci à Mancioday pour l'idée illustrative...&alt;=rss