Magazine Politique

La république des sondages

Publié le 17 juillet 2009 par Ncadene

v-7-1173747-1206723512Le rapport de la Cour des Comptes en parle et les médias traditionnels le reprennent peu. Ils mettent l’accent sur un piteux remboursement, le faisant passer pour exemplaire mais oublient péniblement le reste. Le reste c’est peut être le vrai scandale niché dans ce rapport. Et s’il y a une telle discrétion c’est peut-être parce que beaucoup de nos organes de presse sont directement concernés.

Ainsi, on apprend en page 11 de cette note signée Philippe Seguin, dans la partie intitulée  »le cas particulier des études », que depuis le 1er Juillet 2007, soit deux mois après son arrivée à l’Élysée, Nicolas Sarkozy finance à hauteur de 1,5 millions d’euros, via un intermédiaire, sans bon de commande et sans mise en concurrence (ce qui est illégal), des sondages qui sont ensuite publiés dans la presse.

Ces sondages sont réalisés par Opinion Way, « institut » dont nous avons plusieurs fois révélé les biais et les accointances politiques à droite. L’analyse qu’en faisait l’ouvrage de Ségolène Royal ( »Ma plus belle histoire, c’est vous ») était parfaitement claire, tout comme celles d’articles parus sur Internet, comme celui-ci de Nicolas Cadène (paru en juillet 2007).

Trop de questions restent encore, comme d’habitude, sans réponse. Quelle est la nécessité pour l’Élysée de passer par un « cabinet intermédiaire », qui, en position de donneur d’ordres, a tout loisir d’orienter les études de façon à les rendre les plus utiles possibles pour le pouvoir et, dès lors, de les fausser ? Qui est cet intermédiaire ? Comment justifie-t-il ses émoluments conséquents ? Comment un « institut » de sondage peut-il accepter de voir certaines questions rendues publiques tandis que d’autres ne le sont pas, si ce n’est, là encore, pour favoriser un dessein politique ? Enfin, le Figaro et LCI (TF1) ont publié au moins une quinzaine de ces études commandées sans mentionner le bailleur de fond, en l’occurrence l’Élysée, ce qui évidemment aurait eu le mérite d’être clair…

Il est décidément plus que temps de légiférer pour garantir en France des sondeurs et médias libres, indépendants et retrouvant leur pouvoir d’investigation. Cette affaire souligne encore un peu plus le niveau insupportable de connivence entre médias traditionnels et un certain pouvoir politique alors que ce dernier légifère pour faire taire les voix discordantes qui existent encore (pour combien de temps?) sur le web.

Jean-Louis Bianco & Nicolas Cadène


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Ncadene 3555 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines