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Les forçats de la loi

Publié le 23 juillet 2009 par Malesherbes

Notre Président vient de décider de reporter à la rentrée le vote solennel de la loi Hadopi. On nous parle d’une victoire du groupe socialiste à l’Assemblée. J’en doute. Il me semble plutôt que ces vertueux apôtres du travailler plus pour gagner plus et du travail dominical sont, pour leur compte personnel, plutôt des adeptes des vacances d’été. Cette session extraordinaire en plein juillet s’éternisait au goût de nombre d’entre eux qui, s’ils ne l’avaient déjà fait, s’apprêtaient à s’éclipser le plus discrètement possible. Craignant de voir se rééditer l’échec de début avril où l’UMP s’était trouvée minoritaire, incapable de s’imposer face à sa majorité comme il l’est devant le MEDEF, ses amis et ses frères d’adoption, notre prince impuissant a préféré différer l’examen d’une loi si vitale, non pour les créateurs, comme on s’obstine à nous le faire croire, mais pour les industriels du disque.

Dans notre pays, comme en toute démocratie, la loi est votée par le Parlement. On distingue les projets de loi, présentés par le gouvernement, et les propositions de loi, déposées par le Parlement. Leur inscription à l’ordre du jour dépend principalement du gouvernement. Un fait divers survenu lundi illustre à quelles aberrations cette pratique peut conduire : à Mantes-la-Jolie, une mère et trois de ses enfants ont péri dans l’incendie de leur maison. La plupart de ces drames pourraient être évités en rendant obligatoire dans tout appartement la présence d’un détecteur de fumée. Malheureusement, la France est l’un des derniers pays occidentaux à ne pas avoir d'obligation d'installation de Détecteurs Avertisseurs Autonomes de Fumée (DAAF).
Pourtant, le 13 octobre 2005, l'Assemblée Nationale a adopté la proposition de loi de MM. Morange et Meslot faisant obligation à chaque propriétaire ou occupant d'une habitation d'installer et d'entretenir au moins un DAAF. Dans tous les pays où l'installation de détecteurs de fumée est obligatoire, on a constaté une diminution du nombre de décès de 50 %, car 70 % des victimes décédaient la nuit dans leur sommeil. La généralisation de ces détecteurs devrait permettre de sauver 400 à 500 vies par an et de réduire le nombre de personnes brûlées qui s'élève à 10 000 chaque année. Comme une actualité tragique nous le rappelle régulièrement, du fait d’examens nombreux et très espacés dans le temps, cette loi n’est toujours votée.

Il est vrai que toutes ces souffrances pèsent beaucoup moins lourd que la nécessité de l’extension du travail dominical ou la généralisation du flicage de nos échanges informatiques à travers la liberticide loi Hadopi. Contentons nous de verser une larme sur le triste sort de nos forçats de la loi.


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