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Les Impromptus Littéraires - le plus beau métier du monde...

Par Sandy458

Les impromptus littéraires nous demande de méditer sur le plus beau métier du monde.

Cette semaine, je me suis donc prise pour une conseillère d'orientation et je vous propose ma fiche d'emploi favorite... 


 

Les Impromptus Littéraires - le plus beau métier du monde...


Broom at Shimogamo Shrine (Kyoto, Japan), wikimedia commons,
domaine public
Depuis une seconde comme depuis des siècles, le vent s'engouffre dans les branches de genêt de son balai millénaire et éclabousse le sol de volutes scintillantes.

L'homme à la longue silhouette dégingandée pousse avec une attention soutenue le petit tas d'immondices devant lui, arpentant patiemment le Monde, pouce par pouce.

D'un geste précis et agile, il collecte, il amasse et il prend garde que son monticule ne s'effondre pas, de peur que les détritus n'en profitent pour s'enfuir gaillardement sur les ailes malicieuses du vent.

Tout serait alors à refaire et l'homme n'aime pas perdre bêtement son temps, il se sait éternellement et intimement investi par la tâche si vaste qui lui a été confiée.

De ses larges semelles d'éther, il survole routes, lacs et forêts, bondit au-dessus des déserts et des montagnes et galope dans les vagues les plus creusées des océans.

Son habit, ample et d'une teinte grisée de bise et d'ondée, lui procure chaleur en hiver et fraîcheur en été.

Sur sa tête, cachant son visage dans une pénombre fragile, un chapeau sombre à large bord est vissé. Le chef ainsi protégé du gel, de la canicule, de l'orage grondant et de la chute des étoiles, il avance, imperturbablement, droit devant lui

De même ses mains, gantées de blanc, manient sans crainte le manche lisse de l'outil avec souplesse souvent, fermeté parfois et humanité toujours...

Lorsque son monceau de déchets est trop élevé, il ouvre une large bouche, prend une profonde inspiration et il aspire puissamment l'innommable, l'inacceptable comme l'insurmontable, ingurgitant tous les fléaux pour mieux les disperser dans les profondeurs de l'Univers.

Ensuite, il promène son index sur le sol, vérifiant si aucune trace suspecte sur son gant immaculé ne trahit une larme de malheur échappée.

Ni yeux, ni oreilles, ni bouche ne viennent perturbés son visage d'une platitude lunaire, il n'a besoin que de son cœur pour ramasser les petits et les grands malheurs des Hommes.

Forcément incorruptible, il avance résolument, pas après pas, balayant de son geste cadencé, sans omettre les moindres recoins de la planète.

Sa contenance se fait tendre, quasi maternel, lorsqu'il doit essuyer une cendre aérienne enfantine et chagrinée mais il sait aussi se montrer ferme et dur lorsqu'il croise des déchets belliqueux déposés sans vergogne par quelques pseudo maîtres du monde en quête d'un égo à surdimensionner aux yeux des autres, surtout devant les faibles et les miséreux.

Malgré le poids des siècles, la charge qui s'accroit et s'abat plus durement sur ses épaules voutées, il ne connaît ni fatigue ni découragement car il sait qu'il occupe probablement le plus beau métier du monde : il est le balayeur de l'humanité.


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