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De l'Auberge au Troquet

Publié le 24 juillet 2009 par Careagit
Un billet "technologie" pour terminer la semaine... Il s'agit de parler de la "tempête" qui a emporté la blogosphère française de Twitter vers FriendFeed. Pour la faire simple, FriendFeed apparaît plus "complet" que l'outil Twitter. D'autres ont bien souligné l'ensemble des améliorations que l'internaute moyen pourra trouver en switchant ses comptes...
A tout cela, j'oppose un regret principal, que j'ai tenté d'exprimé hier soir sur Twitter. Etant présent sur "le réseau" depuis maintenant 4 ans, j'ai pu mesurer les modifications profondes de l'esprit du blogueur. Tout du moins c'est mon point de vue... Au début, à la manière des explorateurs, le blogueur tatonnait pour trouver sa place, éprouvant une certaine froideur à l'égard des journalistes qui, malgré le temps passé à analyser des concepts, des actions et décisions politiques, n'envisageait pas une seule seconde citer un blogueur dans un article... Le blogueur était seul, sans véritable retour sur ses actions autres que les commentaires. C'était l'époque Reine des commentateurs, pas de filtres, pas d'inscription, la voie était claire et les débats complétement libres.
Au fil du temps, la solitude du blogueur s'est pourtant avérée lourde et profondément handicapante dans la poursuite de l'aventure "blog". Ecrire tous les jours c'est bien, être lu tous les jours, c'est beaucoup mieux. Le commentaire était le lien majeur entre le blogueur et le lecteur, ce fut l'époque des centaines de commentaires sous les billets de Versac par exemple... Plus tard, ce fut la naissance des groupes de blog. Le blogueur tisse du lien avec les autres pour échanger, débattre, réagir...
Depuis 2007, c'est le concept "d'influence" qui prédomine. Les classements ont débarqués, structurant grandement la masse qu'était auparavant "la blogosphère". Les étiquettes politiques sont définies dans les descriptions de blogs, les blogueurs sont repris par les journalistes. Certains journaux, comme Vendredi, agrègent même "le meilleur des blogs" pour le vendre par le canal "classique". Audience aidant, les visites ont progressé et avec eux, les spams et autres trolls. Les commentaires sont devenus régulés. Il était devenu parfois impossible de commenter sans avoir de comptes "d'identité numérique" (Google pour Blogger par exemple). Le blogueur lui, déserte de plus en plus son blog, il veille sur Google Actualités ou sur Twitter, il lit sur Netvibes ou Google Reader, il commente par un tweet, et, désormais, directement sur FriendFeed... Le principe du blog fonctionne désormais en vase clos. C'est comme ça.
C'est un étât de fait, les blogueurs se parlent désormais entre eux (nous), se lisent entre eux (nous), se commentent entre eux, nous sommes devenus une caste, un groupe social à part entière qui partage la même passion dévorante de l'actualité, du fait politique et (parfois) de l'analyse. Faites dont le ratio des visites "nouvelles", des nouveaux commentateurs, des lecteurs inhabituels. Combien sont inconnus ? Le web n'est finalement qu'une partie du Monde Réel dans lequel la culture du groupe revient en force. Facebook, Hellotipi, Viadéo, Twitter, FriendFeed, les geeks, les blogueurs politiques, les blogueurs marketeurs [...] le web permet de restructurer des groupes sociaux articulés autour de liens et de "passions" partagées.
La course a la modernité c'est bien, amusons nous, le web existe aussi pour cela. Mais cessons de croîre au concept d'influence. Nous sommes blogueurs, nous lisons des blogueurs, qui lisent des blogueurs, une communauté de plusieurs centaines de gus dans un garage qui petit à petit, troque ses quelques leitmotivs de flexibilité et d'ouverture, contre un je-ne-sais-quel nouveau besoin.
Oh Twitter ou FriendFeed ne tuerons pas les blogs, il demeurera toujours un besoin d'espace privé, totalement contrôlable, pour gueuler, réfléchir ou simplement rigoler. Mais ces blogs auront troqué les habits "d'auberge espagnole", où la richesse fait la force, contre ceux de troquet de quartier dans lequel viendront toujours trinquer les même copains.

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