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Soirée du 18/07 sur la chaîne câblée PLANETE : Aux origines de l'Egypte.

Par Ananda
Ce documentaire libanais en deux parties est une rediffusion de la chaîne câblée Planète.
Il aborde, sous l'éclairage de toutes récentes découvertes archéologiques ma foi assez troublantes, les "mystères de la période pré-dynastique" de l'Egypte ancienne, c'est à dire les tout premiers balbutiements de la civilisation égyptienne.
Il nous entraîne , pour cela, dans une région bien précise : le désert oriental du pays des Pharaons, et vers une époque très ancienne, pour mieux dire encore, préhistorique..
Tout d'abord, il apparaît que le désert oriental égyptien fut habité par des populations qui accordèrent une place majeure à l'art rupestre. C'est, ainsi, grâce à ces représentations peintes ou gravées dans le rocher ,que l'on peut à présent se faire une idée des conditions climatiques qui régnaient sur la future Egypte à cette époque reculée , voici pas moins de 4000 ans. Aussi surprenant que ça nous paraisse, il s'agissait d'un climat de type tropical, où girafes, éléphants et acacias hantaient une sorte de savane.
Mais, auprès de scènes de chasse tout à fait représentatives, on se voit tout à coup confronté à une autre sorte d'étonnement : voilà-t-il pas que, sur les parois des dédales de gorges (appellés ouadi), apparaissent d'étranges figurations de "barques à haute proue, gravées sur les falaises". Sur ces barques à haute proue sont figurés des personnages à la tête ornée de plumets, porteurs de queues postiches et surtout équipés de massues pyriformes., tous objets qui furent, par la suite, en Egypte pharaonique, des symboles royaux liés au dieu Horus et au groupe de ses "suivants".
"Le désert oriental, précise l'un des nombreux savants qui prennent la parole à l'occasion de cette émission, est primordial pour comprendre les débuts encore si énigmatiques, de l'Egypte".
Toute cette aventure tourne autour de l'étude des gravures rupestres.
Trois expéditions scientifiques permirent, tout d'abord, la découverte d'un véritable dédale de gorges, repérées, à l'origine, par satellite. Dans ces gorges, on distingue vite le "site N° 26", que l'on ne tarde pas à baptiser "la chapelle sixtine de l'art rupestre égyptien", avec ses parois littéralement couvertes de pétroglyphes. Les dits pétroglyphes représentent les fameuses barques à haute proue précédemment évoquées, ainsi que des animaux de toutes sortes et des chasseurs sacrifiant des taureaux. On en déduisit que ce site devait être très important dans la vie des gens de l'époque. : une ancienne oasis ? Peut-être.
En tout cas, sa datation le situe en pleine période dite "Nagada 2".
Il est très important, nous font bien comprendre les spécialistes, de noter que la période préhistorique considérée par ces recherches se répartit en deux périodes, assez distinctes l'une de l'autre : la plus ancienne, Nagada 1, est marquée par la présence, aux mains des chasseurs, de massues dites "discoïdales", tandis que celle qui lui succède directement, Nagada 2 (celle dont nous venons de parler), pour sa part correspondant au 4ème millénaire avant notre ère, affichait, au contraire, et ce quelques siècles seulement avant l'apparition des Pharaons, des massues de type pyriforme, que l'on a également mises au jour lors de la fouille d'une nécropole datant de la même période.
Il n'en a pas fallu plus aux archéologues tout excités pour que ce changement de massue leur suggère l'idée, l'hypothèse d'une "arrivée de nouveaux venus", de non autochtones sur la terre du Nil. Tout les porte à croire, en effet, que "ce matériel est apparu de façon subite" et que "la massue pyriforme n'est pas d'invention égyptienne". En tout cas, elle est  "beaucoup plus efficace que l'autre massue, la discoïdale", nettement plus ancienne.
Alors ? Les porteurs de massues pyriformes, des "gens venus d'ailleurs" ? Une "race dynastique" à l'origine des tout premiers Pharaons (tels le fameux Narmer) ?
Il faut tout de même préciser que ces hypothèses ne sont pas neuves. Pour être franc, elles remontent au tout début du XXème siècle, une période où la mentalité coloniale battait son plein, y compris chez les hommes de science et qui, donc, répugna d'emblée à admettre le fait qu'une civilisation aussi précoce et aussi impressionnante que l'Egypte ancienne ait pu être fondée, mise sur pied par de "vulgaires africains". La théorie émise par l'archéologue britannique Petrie (celle dite de la "race dynastique") finit donc par tomber aux oubliettes avec le temps, sous l'effet (bienheureux) de l'évolution des mentalités au cours du XXème siècle.
Mais, à présent que la science a pris définitivement ses distances avec tous les préjugés liés au colonialisme, de nouveaux chercheurs ont décidé de reprendre les idées de Petrie ( qui au demeurant était un homme assez génial), de la rééxaminer avec un "oeil neuf", confortés qu'ils sont par les études actuellement menées.
"La massue pyriforme a été inventée en Mésopotamie". Non seulement, ainsi que nous l'avons vu, sa présence est attestée dans le désert oriental d'Egypte, mais l'on y trouve également des vases de pierre à anses percées et des sceaux cylindriques d'allure totalement mésopotamienne dans des tombes égyptiennes du prédynastique tardif. Pour les savants, "cela atteste de relations entre les rois d'Egypte et une élite étrangère".
L'"exploration" de la période dite "Nagada 3" ne laisse, aux dires des spécialistes, "aucun doute sur cette présence étrangère en Egypte", puisque on y note l'apparition de la figure du "Roi-prêtre" d'Uruk sur le manche d'un couteau d'apparat égyptien. Les restes de cette période livrent également des motifs représentant des chasseurs aux prises avec des lions (thème sumérien classique) et, plus interessant encore, une représentation de bataille navale apposant manifestement des barques à haute proue à des embarcations nilotiques autochtones. Or, "les barques à haute proue sont typiques du sud de l'Irak".
"La théorie de la migration prédynastique en provenance du sud de l'Irak et du Golfe Persique" semble se fortifier. "Il semblerait, nous dit à ce propos l'un des savants, que des Mésopotamiens soient venus par bateaux, porteurs de nouvelles technologies".
Reste à savoir, maintenant, de quelle manière ces "bateaux immenses" ont été transportés par voie terrestre de la Mer Rouge d'où ils venaient jusqu'au Nil, via les gorges (ouadis) du désert. Et "pourquoi ces gens l'ont-ils fait ?", quelles furent leurs motivations ?
Des centaines de barques à haute proue ont été gravées dans les gorges de l'Egypte orientale. Elles contrastaient notablement avec les esquifs nilotiques locaux, en papyrus et en forme de croissant. Les embarcations à haute proue étaient enduites de goudron, d'un bitume qu'on ne pouvait trouver, à l'époque, en abondance, qu'en Irak. Au vu des peintures rupestres, on sait qu'elles étaient occupées par des équipages nombreux...était-ce à dire qu'en cette fin de la préhistoire, elles possédaient une dimension rligieuse ou funéraire ? Toutefois, certaines d'entre elles évoquent fortement, par leur aspect, une fonction militaire.
Une autre découverte récente, à Bouto, vient encore appuyer la thèse de l'apport sumérien : elle concerne, cette fois-ci, le domaine de l'architecture, puisqu'on y a mis au jour des bâtiments aux murs décorés de magnifiques mosaîques dites "à cônes", une spécialité de la cité sumérienne d'Uruk.
Toutes ces constatations archéologiques alimentent donc, on le voit, une présomption de plus en plus forte, marquée, plaidant  en la faveur d'"une vaste migration en provenance de la Mésopotamie à la toute fin de la préhistoire égyptienne". Ces Sumériens, dont on ignore encore s'ils "partaient pour ne plus revenir", avaient, toujours selon les savants, apporté et implanté des idées nouvelles, lesquelles auraient, par la suite, abouti à la naissance d'une "culture unique", profondément originale, celle des Pharaons.
Certains savants (mais ne s'emballent-ils pas trop vite ?) en veulent pour preuve supplémentaire la tombe du grand roi guerrier Thoutmôsis III dans la Vallée des Rois : sur les fresques funéraires, en effet, ce n'est autre qu'une barque à haute proue qui prend le Pharaon à son bord pour le mener vers l'au-delà, en prenant la direction de l'est (celle de la Mésopotamie ?).
C'est sur cette grandiose vision que s'achève la première partie du documentaire, très rapidement relayée par la seconde.
Tout au long de cette seconde partie, on reste toujours sur le même thème : "les gorges reliant la Mer Rouge au Nil recèlent des milliers de pétroglyphes révélateurs".
"Durant la dernière décennie, toute une série de missions archéologiques ont été menées", dans le but d'étudier les tombes et les pétroglyphes de cette région, tout en se penchant, parallèlement, sur la religion et l'iconographie pharaoniques.
De tout ceci, apparemment, il ressort (ou il ressortirait) que les deux premières grandes civilisations humaines seraient liées l'une à l'autre de façon très étroite.
Assez catégoriquement (trop, peut-être ?), l'on nous affirme, on nous martelle que "les Pharaons ont pris le pouvoir soutenus par une élite connue sous le nom de  : les Suivants d'Horus". D'ailleurs, c'est bien un fait, tous les souverains d'Egypte sont appellés "Horus".
La découverte récente de lapis-lazuli  d'Afghanistan datant de ces périodes reculées apporterait encore de l'eau au moulin de cette thèse.
Mais est-ce suffisant pour prétendre mordicus que ce furent les Sumériens qui furent "les catalyseurs de la civilisation du Nil" ?
Les objets trouvés en Egypte se rapportent à la période d'Uruk. D'autre paart, il est incontestable que l'architecture égyptienne évoque celle de la Mésopotamie, avec le même emploi de la brique crue, inventée dans l'ancienne Sumer. Il est assez remarquable de constater que les "façades ornées de niches" apparaissent au même moment en Mésopotamie et en Egypte.
Les pré-sumériens vivaient à l'intérieur de huttes en roseaux, dans les marais du sud de l'Irak. Les façades à niches, quant à elles, "apparaissent d'abord à Uruk", puis, rapidement, en Egypte, sous forme de mastabas, tels le palais funéraire d'Abydos. Est-ce, là encore, le signe d'"un lien culturel fort entre les rois d'Egypte et la zône culturelle sumérienne"?
On constate aussi que la couronne blanche de Haute Egypte était portée par les premiers souverains mésopotamiens, ce qui pourrait suggérer, là encore aux yeux de certains savants, que "les migrants de l'est n'auraient pas été simplement des habitants, mais des monarques".
A l'époque pré-dynastique égyptienne, la Mésopotamie voit l'épanouissement de grandes cités, et des fameux ziggourats (cousins des mastabas, pyramides à degrés d'Egypte, antérieures aux grandes pyramides). Les savants soupçonnnent les Sumériens d'être eux-mêmes des peuplades originaires des montagnes plus au Nord qui seraient descendues, attirées par les deux fleuves.
A cette époque des premières cités, ils pratiquaient déjà "une forme primitive de comptabilité", qu'ils consignaient sur des tablettes, à l'aide du fameux kalam, phénomène qui donna, quelques temps plus tard, lieu à l'apparition de l'écriture. "Eh oui, constate en souriant un savant à l'oeil malicieux, les premières tablettes sont presque uniquement comptables"; elles alignent des pictogrammes primitifs, et, de ce fait, l'on ignore la langue que parlaient les Sumériens (même problème que pour les peuples de la Vallée de l'Indus).
Assez curieusement, le documentaire nous fait ensuite passer du coq à l'âne puisqu'il se met, sans crier gare, à pointer du doigt le déluge (biblique) et les légendaires figures de Nemrod et de Gilgamesh.
On a un peu du mal à suivre...
La question centrale semble maintenant être "quand le déluge eut-il lieu ?". Question accessoire : "eut-il lieu ?".
Toujours d'après nos archéologues, il ne faut rien exagérer. Les résultats de leurs fouilles plaident plutôt pour la probable survenue de quelques séries d'inondations qui, en tant que catastrophes écologiques, "auraient pu pousser  les Sumériens, dont la population devenait de plus en plus nombreuse, à des émigrations".
Mais qui est le fameux Roi-prêtre ? On sait qu'il est chasseur de lions, qu'il adore Inanna, la déésse d'Uruk, qu'il se ballade continuellement sur des bateaux à haute proue et qu'il serait le bâtisseur du tout premier temple à terrasses. Pourquoi ne pas voir en lui Nemrod ("Nemrod" signifie, rappellons-le au passage "le Vaillant Chasseur")?
On sait aussi que cette époque lointaine connut des vagues de migrations du sud de l'Irak en direction de l'Euphrate, qui achèvent de nous convaincre que ces gens subissaient une pression tout à la fois écologique et démographique et qu'ils avaient le caractère aventureux.
Mais, techniquement, le voyage du sud de l'Irak vers l'Euphrate n'a rien de comparable avec la très grande aventure que représente un déplacement en direction de la lointaine terre africaine.
En quoi consista ce périple ? "Un cabotage le long des côtes ?" Il faut penser qu'à cette époque, un courant descendait de l'Inde, lié à la période des moussons.
Un savant constate : "nous sous-estimons l'importance de la navigation maritime aux époques préhistoriques", et il n'a certainement pas tort.
Le cabotage semble, par conséquent, l'hypothèse la plus plausible. Même si ce fut sans doute "très difficile", c'était la meilleure solution, car les voies terrestres devaient déjà être infestées de tribus nomades pillardes. Les marchands avaient de ce fait, tout intérêt à privilégier, par prudence, la voie maritime.
Cependant, parler du seul cabotage, c'est peut-être parler un peu vite. En effet, une campagne archéologique menée cette fois au Koweït il n'y a pas longtemps a permis de mettre en évidence des vestiges de bateaux conçus pour la navigation en haute mer, sous la forme de morceaux de coque en roseau revêtu de bitume et, surtout, exhibant des bernacles incrustées. On s'est aussi, par la même occasion, aperçu que ces "navires" transportaient de l'obsidienne en provenance du Yémen. Or, la présence d'obsidienne à Nagada, en Egypte, à la même époque, est avérée.
"Hypothèses archéologiques à étudier ?", questionnent les savants.
A cela s'ajoute le sens du nom Horus : "celui qui est lointain".
Nous revenons ensuite à nos pétroglyphes du désert d'Egypte. Figurez-vous que c'est là qu'on vient de découvrir "la plus vieille carte du monde". Eh oui, cette région regorge de cartes géographiques anciennes, dessinées dans le roc. Ce qui fait dire au scientifique émerveillé qui les contemple et les effleure du doigt : "il est plus que probable que les bateaux ont été traînés dans les ouadi jusqu'au Nil". (?)

Récapitulons à présent : au commencement (c'est à dire il y a 6000 ans) apparaît la toute première cité, située au sud de l'Irak , ERIDOU. Puis sont fondées , probablement par le fameux chasseur Nimrod Ur et Uruk.
Cependant, de probables poussées démographiques liées aux changements de vie amoindrissent sans doute les ressources dans les marécages du sud, et c'est alors qu'un besoin impérieux d'émigration se fait sentir (vers l'Euphrate au Nord et vers la Mer Rouge et l'Afrique, au Sud). Armés de leurs redoutables massues pyriformes et montés sur leurs embarcations à haute proue, les nouveaux arrivés en terre égyptienne se heurtent aux autochtones, puis remontent le Nil jusqu'au delta (site de Bouto).
Mais quant à savoir si les Pharaons étaient des Mésopotamiens, des Sumériens, c'est une autre paire de manches !
Pour ma part, j'ai trouvé ce documentaire prenant, mais quelque peu confus.
Je ne suis pas encore convaincue par cette "thèse sumérienne".
Les Sumériens, à ce que je sais, étaient des commerçants dans l'âme. Ils commerçaient avec des civilisations souvent lointaines (telles celles de la Vallée de l'Indus, de l'Iran antique et de la "Civilisation des Oasis" d'Asie centrale). Il y avait déjà, à ces époques (nous en avons les preuves), de vastes réseaux d'échanges commerciaux et culturels et il n'y a aucune raison pour qu'ils n'aient pas, aussi, englobé l'Egypte.
De toute façon, que l'Egypte soit le résultat d'un mélange de races et de cultures ne me gêne guère. Bien au contraire. Peut-être sa grandeur lui vient-elle de là.


Patricia Laranco.

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