David LaChapelle

La Monnaie de Paris a récemment consacré une rétrospective à David Lachapelle, photographe et pilier du pop art moderne, dont les pièces sont à considérer avant tout comme les miroirs baroques des ambivalences et excès de notre temps.

Chacune de ses compositions constitue un exemple d'esthétique narrative : grotesques et sublimes, éventuellement politisées, c'est leur aspect clinquant qui d'abord attire le spectateur afin d'enclencher le processus d'évaluation sa propre culture, ici amplifiée jusqu'à l'extravagance : les icônes y apparaissent déshumanisées, cadrées dans une dialectique des contraires ; visible/invisible, vérité/mensonge, humanité/réification, dualités soutenues par la surcharge visuelle chère à l'artiste. Les échos warholiens sont évidents, par exemple dans la démarche portraitiste systématique, plus explicite toutefois dans l'exploration de ses sujets. L'oeuvre toute entière de Lachapelle est une surexposition des aléas sociaux de notre époque, un rappel, peut-être pour lui-même, des repères d'une civilisation en chaos transitionnel ; l'art poubelle devient ainsi sa cible et son domaine, accumulant, obsessionnellement et comme si de rien n'était, les tics et le toc au détriment de toute profondeur de pensée et mettant en abîme cette même société qui à la fois l'emploie, l'admire et le dédaigne.

Lachapelle cultive les influences humanistes : après l'héritage warholien direct il s'attribue une sensibilité toute michel-angesque en actualisant la fresque biblique, pleine d'emphase, de drame jetable et de cul, comme pour mieux en fixer toute l'incongruité. Ces clichés font tour à tour le récit de l'Apocalypse, de la foi, des guerres, en somme des stigmates prophétiques d'un modernisme en conflit total avec ses propres fondements.

Une dernière série, Awakened, se démarque cependant de l'ensemble de ses travaux sur la spiritualité. Ici les figures, toujours excentriques, sont montrées immergées, le regard fasciné par une lumière qui semble divine. Leurs vêtements tombent.