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Sortir de la crise grâce aux TIC - Jacques Attali

Publié le 24 juillet 2009 par Berenice

Attention, longue digression introductive...
Ces derniers temps, je suis en pleine période web 2.0. Je ne veux pas dire par là qu'avant je ne m'y intéressais pas, mais j'ai participé coup sur coup à quatre exposés sur des sujets connexes.
Être au chômage m'offre le temps nécessaire pour assister à des conférences. :)

La première remonte à début juin, déjà. J'avais reçu l'invitation pour "Web 2.0 : de quoi parle t-on ?" par l'intermédiaire de Viadeo. Et comme elle avait lieu à Niort, mon actuel lieu de résidence, je m'y était rendue par curiosité. L'ambiance était bonne, les intervenants aussi.
Puis, mi-juin, j'ai testé un webinar, un webinaire en presque bon français. C'est une espèce de visio-conférence où l'on voit les diapositives défiler en temps réel sur son écran d'ordinateur, tout en entendant l'orateur faire son speech. Il y a aussi un système de chatroom, que l'orateur peut choisir d'utiliser ou non. Michel Sharritt était intéressante, bien que parfois un peu commerciale, et son intervention était ponctuée par des sondages et des quiz en temps réel.
Le 19 juin, j'étais à Nantes au salon de l'APEC. J'ai particulièrement apprécié l'atelier "Comment développer mon réseau". Évidemment Laurence Charneau a énormément parlé de Linkedin.
Enfin, le 8 juillet, j'ai participé aux Rencontres du Numérique. Cet évènement était organisé par le SPN, le Réseau des professionnels du numérique en Poitou-Charente, qui était déjà associé à l'atelier de Niort. C'est à cette occasion que j'ai assisté à la conférence de Jacques Attali qui donne le titre de cet article. Pour être exacte, son intitulé était : "L’analyse de la crise actuelle et les perspectives de croissance par le développement des TIC".

Voici une réécriture et une réorganisation du contenu telle que j'ai pu la rédiger à partir de mes prises de notes. Elle est partielle, mais j'ai essayé de garder au maximum l'esprit de ce que j'ai retenu.


Nous ne sommes pas sortis de la crise - elle va même s'aggraver.
Voilà comment commençait la conférence de cet économiste...

La crise, c'est quoi ?

Les banques, d'après les réglementations, ne devraient pas prêter plus de 8 fois leurs fonds propres. Pourtant, à l'heure actuelle, nous sommes plus proches de 20, voire de 50.
Aujourd'hui, elles reconstruisent leurs fonds propres grâce aux emprunts (auprès de l'État), en changeant les règles comptables, ou encore en créant des produits financiers volatiles et risqués.
Dans tous les cas, elles vont prêter moins.
Et la dette des États va augmenter, jusqu'à 100% du PIB, alors que le traité de Maastricht impose qu'elle soit inférieure à 60%.
Une crise, c'est un déséquilibre. Qu'il soit d'ordre :

  • financier,
  • économique (production),
  • social (chômage),
  • monétaire,
  • commercial (protectionnisme),
  • politique.

Remarquons que Jacques Attali ne parle pas de crise morale, religieuse ou philosophique. Pourtant, je me demande si on serait pas aussi en plein dedans...

Pourquoi une crise ?

Depuis 1970, on a réussi à créer politiquement la croissance en Occident. On s'est ouvert démographiquement, on a attiré l'intelligence, capté les matières premières, attiré l'épargne et les capitaux.
On a longtemps fait comme dans les dessins animés : on court sur notre lancée, bien après avoir dépassé le rebord de la falaise, sans se rendre compte qu'on court sur le vide. Mais on vit avec la dette.
Le système financier a pu croître d'une telle manière grâce aux TIC. Elles ont permis une circulation ultra-rapide des données, avec les gains et les risques afférents. Il n'y avait pas eu d'augmentation de salaire aux États-Unis depuis trente ans. Automatiquement le crédit a explosé. Les TIC ont été un facteur d'accélération de la crise. Mais attention, les TIC sont neutres, ce ne sont qu'un outil, c'est l'usage qui en est fait qui est positif ou négatif.

Comment sortir de la crise ?

Depuis l'aube de l'humanité, deux moyens ont permis de surmonter les crises :

  • exploiter une nouvelle source d'énergie / manipuler la matière ;
  • accélérer la transmission de l'information.

Pourtant, à l'échelle planétaire, la croissance démographique et urbaine, le développement technologique, ouvrent de nouvelles opportunités.

La rareté des matières premières

La pénurie de matières premières va être un facteur de réorientation de la production en général, et de la croissance en particulier. A une question en fin de séance sur le sujet de la croissance source de pollution, Jacques Attali répondit : Ce n'est pas la croissance qui pollue, c'est la production. (...) Il faut changer la nature de la production. Donc il faut croître, il faut investir. (...) De toute façon on vit bien l'arrêt de la croissance actuellement, et ça n'a pas amélioré le climat !

Le progrès technologique

Les Technologies de l'Information et de la Communication (TIC), les biotechnologies, les nanotechnologies, les neurosciences, tout cela s'améliore continuellement. Grâce à elles, on va pouvoir faire plus vite, plus facilement, et avec moins d'effort, ce qu'on savait déjà faire. Telle est la définition du progrès technologique.
Le plus délicat ?
Apprendre à apprendre va être le goulet majeur de la croissance.

Et les TIC, dans tout ça ?

L'Asie, l'Afrique sont maintenant des challengers sérieux. Il ne faut plus croire qu'on a la tête et qu'eux ont les bras ! On est maintenant dans une économie de l'intelligence. Soit on accepte de perdre des emplois, qu'on recréera dans un nouveau domaine, soit on aura 100% de chômeurs. L'information est un substitut à l'énergie.
Pour que l'Europe ne disparaisse pas, il faut que nous nous branchions sur le monde.. Dans une métaphore ayant trait au sport, Jacque Attali déclarait : Quand on est spectateur, on peut être optimiste ou pessimiste. (...) Nous ne pouvons pas nous permettre d'être optimiste ou pessimiste. Nous devons jouer, sinon nous allons perdre.

Pourquoi les TIC ?

Il faut être au même niveau d'information pour survivre. Les TIC dans l'entreprise permettent :

  • une plus grande transparence,
  • une réduction des coûts de marketing et de comptabilité,
  • des transactions facilitées,
  • une augmentation de la créativité.

Leur adoption est donc une solution. Il faut se tenir informé, lire le magazine Wired par exemple.

Le choix des gouvernements

Les États ont choisi différentes façons de sortir de la crise. Le Japon, malgré une population fortement vieillissante et une absence de natalité, refuse l'immigration ; il a opté, inconsciemment peut-être, vers la voie de la technologie, de la robotisation. Les USA reposent comme toujours sur l'immigration, et l'avancée des TIC. A l'opposé, l'Italie, le pays européen le plus démographiquement faible, refuse et l'immigration et la robotisation.
Les Américains ont lancé au début de cette année data.gov, qui à terme centralisera toutes les données recueillies par les administrations américaines. L'accès aux données brutes sera libre et gratuit. En France, dans le fameux plan de relance de 26 milliards, seule l'accélération de la mise en place du WIFI sur la ligne du TGV Est tombe dans la catégorie des TIC. La seule chose que nous permet l'administration française, c'est de payer l'impôt sur le revenu en ligne ; elle ne nous offre rien.

Un mot de la fin

Histoire de finir sur une note positive :
L'économie n'est pas à somme nulle. Les cathédrales sont toujours là, et les connaissances s'accumulent.


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