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Dieu existe peut-être, l’enfer sûrement pas !, par Jean Robin

Publié le 28 juillet 2009 par Roman Bernard
Je vous passe les théories plus ou moins farfelues qui ont voulu démontrer « scientifiquement » l’existence de Dieu. Descartes, Pascal, les plus brillants esprits se sont penchés sur la question, en vain. Le pari pascalien, sans doute la plus connue de toutes ces tentatives, part du principe que Dieu et l’enfer sont intimement liés… Mais ne nous explique pas ce qui fonde scientifiquement sa théorie. Le christianisme bien sûr, mais il n’a rien de scientifique. D’autres religions monothéistes, à commencer par le judaïsme, ne proposent pas d’ « outre-monde » aux croyants juifs, comme Jacques Attali l’avait un jour expliqué à cet ignare de Michel Onfray. Pas plus de paradis que d’enfer. Donc on peut croire en Dieu sans croire à l’enfer, ce qui invalide scientifiquement le pari de Pascal (1).
J’aime beaucoup la remarque de la jeune Simone Weil qui, à 20 ans à peine écrivait dans un de ses devoirs de philosophie (avec pour professeur Alain) que « Dieu existe, la preuve c’est que les gens y croient. » En effet, si l’on considère que la réalité d’une pensée est une preuve de son existence, alors la proposition de Simone Weil quant à l’existence de Dieu est scientifiquement valide. Et pour l’enfer ? Me direz-vous. Eh bien, la preuve n’est selon moi pas administrée puisque Dieu concerne ce monde alors que l’enfer concernerait un outre-monde… Dont on n’a pas de preuve.
Par ailleurs, il conviendrait d’ajouter le fait que plusieurs religions d’importance, à part le judaïsme donc, croient en l’existence d’un enfer pour les croyants qui auraient fauté (2) et pour les incroyants évidemment. Dès lors, une même personne devrait se trouver à la fois dans plusieurs enfers, puisqu’elle ne croit qu’en une religion au mieux, et en aucune au pire (ou au mieux, c’est selon). Si, en plus, la personne croit en une religion qui croit à un enfer et qu’elle a fauté aux yeux de sa religion, elle devra se retrouver et dans l’enfer de sa religion, et dans l’enfer des autres religions qui croient à l’enfer et auxquelles elle ne croit pas.
Plusieurs hypothèses s’offrent à nous une fois ces postulats posés. Une âme, ou ce qui reste de nous après notre mort, pourrait se trouver à plusieurs endroits au même moment, mais les religions qui croient à l’enfer croient aussi à l’unicité de l’âme.
L’autre possibilité serait qu’une âme pourrait être transportée sans cesse pendant toute l’éternité d’un enfer à un autre, ce qui ferait des enfers de véritables auberges espagnoles dans lesquelles on rentre et on sort à longueur de temps. Mais cela ne tient pas puisqu’un bon croyant d’une religion A qui croit à l’enfer se retrouverait forcément en enfer d’une religion B qui croit aussi à l’enfer mais selon laquelle ce bon croyant serait un mauvais croyant ! Or, toujours selon ce principe de l’unicité de l’âme, on ne pourrait être transporté de l’enfer d’une religion au paradis d’une autre pour revenir en enfer d’une troisième. D’autant que le nombre de religions qui croient à l’enfer et auxquelles le croyant ne croit pas est infiniment plus important que le nombre de religions à laquelle il croit, à savoir la sienne. En posant l’hypothèse que cinq religions croient à l’enfer, même un bon croyant de n’importe laquelle d’entre elles passerait les 4/5ème de son temps dans l’enfer des autres ! Avouez qu’il y a mieux pour croire en Dieu que de se faire promettre au mieux la semaine en enfer et le week-end au paradis, et au pire l’enfer sept jours sur sept ! Cela correspond trop à la réalité de notre monde pour être cru !
Une dernière hypothèse existe pour tenter expliquer ce véritable casse-tête religieux : les croyants croient tous dans le même Dieu, mais ils ne le savent pas. Y compris les athées qui croient qu’il n’y a pas de Dieu… Mais qui croient quand même. Dieu aurait revêtu des habits différents selon les coutumes, les langues et les pays où se trouvent les hommes, pour mieux s’adapter à leurs besoins et s’assurer qu’ils croient bien en lui. Le premier marketing de l’Histoire en quelque sorte. Comme dit le proverbe, si Dieu n’est pas cru, il est cuit. Mais l’habit ne faisant pas le moine, les hommes se seraient mis sur la gueule pour la religion pendant des siècles pour des clous. Les peuples qui veulent croire à l’enfer croient donc à l’enfer, ceux qui n’ont pas besoin d’y croire n’y croient pas.
Donc Dieu existerait bien, mais pas l’enfer : trop compliqué à gérer !
Quant à moi, je suis athée, Dieu merci !
Jean Robin
Criticus, le blog politique de Roman Bernard.
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(1) Qui consiste à croire qu’entre croire et ne pas croire mieux vaut croire car en croyant on ne perd rien mais en ne croyant pas on risque d’aller en enfer. Pascal est l’inventeur sans le savoir du principe de précaution.
(2) « Péché » ramènerait à un vocabulaire par trop chrétien.

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