Nous avons passé une nuit réparatrice à l’hôtel après notre longue marche de la veille. Notre hôtel est installé dans une ancienne siheyuan restaurée. Ce sont les maisons traditionnelles organisées autour d’une cour. Nous sommes en plein cœur historique, dans le dédale des hutongs, à deux pas de la Tour du Tambour. L’accueil est plutôt sympathique bien que la réceptionniste feigne de ne pas comprendre mon accent chinois.
Pour notre deuxième jour à Beijing, nous avons décidé d’aller visiter la grande muraille. Venir en Chine sans voir la grande muraille, c’est comme aller à Dieppe sans voir la mer. Après 1h30 de trajet, nous arrivons sur le site de Badaling. C’est le site le plus choyé par les opérateurs. Nous marchons parmi une marrée humaine, presque égaré dans un flot de bruits et de cris. “Celui qui gravit la grande Muraille acquiert la bravitude” dit un célèbre adage poitevin. Une fois arrivés au sommet, je pose mon regard désabusé sur les steppes où les cavaliers mongols chevauchaient autrefois en compagnie du vent. “Tu vois, dis-je à mon compagnon, cette muraille a été construite pour empêcher les Barbares de passer et nous sommes en train de l’escalader… Les ouvrages de l’homme ne sont que vanités face aux outrages du temps et que deviens alors le temps si ce n’est une consolation pour le fait que rien de ce qui est humain ne dure.” Là, Fabrice se tourna vers moi avec un regard grave et spirituel, puis il me dit : “Tiens, il est presque 11h00, je boirai bien du vin rouge.”
"Celui qui conquiert la Grande Muraille acquiert la Bravitude"