Depuis la publication de l’article de ATTAC sur mon blog, j’ai reçu pas mal de mails (ce qui arrive assez souvent en fait) de personnes désirant m’expliquer en quoi je n’étais pas un écologiste (une sorte d’excommunication) et en quoi je ne comprenais pas la stratégie de Cohn Bendit et d’Europe Ecologie face à Sarkozy (alors que je n’en parlais nullement sur ce blog).
Commençons déjà par répondre à ces deux points. La stratégie de Cohn Bendit, je la comprends bien, contrairement à ce que ces écrivains acerbes de mail à la limite de l’insulte pensent.
C’est la technique du consensus démocratique apaisé. Ce n’est pas plus, pas moins que ce qu’il prône depuis des années. Et rien de plus que la sociale démocratie appliquée à l’écologie. On peut dialoguer avec tout le monde (certes pourquoi pas) et proposer des choses qui entraînent l’autre vers nos positions (là c’est plus discutable). Seulement, je le redis ici, la démocratie ne souffre pas d’avoir un qualificatif. Elle n’est pas plus apaisée qu’autre chose. Par contre elle est souvent trahie. En cette période de politique Sarkoziste dure et fascisante, il est ubuesque de penser que nous sommes « apaisés » en quoique ce soit. Mais comme l'a dit Cohn Bendit il faut recentrer l'écologie politique sur la question écologique, en particulier sur l'urgence climatique (Discours de Saint Ouin). Donc... amputer l'écologie politique... La transformer en environnementalisme du type assiciatif.
La stratégie d’Europe Ecologie aussi est connue. C’est la raison qui m’avait fait retirer ma signature, une des raisons plutôt. C’est celle de tout accepter au nom de l’urgence. Ainsi, on accepte n’importe quelle avancée, d’où qu’elle vienne, et même si elle est accompagnée d’un rejet d’une part de social (cela colle avec le recentrage évoqué au dessus). Ce n’est pas la vision que j’ai des Verts, entendons nous bien, mais bien d’Europe Ecologie, surtout de sa part société civile, que j’expose là. Cela s’est déjà fait sentir lors du vote pour la présidence du parlement européen… Mais la justification qu’on m’a le plus fait (et écrite au moins quinze fois dans les mails reçus) c’est le « pragmatisme ». Il faudrait donc accepter CETTE vision de la taxe carbone, même si elle n’est pas socialement correcte. Et la justification est que « quand Europe Ecologie sera au pouvoir, on pourra l’améliorer ». Vaste vision optimiste de l’avenir… ou coup de poker énorme !
Mais au-delà de ça, ce n’est pas tant la taxe carbone, outil qui peut être vu comme un moyen de régulation, qui pose problème. Depuis tout temps les Verts et la plupart des écologistes portent l’idée d’une taxe qui permettrait de réguler l’utilisation des ressources. Personnellement, je ne suis pas certain de l’impact réel d’une telle taxe. Je lui préfère la norme établie par une contrainte de type amende lourde couplée à une politique de rationnement.
Ce qui pose réellement problème c’est cette vision de la taxe carbone. Dans un bel élan très droitier, le seul objectif de cette taxe est de redistribuer la valeur ajoutée fournie par les plus pauvres vers les riches. En créant une taxe carbone pour simplement combler le cadeau fait aux entreprises de supprimer la taxe professionnelle en partie, c’est bien un transfert auquel nous assistons.
De plus, en excluant l'électruicité (majoritairement nucléaire) c'est un cadeau à ce secteur : retour du chauffage électrique en vue au nom des économies pour les habitants...
L’objectif de la droite (car oui la pertinence d’analyse gauche droite est toujours d'actualité, même si certains cherchent à nous faire croire le contraire) est bien de dédouaner encore et toujours les plus riches pour faire peser au plus sur les plus pauvres. Une transformation de la société pour créer des castes.
Face à cela, quand une personne sensée être progressiste et antiproductiviste, se présente pour dire au président qui incarne une droite décomplexée et conquérante, que l’idée prônée là est « révolutionnaire » et qu’il ne faut « pas qu’il lâche », cela revient à dire que CETTE vision de la taxe carbone est la bonne ! C’est pourtant ce qu’a fait Cohn Bendit dans son envie affolante de donner vite un avis sur la taxe en question (qui est renommée de façon perfide taxe climat énergie, ce qui dédouane les industries lourdes de leurs dû…).
Car faire, comme il a pu le faire, des annonces sur ce qu’on attend de la taxe ne pose pas de problème, mais c’est la partie satisfecit à Sarkozy qui en pose. C’est cette image de « ni ni » écologiste qui revient en force, et qui pose de cruelles interrogations pour l'avenir. Donner l’impression que Europe Ecologie (via la voix de son plus emblématique élu) approuve la taxe telle que, proposée par un exécutif droitier et violent envers les plus pauvres, semble ne pas déranger plus que cela.
J’entends bien ceux qui me disent que non, dans l’article et dans les interviews, le propos était plus nuancé, les propositions faites. Mais au final, cela donne une désagréable impression. Celle de dire « ce n’est pas ce que nous voulons » mais faute de grives, mangeons des merles.
Cette technique, qui est un peu comme pour le Grenelle de l’environnement, sonne comme une sorte de méthode Coué pour se dire que cela avance. Elle n’apporte pas de lettre de noblesse à l’écologie politique. Elle en apporte par contre à la vision environnementaliste et capitaliste vert.
L’écologie politique porte dans son génome (pour faire une peu de science OGM) le lien indéboulonnable entre la transformation inévitable de la société pour la rendre viable et la justice sociale. Lorsque l’on déconnecte l’un de l’autre, comme c’est le cas avec la taxe présentée aujourd’hui, il ne peut que se produire un phénomène redouté par la plupart des penseurs de l’écologie politique : un rejet des citoyens selon le principe que l’écologie c’est plus de difficultés pour les pauvres.
En prônant une avancée à minima, entrainant de fait une paupérisation accrue des plus pauvre, via une taxe carbone dénaturée, la droite sait exactement où elle met les pieds. C’est bien vers une écologie punitive, permettant, comme dans le social, de montrer du doigt les plus pauvres et de trouver un ennemi, qu’elle va.
Le problème vient quand, face à cela, au nom d’une urgence réelle mais qui ne doit pas tout justifier, ceux qui devraient porter l’idée inverse se retrouvent à exiger que la taxe se fasse, coûte que coûte. Même au détriment d’un des piliers de l’écologie politique, en sombrant donc dans un capitalisme vert et un environnementalisme malsain.
C’est bien ce que soulève aujourd’hui cette taxe carbone, dénaturée sciemment et détournée de son but premier (qui est, rappelons le, la sortie du productivisme et la relocalisation de la société).
Nous ne devons pas, au nom d’une urgence certes palpable et réelle, abandonner nos idées, nos bases et surtout laisser à ceux qui nous sont le plus éloignés le soin de détruire ce que l’écologie politique à mis des années à construire : une idée juste et humaniste.
LES COMMENTAIRES (1)
posté le 18 août à 11:08
Et voilà ! en vue une taxe de plus.. commençons d'abord par harmoniser le monde, avant toutes choses!! Messieurs les politiciens! Polueurs payeurs, comme toujours! mais pourpuoi, vous adressez aux consommateurs ? les coupables sont forcément les manufacturiers. ah eux de payer cette taxe et non aux ménages.N'oublions pas que certains pays ont carte blanche.. je siterai la Chine, l'inde et les états unis ouvrez les yeux ! nous allons payer indumment ces taxes au profit de ces pays..