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Deux incidents similaires, aux USA et en France, viennent d’être rapportés intensivement dans les médias en rapport avec des réactions de policiers face à des citoyens.
Celui des USA a fait le tour du monde et a porté le président Obama a commettre une de ses premières erreurs de jugement puisqu’il a admis avoir parlé sans connaître tous les faits. En début de soirée, un professeur américain de Harvard, le renommé Henry Gates, tente, avec un ami, de débloquer sa porte d’entrée à coup d’épaule. Il a oublié sa clef. Une voisine aperçoit les ombres des deux individus qui forcent la porte et elle décide d’appeler la Police en décrivant la scène. Elle n’est pas raciste et ne qualifie pas les intrus de noirs. Mais la Police dans sa dépêche aux policiers circulant dans la région affirme sur les ondes que ce sont deux noirs.
Gates affirme au policier qu’il est chez lui et rouspète en disant des mots qui raisonnent à l’oreille du policier comme des insultes. L’officier invoque alors qu’il « trouble l’ordre public » et le met sous arrestation. Dès que la nouvelle est répandue par les médias, les leaders noirs américains sont choqués de ce qui arrive à Gates puisqu’il est un de leurs héros car il enseigne l’histoire des noirs américains et est un documentaliste reconnu à la chaîne de télévision publique PBS.
Quant à l’officier, James Crawley, il est reconnu comme étant non raciste et l’a prouvé au début de sa carrière en cherchant désespérément à sauver la vie du célèbre joueur de basket américain noir Reggie Lewis, par le bouche-à-bouche.
Heureusement, tout est bien qui finit bien. Les charges contre Gates sont retirées et le président Obama, qui avait lancé de l’huile sur le feu en déclarant que le geste de Crawley était « stupide », a dit regretter son affirmation et a invité Gates et Crawley à venir à la Maison Blanche prendre un verre de bière ensemble avec lui-même et le vice-président Biden.
Deux jours plus tard, le 18 juillet 2009, en Avignon, en plein festival au moment où la foule est d’une densité hors de l’ordinaire, l’un de ces extraordinaires mimes qui se transforment en statue et que l’on voit maintenant dans toutes les grandes capitales du monde, donne son spectacle. Il est tout de blanc vêtu et son interprétation est impeccable. Je l’ai vu quelques fois et j’ai remarqué combien la foule apprécie son talent. Ce jour-là, un père de famille, fort impressionné, remet quelques pièces de monnaie à son fils de 15 ans pour qu’il les dépose dans la boîte face à l’artiste.
Il y a là aussi, à quelques pas, un CRS (corps policier français formé aux techniques anti-émeute) qui s’est accoté, les bras croisés, sur le devant d’une voiture et qui fixe le mime. Certains ont même l’impression que ce policier est aussi un mime. Certains sont confus. Le père prend son appareil photo et le gamin qui veut plaisanter, dépose la pièce à côté de la boîte, devant le policier en lui disant « vous le faîtes drôlement bien ». Plusieurs personnes rient car ce n’est pas méchant. L’agent, se sentant outragé, s’offusque de ce geste et lui demande ses papiers. Le père réagit et affirme que la demande est injustifiée. D’autres témoins s’en mêlent, s’opposent à l’arrestation et le débat augmente d’intensité.
Le CRS appelle de l’aide. Son groupe y voit un refus de contrôle et un début d’émeute et interpelle quatre personnes : le fils, le père et deux passants qui sont menottés et placés dans le fourgon. La foule y voit une escalade démesurée par rapport à ce qui venait de se passer et plusieurs personnes vont témoigner au Commissariat où le père passera obligatoirement la nuit. Le tout ira en cour. Et dire que la France est reconnue comme étant le pays des droits de l’homme.
Quant au policier à la base de cette triste histoire, on croirait qu’il aurait été réprimandé, mais non. Les journaux ont rapportés que deux de ceux qui sont intervenus ont obtenu deux jours de congé pour des "blessures aux poignets, au dos et des contusions".
Quelques jours plus tard, je suis témoin d’une altercation entre un policier de notre village et deux personnes âgées. Le tout a commencé lorsque ce policier dirige le trafic à un détour mis en place pour éviter quelques travaux de voirie. J’entends un policier qui crie avec une attitude dingue pour faire avancer les automobilistes. Une automobiliste qui arrive d’une autre direction s’arrête alors que le policier lui fait signe. Elle est confuse. Il lui crie tout fort après avec des mots comme « Avance, la conne… ». Un couple de personnes âgées, situé près de lui, s’avance pour lui faire part de leur étonnement face au langage qu’il utilise et lui demande de changer de ton et d’être plus poli. Ils deviennent vite sa cible et il se met à les enguirlander, du fond de ses poumons. Il ne veut rien comprendre et l’engueulade dure de longues minutes. Je suis de l’autre côté du chemin, témoin de cette dispute, comprenant fort bien que mon intervention ne changera rien. Le couple jure que cela ne se terminera pas comme cela et veut faire une plainte officielle auprès des élus de la ville. À un des élus que je rencontre, je décris l’incident et m’offre comme témoin. Le couple a été entendu, mais le policier n’a reçu qu’une simple réprimande de ne pas recommencer, sans aucune punition.
Tout cela pour souligner que les policiers se doivent d’utiliser leur jugement avant de procéder à une arrestation ou remplir leur devoir de protéger le public. Le policier américain Crawley aurait pu faire la part de choses et croire M. Gates qui lui affirmait qu’il voulait simplement rentrer dans sa résidence. Et même si ce dernier refusait, par principe, de lui montrer ses papiers, le policier aurait pu s’informer et agir avec plus de sagesse. Quant au CRS en pleine foule estivale, il aurait pu aussi agir plus intelligemment et profiter de l’occasion qui lui était présentée de tourner cela à son avantage en acceptant avec un sourire le geste du jeune de 15 ans, car personne n’y voyait de geste moqueur envers lui.
Les corps policiers se doivent d’être respectés. Il en va de l’ordre et du bien être de tous les citoyens. Mais les membres des forces policières doivent aussi savoir comment agir avec doigté et respect des droits de chacun. Il me semble que cet aspect de bonnes relations du policier avec la population n’est pas assez développé. Souventes fois, j’ai remarqué des réactions aussi incompréhensibles que révoltantes de la part de policiers alors que tout aurait été plus facile pour eux s’ils avaient su comment s’y prendre et aurait même contribué à améliorer leur image auprès du public. Nous ne vivons pas dans un système policier. Aux USA, en France et au Canada, nous sommes en démocratie et il est impératif que les droits de chaque citoyen soient respectés en tout temps. Le citoyen n’est pas l’ennemi du policier et vice-versa.
Claude Dupras