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Le Kouchner fait dans le comique

Publié le 04 août 2009 par H16

Pour les plus endormis ou les plus en vacances, je dois le préciser : c'est le mois d'août. Oui, je sais, ça fait un petit choc, dit comme ça, mais la réalité ne souffre pas des contorsions : le mois de juillet s'est terminé et nous avons donc entamé ce deuxième mois en France où, d'habitude, les actualités tournent au ralenti et où le quotidien se passe entre le sable chaud et les parties de pétanque. Et pourtant, même en ce début de mois a priori calme, une nouvelle a retenu mon attention...

La nouvelle, c'est Kouchner qui parle au Figaro. Enfin, "qui parle", disons qui délire.

Tout commence avec la mort d'un nouveau soldat français en Afghanistan. De nos jours, en effet, un soldat ne peut mourir, en mission, sans déclencher immédiatement des questions sur les risques qu'on fait courir à nos pious-pious dans des pays reculés.

Je passerai sur le fait que, pragmatiquement, on se demande où la France trouve encore l'argent pour aller faire faire les guignols à des soldats sous-armés et sous-entraînés, avec du matériel de plus en plus risible, au milieu d'une population globalement hostile à leur présence pour un but diplomatique de plus en plus diaphane et à la symbolique floue.

Je passerai aussi sur le fait passablement pénible que la presse fasse ses choux-gras d'un événément tragique mais parfaitement logique dans le cadre d'opérations militaires. Rappelons que les soldats sur place n'y sont pas pour des cours de cuisine ou de plomberie, et qu'il y a, effectivement, un risque non négligeable de s'y faire dézinguer. C'est d'ailleurs pour cela qu'on y envoie l'armée et pas des cars de touristes en shorts à fleur.
Reste donc l'opportunité que représente un tel événement pour le Ministre des Affaires Etrangères d'ouvrir sa boîte à sucettes et d'en profiter pour dégoiser quelques amusantes calembredaines. Après les Yogourts, spécialité fromagère maltraitée impitoyablement par les Chinois, voici donc La Négociation Avec Les Talibans, nouvelle doctrine diplomatique de la France, résolument citoyenne et festive, et de plus en plus, je vous le dis.
Il faut donc, comme l'explique BK[1], "négocier avec les talibans. En tout cas, avec ceux qui sont prêts à déposer les armes et à dialoguer."
Ici, je pourrais conseiller à notre ami Bernard d'aller voir notre ami Michel, et à eux deux, ils tiennent un duo comique du plus bel effet, qui relèguera Laurel et Hardy au rang de tristes psychopompes. Car il en faut, une bonne dose d'humour, pour arriver à dire sans rire qu'il faut négocier avec des gens qui sont prêt à le faire. Il en faut aussi, de l'aplomb, pour dire que finalement, les talibans sont des interlocuteurs valables.
Et BK va plus loin : il nous offre même une véritable petite étude sur le taliban et ses différents parfums : en effet, il y a deux sortes de talibans. Pistache, et Fraise. Pistache, ils pourraient être intégrés dans un gouvernement légal. Fraise, les partisans du djihad global. Ceux-là se refusent à négocier. Les vilains. Notons que les pistaches-fraises, partisans du djihad global mais ouverts à la négociation, c'est bon, ça passe.
Et ça, voyez-vous, c'est la politique étrangère de la France : un bol de glace à la crême, avec deux parfums et un mélange. On laisse reposer un peu, ça fond mollement et dans un mois ou deux, on en reparle avec un petit biscuit. Délicieux.
Sérieusement, Bernard, c'est n'importe quoi.

Le Kouchner fait dans le comique

Décidément, la vie politique française regorge de comiques !
Tout d'abord, on ne négocie pas avec des terroristes. C'est plus qu'une question de principe, c'est simplement du bon sens. Mais surtout, si on doit négocier, on essaie de ne pas être en position de faiblesse, et d'avoir quelques billes à apporter.
Or là, non seulement l'épandage médiatique massif auquel on assiste suite à ce soldat mort montre que l'opinion publique n'est pas prête à encaisser le moindre dommage (ce qui veut concrètement dire que nous sommes en position de faiblesse ici), mais en plus n'avons nous rien du tout à proposer pour amener la population ou le(s) gouvernement(s) afghan(s) à aimer l'occident.
La France n'a pas les moyens d'avoir une quelconque politique étrangère en Afghanistan. Je vais même plus loin : les USA n'en ont plus les moyens, ils finissent par voir le bout de leurs engagements financiers et sentent bien que les masses colossales d'argent brûlées sur place ne se justifient pas au vu des résultats médiocres enregistrés. Si c'est vrai pour eux, c'est certainement vrai pour nous, nanopuissance nucléaire avec nos notre porte-avion à rame et nos Rafales que le monde nous laisse.
La France n'a pas non plus les moyens d'avoir un ministre des affaires étrangères qui fait dans l'à-peu-près vague. On a déjà un président pour ça.
A la lecture de l'interview, on en vient à la conclusion logique qu'on ne sait pas où passe l'argent distribué, qu'on ne sait pas qui décide de quoi, qu'on n'a, finalement, qu'un levier minimal sur le gouvernement en place et qu'il n'est d'ailleurs pas lui-même tout à fait crédible, que le pays n'est qu'un patchwork confus de tribus qui font à peu près ce qu'elles veulent et que toute solution pacifique devrait passer par une population qui regarde de toute façon l'intervention occidentale avec un lourd préjugé négatif.
Bref. C'est tout sauf un constat de réussite éclatante.
Comme actuellement, on a d'autres chats à fouetter, notamment localement, je ne vois pas trop pourquoi on s'embarrasse des interviews confuses d'un ministre en déshérence dans les couloirs du Quai d'Orsay à la vision diplomatique se résumant finalement à laisser tout le bazar aux Nations Unies, dont on connaît la redoutable efficacité pour cramer des fonds publics.
Finalement, le mois d'août est donc propice aux conneries estivales et billevesées diplomatiques. Entre un Rocard aux époustouflantes capacités scientifiques qui mélange tout et n'importe quoi pour justifier les débilités gouvernementales et Kouchner qui balance deux ou trois platitudes pour enrober l'absolue nullité de ses commentaires, on peut dire que, comme prévu, l'ouverture de la droite aux légumes de gauche n'aura rien amené de bon, si ce n'est la déconfiture du PS.
A plus long terme, on peut cependant parier aussi sur la déconfiture de l'UMP : on peine en effet à discerner le moindre cerveau bien fait, tant dans les originaux que dans les transfuges et réfugiés, dans les personnalités de ce parti qui est devenu une vaste tambouille électoraliste faisant dans l'a-peu-près vague et l'instantané foutraque, histoire d'occuper les médias.
Pendant ce temps, la France s'enfonce.

Notes

[1] Il lui faut un nom de scène, à ce clown. BK lui va très bien !


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