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Parlement européen : Strasbourg à Bruxelles

Publié le 04 août 2009 par Cajj

J'ai toujours trouvé qu'il y avait un paradoxe passionnant pour les Français de réclamer que Strasbourg reste capitale du Parlement européen.
Ce paradoxe est d'autant plus intéressant quand cette demande émane de pro-européens.

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Si on est pour l'Europe, on doit être favorable à ce qui lui permet de bien fonctionner. Tout le monde est d'accord pour dire que l'éloignement entre Strasbourg et Bruxelles, l'une siège du Parlement, l'autre siège de la Commission est matériellement coûteux et est source d'inefficacité.
Au moment de la construction européenne cette répartition était logique. Mais aujourd'hui une évolution doit être mise en oeuvre.
Avec ce déménagement, les Français intégreront totalement, enfin, que l'Europe, ce n'est pas un club au service de la France.
Il y a presque trente ans, Margaret Thatcher, Premier ministre britannique, voulait "my money back". Concrètement la somme des contributions anglaises devait être égales aux financements européens en faveur de l'Angleterre. Pour un pays et une majorité peu favorables à l'Europe, c'est une position politique cohérente. Dans la foulée, certains élus français prirent la même position, assez ridiculement mais tristement en phase avec l'électorat.
Non, être Européen, c'est accepter que notre pays finance les autres (à charge de revanche, bien sûr). Être européen, c'est accepter que le Parlement siège à Bruxelles. Être européen, c'est comprendre que si l'Europe est au service de la France, l'idéal de l'Europe, des pays et des peuples européens n'est pas celui de la France, n'est pas celui des Français.
Les tenants de l'Europe fédérale (Bayrou) surfe sur une illusion, celle que l'Europe sera le vassal de la France et que l'intégration totale à l'Europe servirait l'idéal français. A moins qu'on considère que la France ait eu tort de ne pas vouloir s'engager en Irak avec Bush et qu'on considère que si l'Europe fédérale existait, la position de la France aurait été justement bâillonnée. À moins qu'on considère que la diversité des cultures est un héritage hérétique du Moyen Âge et que seule l'européanisation permettra de mettre le peuple de France au diapason dans une culture unique. Et pourquoi pas une restauration de la monarchie et la fin de 1905 pour être au diapason ?
Être pour l'intégration européenne, c'est accepter des compromis, c'est accepter le recul des positions françaises (notre idéal de service public, notre conception de l'intégration, notre sécurité sociale,  ...). Être contre l'Europe, c'est vouloir que la France se meure avec ses idées.
Entre les deux, Sarkozy et avant lui Chirac ont tenté de trouver un juste équilibre qui préserve la construction européenne et le respect des identités nationales. Il manque un corpus idéologique à cette volonté pragmatique ; mais je veux croire que l'avenir regardera cette période de tâtonnement comme une période constructive.
Je ne suis pas pour le déménagement de Strasbourg à Bruxelles. Je dis que la cohérence impose que si on est pour l'Europe alors on est pour la fin de Strasbourg, le contraire étant inimaginable.
cajj

NB 5.08 : Manu, dans son commentaire, apporte une analyse et des arguments pertinents pour soutenir Strasbourg. Je vous invite à les lire. A la suite de ces arguments, je souhaite rebâtir ma propre conclusion.

Je ne suis pas pour le déménagement de Strasbourg à Bruxelles. Je suis pour que la majorité européenne puisse trancher la question sans veto de la France et en écoutant les propositions françaises.


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